Aveu d’échec incontestable : Israël n’a pu empêcher le Hezbollah de s’acquérir les missiles de haute précision, considérés comme un danger stratégique pour Israël.
Cet aveu est le constat des estimations israéliennes dont les échos ont été relatés par la chaine 13 de la télévision israélienne. Celle-ci en conclut que les centaines de raids israéliens effectués en Syrie ces dernières années, contre ce que les israéliens appellent « le projet de précision » se sont avérés inutiles.
Le bombardement de dépôts ou de convois présumés contenir cet arsenal balistique acheminé en principe depuis l’Iran n’ayant finalement pas réalisé l’objectif escompté.
Selon le journal libanais al-Akhbar, les services de renseignements israéliens sont désormais persuadés que la résistance libanaise détient des centaines de ces missiles de précision. Auparavant, constate le chroniqueur des questions israéliennes du journal libanais al-Akhbar, Yahia Dbouk, ces services parlaient de quelques dizaines de missiles et avançaient qu’Israël ne permettra jamais leur acquisition.
« Les bombardements israéliens n’ont pu empêcher le Hezbollah de développer ses propres capacités à fabriquer et à monter des missiles de précision de moyenne et de longue portée … capables de paralyser les systèmes stratégiques israéliens », indiquent les estimations israéliennes, d’après lui.
Il constate aussi que pendant longtemps, l’institution militaire israélienne se refusait à un tel aveu, quand bien le chef du Hezbollah sayed Hassan Nasrallah l’avait confirmé. Les responsables israéliens ont toujours laissé entendre que les missiles de précision ne sont qu’une ambition du Hezbollah qui n’a pas encore été traduite sur le terrain. Grâce aux efforts israéliens.
Le chiffres des missiles tous types confondus acquis par le Hezbollah sont régulièrement scrutés par les services de renseignements israéliens depuis la guerre 2006. Ils font l’objet de spéculations et manquent de crédibilité, vu que ces services ne sont pas la partie habilitée à connaitre les chiffres réels des missiles chez le parti de la résistance libanaise. En une quinzaine d’années, ils seraient passés d’une quinzaine de milliers à près de 200.000, d’après les dernières estimations relayées par les médias israéliennes. Face à ces recensements, le Hezbollah suit la politique d’ambigüité, sans les démentir ni les confirmer.
Force est de constater que ces nouvelles estimations interviennent au lendemain des manœuvres balistiques effectuées la semaine passée au centre de l’Iran par les gardiens de la révolution islamique et au cours desquelles des centaines de missiles dont d’une portée de 1.800 km ont été testés et médiatisés alors qu’ils frappaient de plein fouet des cibles bien définies.
Le chroniqueur d’al-Akhbar s’est arrêté quant à lui sur les retombées de cet aveu sur la politique que les Israéliens vont suivre pour faire face au franchissement de ce qu’ils considèrent être une ligne rouge.
« L’ennemi va-t-il mettre en exécution ses menaces de détruire ces missiles, au risque de provoquer un affrontement militaire, comme l’ont laissé croire ses dernières manœuvres militaires réalisées ces derniers temps ? », s’est-il interrogé. Encore faut-il qu’il sache où ils sont réellement stockés.
« Ou alors cet armement précis et Cie seraient un facteur d’inhibition militaire israélien ? », a-t-il continué dans son questionnement.
Une question cruciale alors qu’il faut s’attendre à une accumulation de cet arsenal de la part du Hezbollah. Et dont la réponse place l’ennemi israélien dans une impasse.
En détruisant ces missiles, il ne serait jamais sûr de les avoir neutralisés entièrement.
D’autre part, le Hezbollah pourrait très bien riposter, au risque de provoquer un conflit généralisé. D’autant qu’il en a les moyens.
Et s’il ne le fait pas cela veut dire que le Hezbollah va pouvoir l’accumuler. Dans tous les cas, rien ne l’a empêché de le faire.
C’est un cercle vicieux, estime le chroniqueur d’al-Akhbar : ces missiles de précision pourraient très bien pousser Israël à provoquer un conflit qu’à le dissuader de le faire.
« Cette équation qui était de vigueur des deux côtés avec l’armement traditionnel qui était chiffré à des dizaines de milliers, en dépit des menaces israéliennes, se trouve réconfortée par les missiles de précision capables de nuire d’une manière précise et orientée jusqu’à bombarder le bâtiment al-Karia à Tel Aviv, le siège du ministère de la Sécurité et de l’état-major israéliens, comme l’appréhendent des médias israéliens », a-t-il analysé.
Scrutant les autres choix de riposte éventuelle chez les Israéliens, il écrit : après avoir en vain tenté d’empêcher le Hezbollah d’obtenir ces missiles, l’entité sioniste pourrait œuvrer pour l’empêcher de l’accumuler. Et à défaut, pour l’empêcher de l’utiliser. Et ce en s’abstenant de toute action qui puisse le pousser à le faire.
Il le fait déjà sur le terrain libanais où Israël évite depuis plusieurs années toute confrontation et où sa marge de manœuvre est très réduite.
Depuis que la mort d’un combattant du Hezbollah dans un raid israélien près de Damas, en juillet 2020, la frontière entre la Palestine occupée et le Liban est presqu’entièrement désertique dans l’attente de la riposte, promise à récurrence par sayed Hassan Nasrallah. « Israël doit se tenir sur un pied et demi», avait-il menacé, utilisant cette allégorie arabe qui signifie qu’il doit se tenir sur ses gardes. Avec les missiles de précision en sa possession, il pourrait l’aviser de se tenir sur un seul pied !