Dans la nuit du 21 au 22 avril, Tsahal a bombardé la Syrie, en réponse à un tir de missiles syrien non loin de la centrale nucléaire de Dimona au sud d' »Israël ». Cet accrochage frontalier prouverait la vulnérabilité de l’entité sioniste, malgré sa supériorité militaire, estime Bassam Tahhan, géopolitologue.
Cette spirale de violences intervient dans un contexte particulier. Depuis le sabotage du complexe nucléaire de Natanz le 11 avril en Iran, attribué à » Israël », Téhéran a promis « une vengeance ». Les iraniens avaient même évoqué samedi dernier l’intention de cibler en représailles l’usine de Dimona. De fait, dans un conflit de basse intensité, les deux ennemis se rendent coup pour coup. Commentant l’explosion du projectile en territoire israélien, les médias iraniens ont précisé: « Le missile aurait pu continuer sa route vers le réacteur israélien de Dimona, mais il n’était pas nécessaire de créer une catastrophe. »
Pour Bassam Tahhan, géopolitologue syrien et spécialiste du Moyen-Orient, cette attaque sur le sol israélien est « un message très clair »:
« Les Israéliens tentent d’occulter ce qu’il s’est réellement passé. Ils habillent les événements pour faire passer cette attaque pour une erreur de leur part. Mais, en réalité, c’est une attaque ciblée, un avertissement », estime-t-il au micro de Sputnik
Et pour cause: « Ce n’est pas un missile de défense sol-air [de type SA-5, ndlr.] comme l’indiquent les principaux médias, il s’agit d’un missile Fateh 110 de fabrication iranienne. »
Donc notre interlocuteur juge que la Syrie avait réellement l’intention de viser l’intérieur du territoire israélien.
« Ce missile prouve qu’Israël reste vulnérable »
Impliqué dans la guerre en Syrie depuis 2011, l’Iran a apporté son soutien à la Syrie. Les forces iraniennes ont permis à Damas de reprendre plusieurs villes clés comme Alep, ainsi que la région frontalière avec le Liban ou encore la périphérie de Damas.
« L’Iran veut également mettre en place son corridor terrestre de Téhéran à Damas », explique le géopolitologue. Or les autorités israéliennes perçoivent l’implication iranienne dans la région comme une menace vitale. En mars dernier, en raison des tensions avec Téhéran dans le détroit d’Ormuz, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, avait déclaré qu’ »Israël frapperait l’Iran partout dans la région ».
« Avec cette attaque sur le sol israélien, l’Iran et ses alliés syriens prouvent qu’ils peuvent répondre à n’importe quel moment. Il y a un rééquilibrage de la dissuasion militaire dans la région. Ce missile prouve qu’Israël reste vulnérable », résume notre interlocuteur, avant d’ajouter: « Le mythe de l’invulnérabilité d’Israël a été ébranlé. »
Selon Bassam Tahhan: « Un seul missile remet en question la supériorité militaire israélienne. »
Le dernier tir incite toutefois Bassam Tahhan à penser que « les Iraniens et les Syriens ont su déceler des failles dans le système de défense anti-missile israélien le fameux dôme de fer. Le spécialiste du Proche-Orient estime: « Téhéran et Damas ont prouvé qu’ils pouvaient inquiéter Israël sur son propre territoire. »
« La supériorité Israël est pourtant évidente. Israël dispose de l’arme nucléaire et jouit du soutien américain. Pourquoi Tel-Aviv bombarde toutes les semaines la Syrie s’il ne se sent pas menacé? Israël use de la force, car il a peur », assène Bassam Tahhan.
Pour autant, Bassam Tahhan ne s’attend pas à voir le conflit dégénérer:
« Aucun des deux camps ne souhaite une guerre frontale. Et la Russie vieille à ce que l’équilibre des puissances soit préservé dans la région. Moscou calme les ardeurs des deux ennemis », conclut-il.
Source: Avec Sputnik