De véritables changements tectoniques sont en train de se produire sous nos yeux. Aujourd’hui, je souhaite simplement en énumérer quelques-uns, sans toutefois m’attarder sur les analyses spécifiques, que je prévois de faire plus tard dans les semaines à venir. Mais le simple fait de regarder cette liste est suffisamment impressionnant, du moins pour moi.
Les Anglos font cercle avec leurs wagons
La vente prévue des sous-marins nucléaires (SMN) américains et britanniques à l’Australie n’est rien d’autre qu’un énorme changement dans la donne. Ce n’est également que la pointe d’un grand iceberg :
• Les États-Unis semblent avoir renoncé de facto à l’Union européenne, non seulement parce que le Royaume-Uni l’a quittée ou parce que l’UE s’effondre et est de toute façon ingérable, mais aussi parce que l’emprise politique des États-Unis sur le continent est en train de s’effriter : L’OTAN est un tigre de papier, les « nouveaux Européens » n’ont plus d’utilité et la Russie a réussi à entropiser la menace de l’Occident grâce à son effort titanesque pour développer des capacités qui rendent une attaque contre la Russie suicidaire pour n’importe quel pays, y compris les États-Unis, que des armes nucléaires soient impliquées ou non.
• En bousillant la France, les États-Unis se sont débarrassés d’un allié plutôt inutile, qui a eu une courte crise d’hystérie, mais qui est déjà en train de retourner à son habitude de ramper et de mendier (Au fait, ceux qui pensent que de Gaulle était le dernier patriote français capable de dire à l’oncle Shmuel d’aller se faire voir ont tort, Mitterrand était le dernier, mais c’est un sujet pour un autre jour).
• Bien sûr, en termes de politique et de relations publiques, les États-Unis continueront à se déclarer engagés envers l’OTAN et l’UE, mais le « langage corporel » (les actions) des États-Unis contredit directement ces dires.
• Malgré tous ses immenses progrès depuis les années 80 et 90, la Chine a toujours deux points faibles technologiques majeurs : les moteurs d’avion et les sous-marins nucléaires. Il se trouve que ce sont également deux véritables points forts des États-Unis. En déployant 8 SMN supplémentaires à proximité de la Chine, les États-Unis maximisent très intelligemment l’utilisation de leurs meilleurs atouts et font mal à la Chine là où cela fait le plus mal. Toutefois, cette décision s’accompagne de risques bien réels, que j’aborderai plus bas.
Les BRICS sont sur le point de devenir inutiles
Le Brésil est actuellement dirigé par les États-Unis et Israël. L’Afrique du Sud traverse une crise profonde. Quant à l’Inde, elle fait ce qu’elle fait depuis des décennies : essayer de jouer sur tous les tableaux tout en essayant d’affaiblir la Chine. Il semble donc bien que les BRICS soient en train de devenir les « RC », ce qui ne nous laisse « que » l’alliance « RC », qui a en fait un vrai nom : les Chinois l’appellent le « Partenariat stratégique global de coordination pour la nouvelle ère ».
Encore une fois, je ne pense pas que quiconque dissoudra formellement ce qui était une alliance plutôt informelle au départ, mais de facto, les BRICS semblent perdre une grande partie de leur ancien glamour et de leurs illusions. Quant à la Russie et à la Chine, elles ne vont pas « sauver » les anciens membres des BRICS par sentiment de sympathie, surtout pas contre leur propre volonté : laissez-les se sauver eux-mêmes, ou du moins essayer. Ensuite, on verra.
De plus, soyons honnêtes, les BRICS étaient un concept économique, une alliance de pays faibles contre les grandes puissances économiques et militaires du Nord et de l’Ouest.
Quant à l’alliance russo-chinoise (appelons-la ainsi, même si, formellement, ce n’est pas ce dont il s’agit), elle est, à elle seule, déjà plus puissante que les BRICS et même plus puissante que l’Occident uni (USA+OTAN+UE+etc.).
L’OCS est en train de changer (grâce à l’oncle Shmuel), rapidement
Si Biden était un « agent secret de Poutine » (« agent du KGB » est le terme préféré aux États-Unis, du moins par ceux qui ne semblent pas réaliser que le KGB a été dissous il y a trente ans), il n’aurait pas pu faire « mieux » que ce qu’il a fait en Afghanistan. Maintenant, grâce à ce coup de tête galactique, les petits pays de l’OCS (Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan, Ouzbékistan) commencent à s’inquiéter sérieusement de ce qui va se passer ensuite. Mieux encore, l’Iran (très puissant) deviendra officiellement membre de l’OCS ce mois-ci ! Encore une fois, ni la Russie ni la Chine n’ont « besoin » de l’OCS pour leur défense, mais cela leur facilite les choses. En parlant de l’Afghanistan, le Pakistan est déjà membre de l’OCS, tout comme l’Inde.
