Une salve de roquettes a frappé, au soir du lundi 15 février, une base aérienne américaine dans le Kurdistan irakien, tuant un employé étranger et en blessant cinq autres ainsi qu’un soldat américain, a annoncé la coalition menée par les Etats-Unis.
Au moins trois roquettes ont été tirées vers Erbil, la capitale de cette région autonome du nord de l’Irak; l’une d’entre elles a frappé une base aérienne dans laquelle des troupes américaines sont stationnées, selon cette source.
C’est la première fois depuis près de deux mois que de tels tirs prennent pour cible des installations militaires américaines en Irak.
L’attaque a été revendiquée en ligne par un groupe peu connu qui se fait appeler Awliyaa al-Dam ou « Guardians of Blood » (« les Gardiens du sang »).
Les détails selon l’AFP
Vers 21h30 heure locale (18h30 GMT), un correspondant de l’AFP a entendu plusieurs puissantes explosions dans la banlieue nord-ouest d’Erbil.
Des sources sécuritaires irakiennes et occidentales ont déclaré à l’AFP qu’au moins trois roquettes avaient été tirées en direction de l’aéroport de la ville.
Le colonel Wayne Marotto, porte-parole de la coalition menée par les Etats-Unis, a déclaré à l’AFP que l’employé n’était pas irakien, mais il n’était pas en mesure de préciser immédiatement sa nationalité.
Au Kurdistan, le ministère de l’Intérieur a confirmé dans un communiqué que « plusieurs roquettes » avaient frappé la ville. Il a précisé que les agences chargées de la sécurité avaient lancé « une enquête minutieuse » et appelé les civils à rester chez eux jusqu’à nouvel ordre. Son ministère de la Santé a fait état de 3 blessés.
Des forces de sécurité ont été déployées autour de l’aéroport après l’attaque, tandis que le bruit d’hélicoptères en vol pouvait être entendu à la périphérie de la ville, selon un correspondant de l’AFP.
Deux versions pour la provenance des roquettes
Alors que deux sources dans le domaine du renseignement ont précisé à l’AFP que les roquettes avaient été lancées depuis l’intérieur de la région autonome, des sources sécuritaires irakiennes ont nié pour la chaine de télévision libanaise d’information al-Mayadeen Tv que leur provenance soit Ninive ou Kirkouk.
Un officier américain a précisé que les projectiles étaient des roquettes de 107 millimètres qui avaient été tirées à une distance de huit kilomètres depuis l’ouest d’Erbil.
Washington appelle à une enquête
Les Etats-Unis ont appelé à une enquête sur l’attaque et à la poursuite de ses auteurs.
« Nous sommes indignés par l’attaque aux roquettes d’aujourd’hui », a déclaré le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken. « J’ai contacté le Premier ministre du gouvernement régional kurde Masrour Barzani pour parler de l’incident et je l’ai assuré de tout notre soutien pour enquêter et demander des comptes aux responsables », a-t-il dit
Attaques et opérations de résistance
En riposte aux attaques américaines contre les positions des forces de mobilisation populaire Hachd al-Chaabi, qui combattent Daech avec l’aide de conseillers iraniens, des installations militaires et diplomatiques américaines ont été prises pour cibles en Irak depuis l’automne 2019 par des dizaines de roquettes ainsi que par des attaques à la bombe sur le réseau routier, mais la plupart de ces actions étaient menées à Bagdad.
Des missiles iraniens ont aussi frappé l’aéroport d’Erbil en janvier 2020, en même temps que la base Aïn Asad située dans la province d’Al-Anbar, à l’ouest de l’Irak, en riposte à l’assassinat du général iranien Qassem Soleimani par une frappe de drone américain à Bagdad.
Depuis l’assassinat de Soleimani, au côté du chef-adjoint du Hachd al-Chaabi, Abou Mahdi al-Mohandes et de 10 de leurs compagnons iraniens et irakiens, le parlement irakien a voté à la majorité en faveur du retrait des forces américaines et de la coalition internationale. Cette demande a été ratifiée par le gouvernement d’Adel Abdel Mahdi lequel a envoyé deux messages au Conseil de sécurité et au commandement américain exigeant ce retrait. Mais les Etats-Unis ont refusé d’obtempérer prétextant que certaines composantes du parlement s’étaient abstenues de voter. Depuis l’avènement d’un nouveau Premier ministre, Moustafa Kazimi, cette requête semble avoir été écartée, malgrè les déclarations allant dans le sens contraire. Face au refus américain, des groupes de résistance se sont formées pour les contraindre à se retirer.
Des roquettes ont été tirées régulièrement contre l’ambassade américaine dans la capitale irakienne, des responsables américains et irakiens en attribuant la responsabilité à des groupes du Hachd Chaabi, telles que le groupe Kataeb Hezbollah ou Asaïb Ahl al-Haq.
Avec la multiplication des opérations de résistance, les Américains ont opéré un redéploiement de leurs forces, les retirant des régions frontalières avec la Syrie et les cantonnant dans la base Aïn Asaad et dans celles d’Erbil ou les dépêchant vers les bases américaines en Syrie.
Selon l’AFP, depuis que l’armée irakienne, épaulée par le Hachd Chaabi, a déclaré sa victoire face à Daech fin 2017, les troupes étrangères ont été réduites à 3.500 militaires, dont 2.500 Américains. La quasi-totalité de ces unités étrangères sont stationnées dans le complexe militaire à l’aéroport d’Erbil, a indiqué à l’AFP une source de la coalition dirigée par les USA.
Avec la résurrection de Daech en Irak, les observateurs s’attendent à ce que les Américains opèrent une augmentation de leurs forces en prétextant lutter contre cette milice wahhabite takfiriste.