La pause opérationnelle de 24 heures ordonnée à l’armée russe par Poutine pour les négociations russo-ukrainiennes a également été utilisée pour créer les conditions du changement de tactique pour la poursuite de l’opération militaire en Ukraine. Je pense qu’à partir de maintenant, la Russie va utiliser massivement l’aviation, en déployant des centaines d’avions de reconnaissance sans pilote et de bombardiers lourds pour opérer sur ce front.
Jusqu’à présent, la Russie a très peu utilisé l’aviation militaire, bien qu’elle ait assuré sa suprématie aérienne dès le départ. Les hélicoptères Mi-8 ont été davantage utilisés pour le transport de troupes aéroportées, accompagnés d’hélicoptères d’attaque Mi-24 et Ka-52. Les Su-25 ont également été largement utilisés pour des missions de soutien rapproché des troupes ou les Su-34 pour le pilonnage des dépôts de munitions. En revanche, les missions visant à frapper les transports de troupes ukrainiens, les armes et les munitions sur les chemins de fer ou les colonnes militaires en marche étaient totalement absentes. L’état-major de l’armée ukrainienne a pu déplacer librement ses forces d’assaut dans tout le pays, en les concentrant là où elles étaient nécessaires.
La force aérienne de reconnaissance de l’armée russe a effectué peu de missions et son efficacité était faible. Ils n’ont pas identifié à temps tous les détails des défenses des Ukrainiens et n’ont pas trouvé les failles dans leurs défenses. Pour cette raison, l’armée de l’air russe n’a pas bombardé les éléments du dispositif ni les réserves, ni le 2e échelon sur aucune des directions de l’offensive.
Dans les quatre commandements de zone ukrainiens, mais surtout au Donbass, les postes de commandement des corps d’armée et des brigades ukrainiens sont protégés par des bunkers en béton. L’armée russe brouille toutes les fréquences radio, mais l’armée ukrainienne utilise des téléphones câblés, comme pendant la Seconde Guerre mondiale, pour transmettre des ordres ou recevoir des rapports de combat. Aucun de ces points de commandement n’a été désactivé par les frappes de l’armée russe. Ainsi, à ce jour, la structure de commandement de l’armée ukrainienne n’a pas été affectée. De ce fait, les troupes terrestres russes n’ont pas réussi à surprendre l’ennemi mais se sont souvent engouffrées dans les pièges ukrainiens.
Les sous-unités d’éclaireurs, sur des véhicules blindés légers Tigr ou BTR-82, à l’avant-garde des troupes terrestres, ont tenté de compenser le manque de renseignements et ont subi de lourdes pertes. Parce que les soldats ukrainiens qui les avaient suivis pas à pas ont délibérément quitté les avant-postes. Ils se sont repliés sur des positions, sur lesquelles des embuscades avaient été préparées à l’avance. Cette simple procédure de l’armée ukrainienne leur a permis d’exécuter de nombreuses contre-attaques, reprenant des positions perdues, surtout à Kharkov.
Tout sera désormais résolu par des bombardements massifs qui ont également un effet psychologique dévastateur sur le moral de l’armée ukrainienne. L’armée ukrainienne ne pourra rien faire et se rendra en 24-48 heures maximum.
En une seule mission, un seul bombardier Tu-95, Tu-22M ou Tu-160 peut lancer 30 à 50 bombes gravitationnelles FAB-500 ou 60 à 70 x FAB-250 ou des variantes guidées par radar, laser, électrono-optique et satellite GLONASS. Chaque avion peut transporter 8 à 16 bombes FAB-1500 (Pr-E). La bombe FAB-1500 Pr-E pèse 1500 kg et est conçue pour pénétrer les bunkers dont les murs en béton mesurent 2 à 3 mètres. Ces avions sont équipés d’un processeur de bombardement de haute précision SVP-24 qui effectue automatiquement tous les calculs balistiques afin que les bombes tombent exactement sur la cible.
Par Valentin Vasilescu: Expert militaire. Ancien commandant adjoint de l’aéroport militaire d’Otopeni en Roumanie.
Traduction Avic pour Réseau international