Il est important de noter que l’OCS ne deviendra pas une « OTAN asiatique » ou une « anti-OTAN » ou quoi que ce soit de similaire. Encore une fois, pourquoi la Russie, la Chine et d’autres pays voudraient-ils suivre un modèle qui a échoué ? Ils ont répété ad nauseam que leurs alliances sont des unions d’États (vraiment !) souverains et que cette union n’entravera en aucune façon cette souveraineté (d’ailleurs, ni la Russie ni la Chine n’ont besoin de limiter la souveraineté des autres membres de l’OCS pour commencer).
L’UE se suicide lentement sur le plan économique et politique
Au départ, la France a fait une grosse crise, mais elle ne fera probablement pas la seule chose qu’elle devrait faire après ce qui s’est passé : quitter l’OTAN et lui claquer la porte au nez, très bruyamment. De Gaulle ou Mitterrand l’auraient fait immédiatement, mais Macron ? Étant l’ultime faux mou qu’il est, il serait miraculeux qu’il fasse quelque chose de significatif (à part réprimer brutalement toutes les émeutes en France).
À l’heure où j’écris ces lignes, le résultat des élections en Allemagne est trop serré pour être connu, mais même si le Nord Stream 2 est autorisé à fonctionner, le niveau d’hystérie russophobe en Europe est si extrême que la chose suivante se produira presque certainement : l’UE continuera sa rhétorique jusqu’à ce que les prix augmentent encore plus, et se tournera alors vers le seul pays dont l’UE a désespérément besoin pour survivre : la Russie, tant détestée et crainte. Ne me citez pas, mais la semaine dernière, je me souviens des prix suivants pour 1000 mètres cubes de gaz en Europe (un peu moins de 1000 dollars), en Ukraine (1600 dollars) et au Belarus (120 dollars). J’ai peut-être mal mémorisé ces chiffres (j’étais en voyage), et cela a peut-être changé, mais l’essentiel est là : seule la Russie peut fournir à l’UE l’énergie dont elle a besoin, et elle a exactement ZERO raisons de faire des faveurs (autres que symboliques) à ces prostituées russophobes. Et même si ma mémoire m’a joué un tour, ce qui est certain c’est que les prix de l’énergie s’envolent, les réserves de l’UE sont très basses, et les températures en baisse. Bienvenue dans le monde réel
Je ne parlerai même pas du « multiculturalisme », de l’« inclusivité », de la « positivité » et d’autres bêtises Woke que la plupart des pays de l’UE ont accepté comme des dogmes (même la Suisse a cédé).
Les États-Unis sont comme un avion qui se brise en plein vol
Comme la plupart d’entre vous le savent, j’ai décidé de me tenir à l’écart de la politique intérieure américaine (pour de nombreuses raisons). Je me contenterai donc d’utiliser une métaphore : les États-Unis sont comme un avion qui, en raison de l’incompétence de ses pilotes et de luttes intestines, se désintègre en plein vol, ses passagers continuant à se demander qui devrait être le prochain pilote, car cela pourrait faire la différence. Certains passagers continueront à se disputer jusqu’à ce qu’ils touchent le sol. D’autres se livrent à des « bagarres en vol », croyant apparemment que s’ils parviennent à frapper l’autre, ils bloqueront la force de gravité.
La réalité est beaucoup plus simple : un système qui n’est pas viable ET qui ne peut pas se réformer (trop occupé à s’auto-adorer et à blâmer les autres pour tout) ne peut faire qu’une seule chose : s’effondrer et, probablement, se disloquer. Ce n’est qu’après cela que les États-Unis, ou quel que soit le nom de l’État ou des États qui succéderont, pourront se reconstruire en quelque chose de totalement différent des États-Unis, qui sont morts cette année en cédant à leur propre arrogance (comme tous les autres empires de l’histoire, d’ailleurs, le dernier en date étant l’empire soviétique).
