Autant ‘Israël’ se réjouit de l’effondrement du Liban, espérant qu’il puisse affaiblir le Hezbollah, il craint par-dessus tout qu’il ne finisse par lui profiter, s’il prend les choses en main.
Dans le discours israélien, délectation et inquiétude se mélangent chez leurs dirigeants. D’après leurs estimations, la situation est telle au pays du cèdre que tout peut basculer à l’avantage de la résistance qui possède des atouts de forces qu’elle n’a pas encore mise en oeuvre.
Signe de son importance, cette situation a été au menu du cabinet ministériel israélien lors de sa réunion hebdomadaire, le dimanche 11 juillet.
Le Premier ministre Neftali Bennett y a déclaré qu’Israël suit de près la situation au Liban : « Le Liban est sur le bord de l’effondrement à l’instar de tous les pays contrôlés par l’Iran », s’est-il targué. Mais il a aussi indiqué que l’establishment politique et sécuritaire y est en état d’alerte.
Alors que certains dirigeants israéliens évoquent percevoir l’opportunité de réaliser ce que les guerres ont été incapables de faire contre le parti de la résistance libanaise, d’autres mettent en garde que ce dernier pourrait très bien en tirer profit, surtout en cas de vide sécuritaire et politique qu’il viendrait à remplir.
Raison pour laquelle il mise plus que jamais sur l’armée libanaise et sur une implication plus accrue des Occidentaux.
Selon le chroniqueur pour les questions israéliennes du quotidien libanais al-Akhbar, Ali Haydar, le discours israélien sur la nécessité de soutenir l’armée libanaise est totalement à l’opposé de ses discours précédents, remarquant qu’il intervient après l’échec des tentatives d’affaiblir la résistance en incitant son environnement contre elle.
Même avis du rédacteur en chef d’al-Akhbar, Ibrahim al-Amine sur le fait que « l’entité sioniste considère que l’effondrement de l’armée ou des forces de sécurité libanaises provoquera un vide qui sera vite rempli par le Hezbollah lequel serait bien plus à l’aise dans ce cas-là »,
« Israël, qui a toujours refusé d’armer l’armée libanaise afin qu’elle n’entrave pas ses violations aériennes et maritimes voire même terrestres, voudrait aujourd’hui que le monde intervienne pour empêcher son effondrement, mais à condition de lier l’aide qui lui sera procurée à un mécanisme qui permet à l’Occident de superviser son action », explique-t-il dans un article intitulé « Pourquoi ‘Israël’ craint-il une nouvelle guerre avec le Liban ? ».
Les observateurs libanais ont constaté ces derniers temps que les Occidentaux, par le biais des deux ambassadrices américaine et française ont orienté leurs efforts vers les pays du Golfe, supposés assurer ce soutien conditionné. Un soutien qui devrait pallier à la dévaluation de la livre libanaise par rapport au dollar, et qui a provoqué une sévère inflation et une chute du pouvoir d’achat chez les éléments des forces armées libanaises comme chez tous les Libanais.
En outre, le patron d’al-Akhbar estime qu’Israël qui voudrait ausi renforcer les pressions économiques sur les Libanais pour les pousser à s’insurger contre le Hezbollah, s’inquiète en même temps que celui-ci ne bénéficie de son emprise sur le terrain, et de ses relations et ses potentialités pour fournir ce qui pourrait neutraliser les effets de l’embargo.
« C’est pour cela qu’Israël soutient une implication plus accrue des Occidentaux », déduit-il. Al-Amine rend compte de consultations permanentes qui se font entre Israéliens, Américains, Européens et Etats arabes, « qui se préoccupent beaucoup moins d’empêcher l’effondrement du Liban, que de l’empêcher de tomber entre les mains du Hezbollah ».
« Israël fait part de ses réserves lorsque tout règlement politique nécessite une couverture du Hezbollah ou son consentement », constate-t-il. De ce fait, juge-t-il, il pousse les forces étrangères à écarter le Hezbollah du prochain gouvernement.
D’après lui, la part israélienne dans les revendications formulées par les Occidentaux s’axe sur l’idée que l’Etat libanais devrait prendre en main l’armement de la résistance, puis lui imposer les mécanismes d’une collaboration sécuritaire avec le Liban. Le but étant de sécuriser la frontière avec Israël et empêcher toute aide même politique aux forces de la résistance en Palestine.
Rapportant que certains dirigeants israéliens évoquent la possibilité de profiter du chaos au Liban pour perpétrer des attentats sécuritaires et militaires contre le Hezbollah, au motif qu’il continue le développement de son programme de missiles de précision et de se procurer des systèmes de défense aérienne qui menacent la liberté d’action des avions israéliens dans l’espace aérien libanais, al-Amine s’arrête sur les propos d’une source sécuritaire israélienne qui a dit dimanche que « la situation explosive au Liban rapproche Israël de la confrontation … et que la troisième guerre du Liban n’est qu’une question de temps ».
«Pourquoi l’ennemi envisage-t-il que les choses pourraient évoluer jusqu’à l’éclatement d’une guerre ? Serait-elle à l’instar des guerres précédentes ? Aurait-il de nouveaux plans sur des ripostes dures contre la résistance qui pourraient aire glisser les choses vers la confrontation ? Ou alors a-t-il peur que le Hezbollah ne prenne l’initiative de déclencher une guerre ? », s’interroge-t-il.
Il en conclut en rappelant que « la dernière guerre de Gaza nous a appris que le temps de prendre l’initiative de la guerre est venu ». Une idée qui pourrait aussi caresser la résistance libanaise!