Deux sources judiciaires libanaises ont assuré samedi 5 février à Reuters que le Liban avait reçu une lettre des autorités françaises et luxembourgeoises leur demandant des informations sur les comptes et les avoirs du gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé.
Le mois de novembre dernier, un porte-parole de la justice luxembourgeoise avait déclaré à Reuters avoir ouvert une « affaire pénale » concernant Salamé, ses entreprises et ses actifs, refusant de fournir plus d’informations à l’époque.
Alors que la justice française avait ouvert depuis juin 2021 une enquête sur ses comptes pour « des allégations de blanchiment d’argent».
Selon Reuters, un porte-parole de la justice luxembourgeoise et le ministre libanais de la justice n’ont pas immédiatement répondu aux demandes de commentaires. Le samedi, l’ambassade de France au Liban a déclaré qu’elle ne pouvait pas commenter « les procédures judiciaires existantes ».
Lorsque Reuters a demandé à Salamé de commenter, il a déclaré que la demande de coopération était une « procédure normale » et non un « poursuite », ajoutant que « s’ils avaient intenté une action en justice, ils n’auraient pas besoin d’aide dans l’enquête ».
Il a démenti les informations selon lesquelles les autorités luxembourgeoises auraient porté des accusations contre lui et a déclaré que la Suisse et la France avaient précédemment demandé une coopération similaire au Liban.
Le chef de la BDL fait également l’objet d’une enquête pour blanchiment massif d’argent et possible détournement de plus de 300 millions de dollars.
L’enquête suisse se concentre sur les commissions versées à une société détenue par le frère de Riad Salamé, Raja, entre 2002 à 2015. Salamé a déclaré à l’époque que ce sont des « parties tiers » qui ont payé ces commissions, et non la banque centrale.
Au Liban aussi le directeur de la BDL se trouve sous le coup de la justice.
Dirigeant la Banque centrale du Liban depuis près de trois décennies, il est accusé d’avoir causé par ses politiques financières, l’effondrement monétaire du Liban qui depuis en 2019, a conduit à la dépréciation de la monnaie et plongé une grande partie de la population dans la pauvreté.
La procureure générale du Mont-Liban, la juge Ghada Aoun, a rendu une décision lui interdisant de disposer de ses véhicules et immobiliers situés dans les régions de Safra, Kfarzebian et Ashrafieh (un total de 7 propriétés), et ce sur la base de la plainte d’un groupe d’activistes baptisé « Le peuple veut réformer le système ». Elle lui avait aussi interdit de voyager et de quitter le territoire libanais et a récemment délivré une assignation à comparaître contre lui, après avoir été absent de la séance d’interrogatoire pour la troisième fois.
Le gouverneur reste protégé par une partie de la classe politique, de la justice et de l’establishment financier ainsi que par les Etats-Unis.
Source: Médias