Les élections russes
Les résultats sont annoncés et il s’agit d’un nouveau coup de massue galactique pour l’empire anglo-sioniste. Le principal parti du Kremlin a pris un coup, les communistes se sont très bien débrouillés, le LDPR de Jirinovski a perdu beaucoup et un nouveau parti (modérément pro-Kremlin) a fait son entrée pour la première fois. Si l’on considère les milliards de dollars dépensés par l’Occident pour tenter de créer une crise similaire à celle du Belarus en Russie (Navalnyi, Petrov, Boshirov & Co.), il s’agit d’un nouvel échec gigantesque pour l’Occident.
La hausse du KPRF montre que beaucoup de gens en ont assez de deux choses :
1) de ce qu’ils considèrent comme une politique étrangère russe tiède, voire carrément faible, à l’égard de l’Occident et
2) des politiques libérales (économiquement parlant) de Poutine et de son entourage. Absolument PERSONNE en Russie ne souhaite de « meilleures relations » ou une quelconque forme de « dialogue » avec l’Occident russophobe. Et dans la mesure où la Russie et les États-Unis sont simplement « obligés » de se parler (étant des superpuissances nucléaires), ils le feront, bien sûr. Mais l’UE en tant que telle ne présente aucun intérêt pour la Russie. Et si la Russie a besoin d’obtenir quelque chose (comme quoi d’ailleurs ?), elle s’adressera aux États-Unis, pas aux sous-fifres de l’UE. Malgré tous leurs problèmes, les États-Unis comptent toujours. Mais les clowns de l’UE ?
La « pandémie de COVID »
Wow, juste wow. Par où commencer ? Le discours de Biden sur ce sujet était une déclaration de guerre haineuse à tous ceux qui n’acceptent pas entièrement la ligne « officielle » de la Maison Blanche. Le fait que beaucoup (la plupart ?) de ceux qui n’acceptent pas la ligne officielle du parti acceptent une version encore plus stupide des événements ne justifie pas de les forcer à choisir entre leurs croyances et, disons, leur travail ou leur droit de se déplacer. Encore une fois, après avoir écouté Biden, je n’ai cessé de me demander s’il n’était pas un « agent de Poutine », car ses actions ne font qu’accélérer l’éclatement de « l’avion américain » que j’ai mentionné plus haut. Vous pouvez dire beaucoup de choses sur les dissidents Covid-19, mais vous ne pouvez pas leur refuser deux choses : 1) une croyance sincère en leurs idées et 2) une croyance tout aussi sincère que leurs libertés, valeurs et droits fondamentaux sont bafoués par des menteurs et des escrocs pathologiques (alias les politiciens + BigPharma).
Ils résisteront et, oui, violemment si nécessaire. Parce que pour eux, c’est une question de dignité humaine personnelle et même de survie!
Au moins, et jusqu’à présent, les États-Unis ont encore une Constitution puissante qui rendra très difficile pour les cinglés actuels de la Maison Blanche de faire ce qu’ils veulent apparemment faire (forcer 80 millions d’Américains à obéir « sinon… »). En outre, les tribunaux fédéraux ne peuvent pas être simplement ignorés. De même, les États américains ont encore beaucoup de pouvoir. Enfin, la plupart des Américains sont encore attachés aux idéaux de liberté, de petit gouvernement, de vie privée, etc. Mais les pays de l’UE ne disposent pas de telles protections contre les abus gouvernementaux : il est vrai qu’aux États-Unis, tous ces droits sont affaiblis de jour en jour, voire d’heure en heure, mais au moins, ils n’ont pas été « officiellement » abrogés (pas encore ?).
Si vous voulez voir à quel point les choses peuvent aller mal sans ces droits, il suffit de regarder le spectacle des pandémies au Canada, en Australie ou en Nouvelle-Zélande !
Enfin, et indépendamment de son origine réelle (je suis toujours indécis à ce sujet), la pandémie de Covid-19 a fait table rase du passé et a montré au monde entier le vrai visage de l’Occident et de ses dirigeants : des lâches faibles, ignorants, arrogants et hypocrites dont la seule véritable préoccupation est de couvrir leurs fesses et de « saisir tout ce qui peut être saisi » avant l’inévitable et finale explosion (nucléaire, économique ou sociale).
