Face à l’installation de systèmes de frappe de l’Otan en Europe, le chef de la commission parlementaire russe pour la défense propose de déployer des missiles hypersoniques Zircon à bord de navires en Syrie.
Des navires russes équipés de missiles hypersoniques Zircon pourraient être déployés au port syrien de Tartous comme dispositif de dissuasion, a estimé ce mardi 28 décembre Andreï Kartapolov, chef de la commission de la Douma (chambre basse du parlement russe) pour la Défense.
« Nous avons une base en Méditerranée [à Tartous, ndlr] et celle de Hmeimim. La base de Tartous abrite des systèmes de missiles côtiers et pourrait héberger également des navires dotés de missiles hypersoniques Zircon qui couvriront l’ensemble de la mer Méditerranée », a indiqué M.Kartapolov lors d’une émission sur la chaîne YouTube Soloviev Live.
Un moyen de dissuasion
À son avis, « les mesures militaires ne signifient pas forcément une guerre », ce terme désigne aussi les efforts visant à « créer des menaces imminentes pour l’adversaire qui le feront renoncer à poursuivre ses actions ».
Ce sera alors la situation où « ils comprendront qu’ils sont exposés au risque de destruction de leurs systèmes de frappe déployés en Europe de l’Est, de leurs systèmes de commandement et groupes aéronavals. À quoi bon déclencher quelque chose, si tu es certain d’essuyer une défaite? Ils sont très sensibles aux défaites », a ajouté le député.
Présence militaire de l’Otan en Europe
Aux termes de l’Acte fondateur Russie-Otan signé à Paris en 1997, l’Alliance s’est engagée à « remplir sa mission de défense collective et ses autres missions en veillant à assurer l’interopérabilité, l’intégration et la capacité de renforcement nécessaires plutôt qu’en recourant à un stationnement permanent supplémentaire d’importantes forces de combat ».
Toutefois, l’Europe de l’Est accueille actuellement près de 13.000 soldats des pays non régionaux de l’Alliance qui sont armés de 200 chars, 400 blindés, 50 canons et plus d’une trentaine d’avions et hélicoptères. Le vice-ministre russe de la Défense Alexandre Fomine a cité ces chiffres lors d’une rencontre avec les attachés militaires de pays étrangers à Moscou.
En mai-juin, l’Otan a mené une série d’exercices Defender Europe 2021 qui ont nécessité le transfert de quelque 40.000 soldats des États-Unis et d’Europe occidentale vers les frontières orientales de l’Alliance.
Les dépenses militaires des membres de l’Alliance ont totalisé 1.174 milliards de dollars en 2021, soit 18 fois de plus que le budget militaire russe, a rappelé M.Fomine. Un rapport publié à l’été dernier par l’Otan évoque à peu près le même chiffre.
Le système de missiles Aegis déployé en 2016 en Roumanie a été modernisé en 2019, alors que des travaux de construction d’un site pareil touchent à leur fin en Pologne. Les systèmes Aegis Shore peuvent lancer tant des missiles antimissiles que des missiles de croisière comme les Tomahawk qui ont une portée de 2.400 kilomètres et peuvent atteindre des sites russes. Les États-Unis l’ont démontré en 2018, après leur retrait du Traité FNI, en tirant un Tomahawk au moyen d’un système Mk-41 basé au sol.
Moscou teste activement ses missiles Zircon
Ces dernières semaines, la Marine russe a effectué plusieurs tirs d’essai de missiles hypersoniques Zircon. Des missiles ont été lancés depuis la frégate Amiral Gorchkov, mais aussi depuis le sous-marin nucléaire Severodvinsk. Le tir d’essai le plus récent a eu lieu le 24 décembre. Ces missiles devraient arriver en dotation de la Marine dès le début de 2022.
Fin novembre, Vladimir Poutine a expliqué que Moscou était obligé de développer de telles armes pour contrer les agissements des pays occidentaux en la matière. Il a en outre souligné qu’en cas de déploiement en Ukraine de missiles capables d’atteindre Moscou en quelques minutes, la Russie serait contrainte d’y opposer une réponse.
La Défense russe souligne que le 3M22 Zircon est le premier missile hypersonique de croisière au monde capable d’effectuer un vol aérodynamique prolongé en manœuvrant dans l’atmosphère grâce à son propre moteur. Pouvant voler à une vitesse de plus de 10.000 km/h et à 20 kilomètres d’altitude, l’engin a une portée de 1.000 kilomètres.
Présence militaire russe en Syrie
La Russie utilise deux sites militaires sur le territoire syrien: la base aérienne de Hmeimim et les installations navales de Tartous, dans l’ouest du pays. Ses avions et hélicoptères soutiennent l’armée gouvernementale syrienne qui lutte contre les radicaux.
Selon les données du ministère russe de la Défense, la Syrie accueille des unités des forces d’opérations spéciales russes, du Centre russe pour la réconciliation des parties en conflit, de police militaire, de fusiliers marins et d’autres encore.
Le site de Tartous abrite une installation de ravitaillement et de réparation des navires en vertu d’un accord signé par la Syrie et l’URSS en 1971. Après la désintégration de l’Union soviétique, la base a été maintenue et, en 2015, a fait l’objet d’une rénovation. En 2017, la Russie et la Syrie ont signé pour 49 ans l’accord sur le point d’approvisionnement de la Marine russe dans la zone du port de Tartous.
Source: Sputnik