Les raisons des différends entre la Turquie et d’autres membres de l’Otan sont bien connues. La plus résonnante étant la décision d’Ankara d’acheter des systèmes antiaériens russes S-400. Après quoi le pays a été exclu du programme des chasseurs F-35. Cependant, c’est loin d’être la seule raison.
La tension entre la Turquie, les Etats-Unis et l’Otan reste élevée depuis le début de la lutte contre le groupe terroriste Daech.
La décision du président turc Recep Tayyip Erdogan de persécuter des groupes armés kurdes en dehors de la Turquie a compliqué davantage la situation car les combattants kurdes étaient un allié important de l’Otan dans leur guerre contre les islamistes belliqueux et le président syrien Bachar al-Assad.
Et c’est loin d’être la liste exhaustive des fautes d’Ankara, écrit l’expert Daniel Deme.
Les provocations contre la Grèce et la Bulgarie, la guerre hybride contre l’Arménie, la rhétorique hostile envers Israël – les Etats-Unis ne sont pas le seul pays à douter de la nécessité d’un allié tel qu’Ankara.
Sans oublier que la condition principale pour faire partie de l’Otan est l’attachement aux valeurs démocratiques dans les affaires intérieures, et en la matière Ankara a excellé dans le sens inverse.
« Les représailles contre l’opposition intérieure, les étudiants, les fonctionnaires récalcitrants, la presse et l’emprisonnement de milliers de politiques d’opposition ont conduit la Turquie à la périphérie du noyau politique de l’Otan. Ankara se trouve à un pas de se retrouver formellement écarté de l’Alliance, ce qui pourrait accélérer la procédure de retrait de l’Otan », écrit l’auteur.
Néanmoins, tout n’est pas perdu pour la Turquie. L’analyste suppose que le pays, bien qu’il fasse défaut à ses alliés, ne sera pas exclu de l’Otan pour deux raisons.
Premièrement, c’est l’immense budget militaire de la Turquie et les forces armées puissantes. Cela aurait suffi, mais il existe une autre raison.
« L’alternative de Biden dans la région si les relations avec la Turquie atteignaient un point critique serait une coopération étroite de l’Occident avec la Jordanie, un allié qui entretient des relations solides non seulement avec les Etats-Unis, mais également avec d’autres partenaires de l’Otan. L’armée de l’air allemande a déjà déplacé ses bases de Turquie en Jordanie, et les Etats-Unis pourraient prochainement suivre son exemple. A l’heure actuelle, la seule raison qui retient les membres de l’Otan d’une escalade définitive est la crainte qu’en cas d’exclusion la Turquie s’allierait plus étroitement avec l’Iran et la Russie », a déclaré l’analyste.
Et d’ajouter que le dernier avertissement a été exprimé à Ankara pendant le récent sommet: si Recep Erdogan allait de nouveau contre les intérêts de l’Alliance, la séparation entre la Turquie et ses alliés occidentaux deviendrait inévitable malgré toutes ces raisons.
Source : Observateur continental