Revenons maintenant aux SMN australiens
La vente/location de ces SMN ne représente pas seulement un danger pour la Chine, mais aussi pour la Russie. Pour faire simple, la Russie ne peut pas et ne veut pas permettre aux anglophones d’étrangler la Chine comme ils l’ont fait avec le Japon avant la Seconde Guerre mondiale. La bonne nouvelle est la suivante : les derniers SMN/SMC russes sont au moins aussi performants que les derniers Seawolf/Virginia, voire meilleurs. Idem pour les capacités LASM. Ce qui manque à la Russie, c’est le nombre de sous-marins nécessaires (et les flottes anglo-saxonnes sont beaucoup plus importantes, ne serait-ce que celle de l’USN) et les fonds, deux éléments que la Chine possède (ou peut posséder). Du point de vue du Kremlin, les Anglos tentent de créer une « OTAN asiatique », ce que ni la Chine ni la Russie ne permettront. Les Chinois ont déjà informé les Australiens qu’ils sont désormais une cible légitime pour des frappes nucléaires (apparemment, l’Australie veut devenir la « Pologne du Pacifique »), tandis que les Russes n’ont fait que des commentaires généraux de désapprobation. Mais ne vous y trompez pas : l’État-Major russe et les Chinois (qui l’ont probablement vu venir depuis un certain temps) vont déployer conjointement les ressources nécessaires pour contrer cette dernière « idée brillante » des Anglos. En termes purement militaires, il existe de nombreuses options différentes pour faire face à cette menace. Celles que la Chine et la Russie choisiront apparaîtront assez rapidement, car il est de loin préférable de faire quelque chose pour empêcher cette livraison de se produire que de faire face à huit sous-marins d’attaque avancés.
À propos, les Russes sont également en train de semi-déployer/semi-tester un SSK avancé, la classe Lada, qui a à la fois des capacités très avancées et, apparemment, encore de nombreux problèmes. Les SSK ne sont pas capables de menacer les SMN dans les eaux libres (bleues), mais dans les eaux moins profondes (vertes/brunes) comme les détroits ou les littoraux, ils peuvent représenter une menace très réelle, ne serait-ce qu’en « libérant » les SMN pour aller chasser dans les eaux profondes (bleues). De même, la principale menace pour les sous-marins vient de l’air, et là encore, la Chine et la Russie disposent d’options très intéressantes.
Conclusion : des temps intéressants pour sûr…
Comme le dit la prédiction chinoise, nous vivons une époque très intéressante. L’effondrement rapide de l’Empire et des États-Unis est, bien sûr, intrinsèquement très dangereux pour notre planète. Mais c’est aussi une occasion en or pour les nations de la zone B d’expulser enfin les Anglos et de retrouver leur souveraineté. Il est vrai que les États-Unis ont encore beaucoup d’élan, tout comme un avion de ligne qui tombe, mais le fait que 1) ils se soient enfuis d’Afghanistan et 2) qu’ils forment le cercle avec leurs wagons anglophones montre que quelqu’un quelque part a « compris » et a même compris que malgré l’énorme humiliation politique que ces deux développements représentent pour les politiciens narcissiques et leurs partisans, c’était un prix qu’il fallait absolument payer pour (essayer) de survivre.
Dans mon article d’analyse « L’Afghanistan sera-t-il le « dernier éclat » de l’impérialisme américain ? » (il a déclenché encore plus d’hystérie et d’insultes que d’habitude, du moins dans la section des commentaires de la revue Unz), j’ai écrit ceci : « l’Empire britannique avait les moyens de sa politique étrangère. Les États-Unis ne l’ont pas ».
Cela est en train de changer.
Oui, ce que font les Anglos (alias 5 Eyes) est un repli tactique. Mais c’est une retraite « intelligente ». Ils suppriment tous les « poids impériaux inutiles » et optent pour l’option « plus petit mais plus fort ». Nous pouvons ne pas l’aimer, je ne l’aime certainement pas, mais je dois admettre que c’est plutôt intelligent et même probablement la seule option qui reste à l’Empire anglo-sioniste. Au minimum, il est maintenant clair que les Anglos n’ont pas d’alliés, et n’en ont jamais eu. Ce qu’ils avaient, c’était des coolies coloniaux qui s’imaginaient faire partie d’une « communauté de nations civilisées, démocratiques et éprises de paix ». Ces coolies sont maintenant laissés dans les limbes.
Alors, qui sera le prochain à montrer la porte à l’oncle Shmuel ? À mon avis, la République de Corée. Et, franchement, puisque la RPDC n’est pas un pays que l’Empire peut affronter, et puisque la Chine ne fera qu’accroître son influence (déjà majeure) sur la RPDC et la République de Corée, les États-Unis pourraient aussi bien faire leurs bagages et partir (peut-être pour l’Australie ou le Japon occupé ?).
Voilà, fin de ce tour d’horizon.
Par Andrei
Source : Le Saker francophone
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