La décision prise par l’Union européenne (UE) d’expulser plusieurs banques russes du dispositif SWIFT, un système de messagerie sécurisé utilisé par la plupart des institutions financières du monde, affecte l’économique des pays membres de l’UE, selon des médias français.
Cette décision vise à « entraver la capacité des banques russes à effectuer la plupart de leurs transactions financières dans le monde entier et à bloquer les exportations et les importations russes », a expliqué récemment la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
Quid des conséquences pour l’Europe, notamment sur les exportations de biens vers la Russie et les importations de gaz russe?
Les exportations de l’UE vers la Russie en 2021 sont estimées à 89 milliards d’euros, selon les chiffres de l’office européen de statistiques Eurostat. La Russie est également le premier exportateur de pétrole et le plus grand fournisseur de gaz naturel de l’UE. Selon des médias français, 40% du gaz consommé par l’UE provient de la Russie, loin devant la Norvège 22%, l’Algérie 18% et l’Azerbaïdjan 9%.
Ces chiffres sont une preuve qu’une exclusion de la Russie du réseau SWIFT et sa réaction éventuelle à cette nouvelle sanction (coupure du robinet du gaz) ne seront pas sans conséquence sur l’économie européenne, assurent analystes et spécialistes.
En termes d’exportation de biens, plusieurs entreprises européennes auront du mal à exporter en Russie. « Pour payer les entreprises russes, les Européens devront eux aussi avoir recours à des montages financiers », a indiqué sur France 24 Yamina Fourneyron, professeure de sciences économiques à l’Université de Lorraine.
La difficulté pèse notamment sur la France, premier employeur étranger en Russie, avec quelque 160.000 salariés et plus de 500 filiales d’entreprises implantées dans ce pays, selon le ministère de l’Economie. « Cette sanction placerait des intérêts français dans une position délicate. La France est le deuxième investisseur étranger en Russie (…) Les quatre grandes banques tricolores y sont présentes et la Société générale détient même Rosbank, l’une des principales banques privées russes », a écrit le journal Le Monde.
Dans une note co-rédigée sur le système SWIFT et publiée par le Figaro, Victor Woillet, analyste et éditorialiste, explique les répercussions à long terme de cette nouvelle sanction de l’UE. « Une véritable expulsion de la Russie de SWIFT pourrait, à terme, provoquer une dislocation de la zone euro. Il est donc très dangereux et aventuriste de se lancer dans un tel projet », a-t-il indiqué.
Les conséquences seront davantage ressenties par des pays comme l’Allemagne, très dépendante du gaz russe. Selon les statistiques du cabinet IHS Markit, le gaz russe représente 55% des importations allemandes, 30,6% pour la Norvège et 12,7% pour les Pays-Bas. A cela s’ajoute les importations de métaux venus de Russie comme le titane très prisé par certains industriels européens. Selon le journal économique et financier La Tribune, les géants de l’aéronautique comme Airbus, Safran, Boeing (…) sont dépendants du titane russe.
A ce titre, « l’industrie française est particulièrement exposée (…) Le géant russe est le premier fournisseur d’Airbus comme de Safran, avec des accords à long terme renouvelés ces dernières années », indique ce journal.
La conséquence pour l’UE et les Etats-Unis sera la perte d’un « accès privilégié éventuel à l’information économique », selon l’avocat Olivier Dorgans, spécialiste des sanctions économiques. « Il ne faut pas oublier que SWIFT permet à l’Occident, de manière officieuse du moins, de garder une forme de droit de regard sur les flux financiers mondiaux », a-t-il expliqué sur France Inter.
Certains Etats membres de l’UE se préparent à faire face à ces conséquences qu’entraîneront ces sanctions. Le président français Emmanuel Macron a annoncé la semaine dernière un « plan de résilience économique et social » pour répondre aux difficultés des entreprises françaises qui seront touchées par lesdites sanctions contre la Russie.
Source: French.xinhuanet.com