Le chef du parti des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, a été convoqué par la justice qui souhaite entendre son témoignage sur le massacre de Tayyouné le 14 octobre à Beyrouth, a indiqué une source judiciaire jeudi soir 21 octobre à l’AFP.
Le parti de M. Geagea est impliqué dans les tirs contre des manifestants partisans du Hezbollah et ceux du mouvement Amal, qui ont fait sept martyrs, dont une femme qui se trouvait au balcon de sa maison.
Lundi, le chef du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, avait accusé les Forces libanaises de vouloir entraîner le pays dans « une guerre civile » affirmant que les FL et leur chef constitue la plus grande menace pour les chrétiens du Liban.
Selon la source judiciaire, « le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, Fadi Akiki, a chargé les services de renseignement de l’armée de convoquer M. Geagea et de recueillir sa déposition, sur la base d’informations livrées par des membres des FL arrêtés » après le massacre.
La source judiciaire a précisé que 26 personnes avaient été arrêtées après cette embuscade au cœur de la capitale, pour la plupart des membres des FL. L’armée est responsable de l’enquête sur ce drame.
Interrogé sur sa chaîne locale MTV dans la soirée de jeudi, M. Geagea a indiqué ne pas être au courant de sa convocation.
« Je suis prêt à me présenter devant le juge, à une condition : que (Sayed) Hassan Nasrallah le fasse avant moi », a-t-il ajouté.
Pourquoi la convocation de Geagea ?
A la question de savoir pourquoi c’est uniquement Geagea qui a été convoqué et non pas le secrétaire général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, ou le président Nabih Berri, bien que des membres de leur parti ont participé aux affrontements qui ont eu lieu après l’embuscade ?
Des sources proches de l’enquête, citées par le quotidien libanais AlAkhbar, ont fait état d’aveux et d’informations claires affirmant que des groupes des FL ont été dépêchés, la veille de l’embuscade, vers les quartiers d’Ain al-Rummaneh et d’Achrafieh, limitrophes de celui de Tayyouné où 6 manifestants ont été tués ainsi qu’une femme qui se trouvait dans sa maison.
Pendant ce temps-là, les responsables du Hezbollah et du mouvement Amal coordonnaient avec l’armée et ses services de renseignement le détails de la manifestation, ont indiqué les sources d’al-Akhbar.
Les aveux des snipers arrêtés recoupaient également avec des informations contenues dans des rapports sécuritaires faisant état du transfert des groupes armés depuis Maarab, siège du chef des FL jusqu’à Beyrouth la nuit même .
Des témoins occulaires ont également déclaré avoir été surpris jeudi matin par de jeunes hommes des Forces libanaises portant des chemises noires à l’effigie d’une croix biseautée, et qui se sont déployés dans les rues internes d’Ain El-Remmaneh.
Rappelons que les partisans d’Amal et du Hezbollah avaient organisé ce jour-là une manifestation devant le palais de justice à Beyrouth pour protester contre la partialité du juge Tarek Bitar, chargé d’enquêter sur l’explosion au port de Beyrouth le 4 août 2020 et de réclamer sa révocation.
Des tirs survenus de snipers déployés sur les toits des maisons du quartier d’Aïn el-Remmaneh ont visé les manifestants dans leur tête et leur poitrine. Des affrontements ont alors éclaté en riposte à ce massacre.