« L’enseignement aux Etats-Unis contribue aux coups d’Etat et à la formation de régimes répressifs », c’est l’intitulé de l’article publié sur le site italien InsideOver, qui est consacré à la formation de cadres militaires étrangers par les Américains pour s’ingérer dans les affaires intérieures d’autres pays.
« Entre 1999 et 2016, 2,4 millions d’étudiants ont participé aux programmes de formation américains, presque 20 milliards de dollars ont été dépensés à cet effet. »
Il s’agit avant tout du programme gouvernemental Education et Formation militaires internationales (International Military Education and Training, IMET). Ce programme a été lancé par l’administration de Gerald Ford en 1976. Il couvrait initialement 42 pays, dont le nombre a augmenté jusqu’à 122, quarante ans plus tard.
A l’heure actuelle, dans le cadre de l’IMET les Américains forment des militaires de 155 pays, même aussi petits que Tuvalu avec 11.000 habitants.
A cette formation participent près de 150 universités et écoles militaires américaines associées au ministère américain de la Défense: dans certains cas la formation se déroule dans les pays dont les élèves sont originaires. Hormis la formation militaire, les instructeurs inculquent aux étudiants les « valeurs démocratiques ». Le département d’Etat américain affirme que dans le cadre du programme IMET sont formés des « leaders ».
La formation dans le cadre de l’IMET se déroule sur quatre axes: l’enseignement militaire, l’étude approfondie de l’anglais, la formation technique, la formation au commandement. Sachant que l’enseignement militaire ne représente que la moitié du coût du programme.
A travers les écoles militaires américaines le « soft power » des Etats-Unis pénètrent dans d’autres pays, cultive la loyauté envers l’Amérique, crée un potentiel pour recruter des agents pour le renseignement.
Ainsi, parmi les participants au coup d’Etat au Mali du 18 août 2019, plusieurs avaient suivi une formation aux Etats-Unis. Dont Assimi Goïta, colonel de l’armée malienne, d’abord président du Comité national pour le salut du peuple du Mali, puis vice-président. D’ailleurs, ce pays est dirigé depuis longtemps par des diplômés d’écoles militaires américaines.
L’Egypte est dirigée par Abdel Fattah al-Sissi, qui a été formé au Royaume-Uni et aux Etats-Unis.
Parmi les acteurs du coup d’Etat raté en Turquie, plusieurs officiers avaient également suivi une formation militaire aux Etats-Unis.
Les Etats-Unis sont particulièrement actifs en termes de formation de militaires en Amérique latine, en Asie du Sud-Est et en Afrique.
Ainsi, les Etats-Unis forment des officiers de 45 des 54 pays du continent africain. Le Mali, le Tchad, le Nigeria et le Niger bénéficie d’une attention particulière des Etats-Unis. Selon Jesse Dillon Savage (université de Melbourne) et Jonathan Caverley (MTI), plusieurs programmes américains de formation militaire visent à créer les conditions pour organiser éventuellement des coups d’Etat.
Benjamin Kenzer, chercheur en relations internationales à l’université d’Ohio, a analysé les programmes américains pour former des policiers à travers le monde et a découvert que dans plusieurs cas ils ont entraîné une militarisation des structures étatiques dans les pays dont les étudiants étaient originaires.
En 2001, les dépenses pour ces programmes avoisinaient 5 millions de dollars, alors que 146 millions de dollars ont été dépensés pour la formation de policiers étrangers en 2018. Ces programmes existent dans plus de 90 pays d’Amérique latine, d’Afrique du Nord et d’Asie du Sud-Est. Des cadres policiers de Hong Kong et de Birmanie sont également formés aux Etats-Unis.
Outre la formation de militaires et de policiers, il existe la formation dans le cadre du Foreign Military Sales (Ventes d’armes à l’étranger) aux frais de l’acheteur d’armements américains.
Il existe aussi des programmes à part pour l’Afghanistan, pour la lutte contre le trafic de stupéfiants, l’enseignement dans le cadre du Foreign Military Financing (Financement militaire étranger) et d’autres programmes spéciaux.
La formation de spécialistes militaires étrangers est un instrument important du soft power américain. Et les Etats-Unis n’ont jamais négligé les instruments militaires du soft power.
Selon le site américain AlterNet, les Etats-Unis « ont organisé au moins 80 coups d’Etat réussis ou ratés à l’étranger.
Tout a commencé quand le président Eisenhower a découvert avec l’exemple de l’Iran que la CIA pouvait renverser des gouvernements qui refusaient de sacrifier l’avenir de leur peuple au profit des intérêts commerciaux et géopolitiques de l’Occident. La plupart des coups d’Etat américains ont entraîné de violentes répressions, des kidnappings, des exécutions sommaires, des tortures, la corruption, une terrible pauvreté et inégalité, ainsi qu’un effondrement des aspirations démocratiques des peuples touchés par de tels coups d’Etat. »
Par Alberto Bellotto
Source : Observateur continental