Le mouvement de résistance yéménite Ansarullah (Houthis) a gagné du terrain depuis un an au Yémen où le gouvernement pro-saoudien- installé à Aden (sud)- s’est parfois livré à du blanchiment d’argent et de la corruption, affirment dans leur dernier rapport les experts de l’Onu chargés du contrôle des sanctions internationales.
Soutenu par l’Arabie Saoudite, «le gouvernement (d’Aden) a perdu des territoires stratégiques au profit des Houthis et du Conseil de transition du sud (STC, séparatiste), ce qui va à l’encontre de la résolution 2216» sur une solution politique, note ce document remis vendredi au Conseil de sécurité de l’Onu et obtenu mardi 26 janvier par l’AFP.
Le blanchiment d’argent et des actes de corruption ont entravé «l’accès à des approvisionnements en nourriture pour les Yéménites, en violation du droit à l’alimentation», ajoutent-ils.
Les experts précisent qu’un programme a été mis en œuvre par le gouvernement pro-saoudien «pour détourner des fonds d’un dépôt d’argent effectué par l’Arabie Saoudite».
«423 millions de dollars d’argent public ont été illégalement transférés à des commerçants», ajoutent-ils.
«L’absence de stratégie cohérente parmi les forces anti-Houthis, démontrée par des luttes intestines en leur sein, et les désaccords entre leurs soutiens régionaux, a servi à renforcer les Houthis», estiment aussi les experts, pour qui «l’ampleur de l’aide extérieure aux parties au conflit au Yémen reste peu claire».
Ainsi, «les Émirats arabes unis sont membres de la Coalition (dirigée par l’Arabie Saoudite), mais leur soutien au Conseil de transition du Sud sape le gouvernement du Yémen», relève le document.
Pour leur part, les Houthis continuent de récupérer de l’argent public. Ils «collectent des impôts et autres recettes de l’État, dont une grande partie est utilisée pour financer leur effort de guerre», prétendent ces experts. L’armée yéménite et Ansarullah mènent des opérations conjointes contre les forces de la coalition saoudo-émiratie et leurs mercenaires.
Le rapport onusien a en outre accusé l’Iran de fournir des armes à la résistance yéménite. «De plus en plus de preuves suggèrent que des individus ou des entités en Iran fournissent des volumes importants d’armes et de composants aux Houthis», selon le rapport.
La guerre saoudienne contre le Yémen, lancée depuis mars 2015, a provoqué la pire crise humanitaire en cours dans le monde, faisant des dizaines de milliers de morts et des millions de déplacés.