Depuis peu, les relations de la République islamique d’Iran avec la Chine et la Russie sont entrées dans une nouvelle phase.
L’événement marquant est l’invitation du président russe Vladimir Poutine au président Ebrahim Raïssi pour visiter Moscou au début de la nouvelle année 2022, en vue de signer une prolongation d’un accord de coopération de 20 ans signé le 12 mars 2001 à Moscou.
Kazem Jalali, ambassadeur d’Iran à Moscou, a déclaré à propos de sa prolongation : « Cet accord a duré 20 ans et selon le mécanisme établi, si l’un des deux pays n’a pas émis de point de vue particulier un an avant son expiration, il est automatiquement prolongé de cinq ans. »
Selon Rouhollah Modabber, un expert de la Russie, lorsque Vladimir Poutine invite personnellement son homologue iranien et qu’une certaine rhétorique comprenant les mots « ami » et « partenaire » est utilisée pour désigner l’Iran, cela signifie que les relations dépassent le simple cadre normal et virent vers des relations plus stratégiques.
C’est au cours de la visite à Moscou en 2020 de l’ex-ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, que la question de réformer l’accord Iran-Russie a été soulevée.
« Vingt ans se sont écoulés depuis la signature du premier accord, et durant cette période, le monde entier a été témoin de nombreux développements radicaux et défis comme le terrorisme, le changement climatique, la pandémie du coronavirus. Or nous avons décidé d’établir un nouvel accord qui abordera de nouveaux problèmes », a déclaré le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.
L’accord entre l’Iran et la Russie de 2001 aborde des questions telles que l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, la construction de centrales nucléaires, l’industrie, la science, la technologie, l’agriculture et la santé publique.
« Les relations entre l’Iran et la Russie prendront de l’ampleur après la visite du président à Moscou. Il faudra s’attendre à une large campagne médiatique de l’Occident autour des relations irano-russes », a estimé M. Modaber.
Rappelons que la Russie avait soutenu la position de l’Iran après le retrait des États-Unis du PGAC en 2018.
Ce nouveau partenariat intervient après la conclusion d’un Pacte stratégique de 25 ans avec la Chine dans le cadre de la politique de regard vers l’Est et vers les pays voisins. La consolidation des liens avec les alliés chinois et russe survient donc dans un climat de défiance renforcée de la République islamique d’Iran vis-à-vis de l’Occident et en période de fortes tensions persistantes avec les États-Unis.
L’intérêt de la Chine pour l’engagement économique avec l’Iran, malgré la politique de pression maximale de Donald Trump, repose sur plusieurs éléments dont l’influence de l’Iran en Asie occidentale, l’approvisionnement énergétique et la position géopolitique de l’Iran.
Le 3 septembre 2019, The Economist a publié les détails du texte de l’accord, affirmant que les Chinois avaient investi environ 400 milliards de dollars (en yuan chinois et non en dollar) dans les secteurs économiques iraniens. Divisé par 25, ce chiffre équivaut à un investissement mensuel de 1,3 milliard de dollars. Ce montant d’investissement étranger est si important qu’il peut transformer l’économie iranienne.
Les accords stratégiques de l’Iran avec la Chine et la Russie, l’un après l’autre, visent diamétralement à réduire la dépendance économique et politique vis-à-vis de l’Occident.
La concession pour une période de 25 ans du port de Haïfa par le partenaire stratégique des États-Unis à la Chine en septembre dernier et la prolongation du Traité de 1971 entre l’Inde et la Russie sont d’autres exemples d’accords stratégiques qui ne sont pas du goût des Américains.
La puissance des États-Unis est en déclin, et dans un avenir proche, nous verrons le transfert du pouvoir de l’Ouest vers l’Est et le renversement de l’ordre américain.
De ce fait, le journal Asharq Al-Awsat note que l’alliance entre l’Iran, la Chine et la Russie est la plus grande menace de 2022.
La signature d’accord de longue durée est susceptible d’influencer le processus des pourparlers de Vienne : la partie occidentale voyant l’Iran qui évolue au niveau diplomatique aux côtés de grandes puissances, d’un autre œil.
Source: Avec PressTV