L’Iran attend des actes et pas uniquement des paroles, de la part des puissances occidentales pour relancer l’accord de 2015 sur son programme nucléaire, a déclaré mercredi le guide suprême Ali Khamenei, défiant une nouvelle fois le président américain, Joe Biden, de faire le premier pas.
« Dans le cadre de l’accord sur le nucléaire, nous en avons trop parlé et expliqué à chaque occasion les positions iraniennes », a déclaré, mercredi 17 février, l’Ayatollah Sayed Ali Khamenei, cité par Press, site iranien francophone.
Et d’ajouter : « Aujourd’hui, je veux en dire un seul mot : Nous avons entendu beaucoup de belles paroles, des promesses ont été faites, mais n’ont pas été tenues ou elles ont été violées. Les paroles et les promesses ne servent à rien ».
« Ce que l’Iran exige cette fois, c’est de l’action et seulement et uniquement de l’action. Si on voit de l’action dans le camp d’en face, alors on réagira par conséquence. La promesse et les paroles ne suffisent plus à convaincre l’Iran», a souligné le numéro un iranien.
Téhéran a donné jusqu’à la semaine prochaine à la nouvelle administration américaine pour commencer à revenir sur les sanctions imposées par celles de Donald Trump et menace, en l’absence de progrès, de mettre fin aux inspections surprises de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
Joe Biden s’est dit favorable à un retour des Etats-Unis dans l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien si Téhéran respecte ses propres engagements.
Son prédécesseur Donald Trump a retiré les Etats-Unis de cet accord en 2018 et a réimposé des sanctions américaines dans le cadre d’une stratégie de « pression maximale » contre l’Iran. Il voulait obliger la République islamique à revenir à la table de négociations pour la pousser à inclure le programme balistique iranien dans le cadre de l’accord nucléaire. Ce que Téhéran refuse toujours estimant que ce programme est une garantie de sa défense. A la suite de ce retrait américain, la RII s’est elle aussi progressivement affranchie des obligations qui lui imposait cet accord.
Mais Washington et Téhéran estiment chacun que c’est à l’autre de franchir le premier pas: la République islamique exige la levée des sanctions prises depuis 2018 et les Etats-Unis réclament le respect des dispositions de l’accord.
En jetant la balle dans le camp iranien alors que c’est l’administration de Trump qui a ouvert les hostilités en se retirant unilatéralement de l’accord, la position de l’actuelle administration américaine s’inscrit dans la continuité de la précédente, estiment des observateurs.
Les chefs de la diplomatie des pays européens parties prenantes de l’accord de 2015 (France, Allemagne et Royaume-Uni) débattront du dossier jeudi à Paris et seront rejoints en visioconférence par le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a annoncé le ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères, rapporte Reuters.
De son côté, le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, est attendu à Téhéran samedi pour discuter des inspections avec les autorités iraniennes.
Ces dernières l’ont informée de leur volonté d’installer encore davantage de centrifugeuses IR-2m, des dispositifs disposant de capacité d’enrichissement d’uranium quasiment quatre fois supérieure à celles initialement installées sur le site de Natanz.