L’Iran a significativement augmenté ces derniers mois la quantité d’uranium hautement enrichi produit, selon un rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) consulté mardi 7 septembre par l’AFP.
Selon des estimations de fin août, Téhéran a ainsi porté son stock d’uranium enrichi à 60%, soit bien au-delà de la limite autorisée de 3,67%, à 10 kg contre 2,4 kg en mai, tandis que celui à 20% est passé de 62,8 kg à 84,3 kg.
L’AIEA a également déclaré aux États membres dans son rapport trimestriel confidentiel que ses activités de vérification et de surveillance ont été « sérieusement compromises » depuis février par le refus de l’Iran de laisser les inspecteurs accéder aux équipements de surveillance de l’Agence.
« Depuis février 2021, les activités de vérification et de surveillance ont été sérieusement entravées du fait de la décision de l’Iran » de restreindre les inspections, écrit l’instance onusienne.
Le directeur général de l’agence, Rafael Grossi, s’est dit disposé à se rendre en Iran « pour rencontrer des membres de la nouvelle administration et aborder ces problèmes », précise le rapport.
Réponse de l’Iran
En réaction, le représentant permanent de l’Iran auprès de l’Agence internationale de l’énergie atomique a appelé cette agence à rester indépendante, impartiale et professionnelle, tout en soulignant qu’aucune partie ne pourrait arrêter les activités nucléaires de l’Iran.
« Puisqu’aucun des signataires de l’accord nucléaire n’a respecté leurs engagements concernant la levée des sanctions et que les États-Unis restent campés sur ses politiques d’imposition de sanctions illégales et unilatérales, personne n’a le droit de demander à l’Iran de cesser ses activités nucléaires dans le cadre de cet accord », a affirmé Kazem Gharibabadi.
M.Gharibabadi a ensuite critiqué le directeur général de l’AIEA pour avoir accusé l’Iran de mener des activités dépassant les limites du système de surveillance de l’Agence.
« Malgré les vastes inspections desquelles ont fait l’objet les installations nucléaires iraniennes et les résultats de ces inspections qui ont montré l’absence de toute dérive dans les activités nucléaires iraniennes, l’Agence cherche à faire des exagérations, sous pression de certains de ses membres, alors qu’elle doit agir indépendamment, impartialement et professionnellement et que ses membres devraient arrêter de l’instrumentaliser pour des buts politiques. »
M.Gharibabadi a souligné que « ce qui constitue une sérieuse préoccupation sont les armes nucléaires dont dispose le régime sioniste, les sabotages de nature terroriste dans les installations nucléaires iraniennes et l’assassinat des savants atomiques de l’Iran ».
« Mais ce sont les questions que l’Agence n’a jamais osé traiter jusqu’ici », a-t-il martelé.
Le représentant permanent iranien a ensuite indiqué que la coopération et l’interaction constructive et transparente de l’Iran avec l’Agence devraient être appréciées et louées au lieu d’être exploitées pour en faire des prétextes infondés.
Rappelons que la République islamique s’est affranchie progressivement depuis 2019 de ses obligations nucléaires, en riposte au rétablissement des sanctions américaines par Donald Trump.
Le président Joe Biden, qui lui a succédé en janvier à la Maison-Blanche, dit vouloir réintégrer les Etats-Unis à ce pacte, destiné à empêcher la République islamique de se doter de la bombe atomique. Mais, Téhéran réclame tout d’abord la levée des sanctions US.
Les pourparlers commencés en avril à Vienne sous l’égide de l’Union européenne pour tenter de permettre ce retour, en échange d’un allégement des mesures punitives américaines, ont été ajournés le 20 juin, deux jours après la victoire du président iranien Ebrahim Raïssi. Aucune date de reprise n’a encore été annoncée.