Les États membres du G20 ont exporté des armes d’une valeur totale de plus de 17 milliards de dollars vers l’Arabie saoudite depuis que celle-ci s’est impliquée dans le conflit au Yémen en 2015. Pourtant, ils n’ont versé que l’équivalent d’un tiers de cette somme pour venir en aide aux personnes confrontées à ce qui constitue l’une des plus grandes crises humanitaires au monde.
Les chefs d’États du G20 doivent se réunir cette semaine dans le cadre d’un sommet virtuel organisé par l’Arabie saoudite.
A cette occasion, les ventes d’armes à cet État du Golfe pourraient faire l’objet d’une surveillance renforcée compte tenu que Joe Biden, nouvel élu à la présidence des États-Unis, a déclaré qu’il mettrait fin aux ventes d’armes à l’Arabie saoudite, lesquelles alimentent la guerre contre le Yémen.
La France pour sa part continue d’être l’un des principaux exportateurs d’armes à la coalition dirigée par l’Arabie dans sa guerre contre le Yémen, et ne remet pas en cause sa position: ainsi, le montant de matériel militaire livré à l’Arabie saoudite s’élève à plus de de 6 milliards d’euros depuis 2015, c’est-à-dire le double du budget nécessaire pour répondre à la totalité du Plan Annuel Humanitaire pour le Yémen.
Pourtant les efforts français en termes humanitaires restent extrêmement éloignés : en 2020 la France a contribué avec un financement humanitaire d’à peine 9 millions d’euros lors de la conférence international de bailleurs de Juin dernier.
Pour Jon Cerezo, responsable de la Campagne humanitaire chez Oxfam France « Le Yémen affronte une crise sans précédent pour sa population : un conflit ravageant depuis plus de 5 années, une économie anéantie, la pire crise de choléra jamais enregistrée… Il est temps que la Communauté internationale fasse tout le possible pour mettre fin à cette crise.
La France particulièrement doit écouter les appels des organisations internationales, des ONG et de la majorité de la société française : il faut arrêter d’alimenter la guerre au Yémen avec des armes françaises, arrêter de prioriser les profits commerciaux à court terme, plutôt que les vies et les droits des populations ! »
La situation humanitaire est de plus en plus critique, s’est aggravée malheureusement ses derniers mois et demande une plus forte et urgente mobilisation. La pandémie de Covid -19 n’épargne pas la population et n’a fait qu’accroitre les besoins des communautés yéménites.
Pourtant, le plan de réponse humanitaire des Nations Unies pour fournir de l’eau potable, de la nourriture et des soins médicaux aux plus vulnérables n’est financé qu’à 44 % cette année.
Pour Muhsin Siddiquey, directeur d’Oxfam au Yémen, « Après avoir été confrontée pendant toutes ces années aux maladies, aux déplacements et à tant de morts, la population du Yémen a besoin de ce puissant soutien de la communauté internationale afin de rassembler toutes les parties au conflit et de les amener à accepter un cessez-le-feu immédiat. Il faut reprendre des négociations qui aboutiront à une paix durable.
Il est absolument immoral et incohérent de gagner des milliards grâce aux exportations d’armes qui alimentent le conflit, tout en versant une part marginale de ces bénéfices en aide au Yémen.
Les États les plus riches du monde ne peuvent pas continuer à faire passer leurs bénéfices avant la population yéménite. »
Les gouvernorats de Marib et d’Al-Jawf, dans le nord du pays, sont les plus touchés par les frappes aériennes saoudiennes, tandis que le gouvernorat de Taïz, dans le centre du Yémen, connaît les combats les plus violents sur le terrain entre les mercenaires saoudiens et les forces yéménites.
La ville portuaire clé de Hodeïda (ouest) a récemment connu une recrudescence des combats. Il s’agit du principal point d’entrée pour la nourriture, le carburant et les médicaments dont ont besoin les 20 millions de Yéménites qui habitent les gouvernorats du nord pour prévenir la famine et une nouvelle épidémie de choléra.
Source: Avec Oxfam France