Tant attendu, un rapport de l’OMS sur les origines de la pandémie de Covid-19, apparu à Wuhan en décembre 2019, a été rendu public ce 30 mars. Bien que parmi les quatre hypothèses potentielles, celle concernant une fuite d’un laboratoire soit considérée comme «extrêmement improbable», le directeur général de l’Organisation Tedros Adhanom Ghebreyesus estime que des recherches supplémentaires seront nécessaires pour que des «conclusions plus robustes» soient faites sur ce plan.
Selon lui, la recherche effectuée par l’équipe de l’organisation dans plusieurs laboratoires de Wuhan n’est pas «suffisamment étendue».
«Bien que l’équipe ait conclu qu’une fuite de laboratoire soit l’hypothèse la moins probable, cela nécessite une enquête plus approfondie, éventuellement avec des missions supplémentaires impliquant des experts spécialisés, que je suis prêt à déployer», conclut le patron de l’OMS dont les propos sont repris dans un communiqué.
Il est à noter que, pour l’enquête de l’OMS, la «fuite» d’un laboratoire n’est uniquement considérée comme une «contamination accidentelle» de son personnel, les versions selon lesquelles le virus soit a été libéré délibérément par le laboratoire, soit a été créé délibérément pour ensuite être libéré, n’ont pas été considérées. Cette dernière a notamment été exclue par d’autres scientifiques qui avaient analysé le génome du virus, est-il expliqué.
Des scénarios analysés
Le document officiel fait état de quatre scénarios de l’émergence potentielle du SARS-CoV-2, confirmant plus ou moins les grandes lignes du texte présentées le 29 mars par Associated Press.
Plus concrètement, la transmission zoonotique directe- d’un animal à l’homme- est jugée «de possible à probable», celle via un autre animal – «probable à très probable».
La transmission du virus à l’homme via un emballage des produits alimentaires d’une «chaîne du froid» est, elle, jugée «possible».
Pour chacune de ces hypothèses, l’équipe a mené une évaluation qualitative du risque en tenant compte des preuves et des découvertes scientifiques disponibles, précise le document.
Version d’une fuite: contre-arguments
Les experts de l’OMS indiquent qu’au cours d’un travail avec des «cultures virales», des «inoculations animales» ou des «échantillons cliniques», les humains peuvent être infectés dans des laboratoires avec une biosécurité limitée et une pratique de gestion médiocre. De tels incidents peuvent également avoir lieu suite à une négligence.
Pourtant, les trois laboratoires à Wuhan liés aux recherches concernant les tests ou la vaccination contre le Covid-19, que l’équipe a visités, ont été «bien gérés» et ont montré un niveau de sécurité élevé.
Qui plus est, avant décembre 2019, quand le SARS-CoV-2 s’est fait connaître pour la première fois, il n’y avait pas d’enregistrement de virus étroitement liés au coronavirus dans «aucun laboratoire».
Le scepticisme américain
La version d’une fuite à Wuhan, ville chinoise qui abrite un important Institut de virologie et le premier laboratoire chinois classé P4 (pathogène de classe 4), est apparue en avril 2020.
C’est surtout les médias américains qui ont pointé l’institut en tant que source potentielle du Covid-19. Pékin a à l’époque réfuté l’hypothèse, se référant à l’OMS pour qui le virus en question était d’origine animale. L’ex-Président des États-Unis Donald Trump est même allé jusqu’à qualifier le virus de «chinois», faisant allusion à son origine.
Les États-Unis continuent à faire preuve de scepticisme reprochant à l’empire du Milieu un manque de transparence sur les questions liées à l’émergence de la pandémie qui a emporté à ce jour plus de 2,7 millions de vies.
Cette attitude est notamment reflétée par la réaction officielle de Washington à la publication du rapport de l’OMS.
Ainsi, s’exprimant lors d’un point de presse ce 30 mars, dans le sillage de la publication du rapport de l’OMS, la porte-parole de la Maison-Blanche Jen Psaki a exigé «une meilleure information».
«Le rapport manque de données cruciales et information et accès», a-t-elle estimé en soulignant que le document représente «un tableau incomplet».
Plus tôt, c’est le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, qui, dans une interview à CNN, s’est montré dubitatif quant à la méthodologie de l’enquête, co-écrite avec le gouvernement chinois.
Source: Avec Sputnik