L’annonce par la société américaine Moderna d’un vaccin efficace à près de 95% contre le Covid-19 est venue apporter un nouvel espoir dans le monde où plusieurs pays, notamment en Europe, continuent d’adopter des restrictions face à une épidémie galopante.
Après l’annonce la semaine dernière par les laboratoires américain Pfizer et allemand BioNTech d’un vaccin efficace à 90%, la société de biotechnologie Moderna a affirmé lundi 16 novembre que le sien avait une efficacité de 94,5%.
Elle compte en fabriquer vingt millions de doses d’ici fin décembre, rendant plus concrète la perspective des vaccinations contre le Covid-19.
« Vraiment saisissant »
L’immunologue Anthony Fauci, figure très respectée aux Etats-Unis, a salué l’annonce de Moderna.
« L’idée d’avoir un vaccin efficace à 94,5% est incroyablement impressionnante », a-t-il déclaré à l’AFP. « C’est un résultat vraiment saisissant, je pense que personne ne s’attendait à ce qu’il soit si bon ».
L’OMS met en garde contre toute complaisance
Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a salué les nouveaux développements sur le front des vaccins mais a mis en garde contre toute « complaisance ».
« Nous continuons à recevoir des nouvelles encourageantes sur les vaccins et restons prudemment optimistes quant à la possibilité que de nouveaux outils commencent à arriver dans les prochains mois », a dit M. Tedros.
Il a également assuré être « extrêmement préoccupé par l’augmentation du nombre de cas dans certains pays », pointant la situation en Europe et sur le continent américain où « les travailleurs de la santé et les systèmes de santé sont poussés à bout ».
Dans le monde, la pandémie a fait près de 1.320.000 morts depuis fin décembre, selon un bilan établi par l’AFP lundi.
En Allemagne, où une forte hausse des infections a été observée depuis plusieurs semaines, la chancelière Angela Merkel a appelé les Allemands à réduire les contacts au strict minimum.
« Il nous reste un long chemin à parcourir, mais la bonne nouvelle est que nous avons réussi à stopper la croissance exponentielle » du virus, a déclaré Mme Merkel.
Avec près de 52.000 morts, le Royaume-Uni est le pays d’Europe le plus endeuillé par la pandémie.
La Suède, qui mène une stratégie bien moins stricte que la plupart des pays européens, a annoncé lundi limiter les rassemblements publics à huit personnes maximum face au rebond des contaminations, une première.
En Norvège, pays qui compte pourtant un taux de contaminations relativement bas, la municipalité d’Oslo a annoncé le durcissement des règles de « confinement social » pour les adolescents, particulièrement concernés par un récent rebond de l’épidémie.
L’Autriche débute mardi un second confinement, avec fermeture des écoles et des magasins non essentiels et appel à rester chez soi. Le chancelier Sebastian Kurz a également annoncé une campagne de dépistage du Covid-19 à grande échelle.
En France, 508 nouveaux décès ont été enregistrés au cours des dernières 24 heures, mais le nombre de nouveaux cas était au plus bas depuis des semaines, selon les données officielles.
En revanche, le nombre de personnes actuellement hospitalisées en France a battu un nouveau record, à 33.466 avec 2.065 nouveaux patients sur 24 heures.
« S’il y a des signes d’amélioration en termes d’épidémie, nous n’avons pas encore vaincu le virus », a prévenu le ministre de la Santé Olivier Véran, exhortant ses concitoyens à « ne pas relâcher (leurs) efforts ».
Restrictions aux Etats-Unis
L’Europe n’est pas seule à redoubler d’efforts: de l’autre côté de l’Atlantique, la maire de Chicago, troisième ville des Etats-Unis, a recommandé à ses 2,7 millions d’administrés d’éviter les sorties, sauf pour les déplacements essentiels dont le travail et l’école, de ne recevoir aucun invité et d’annuler les traditionnelles fêtes de Thanksgiving. Il ne s’agit que de recommandations.
En revanche, les réunions privées sont, de façon obligatoire, limitées à 10 personnes maximum.
De New York à Seattle, Etats et métropoles ont réintroduit des restrictions ces derniers jours pour tenter d’enrayer l’embrasement du coronavirus.
Les Etats-Unis, pays le plus endeuillé au monde avec 247.116 décès devant le Brésil (166.014 morts), ont enregistré un million de nouvelles infections au Covid-19 en moins d’une semaine et ont franchi la barre des 11 millions de cas dimanche, selon l’université Johns Hopkins.
Les deux vaccins Pfizer/BioNTech et Moderna pourraient être autorisés par l’Agence américaine des médicaments (FDA) dans la première quinzaine de décembre, a dit lundi Moncef Slaoui, responsable scientifique de l’opération Warp Speed, montée par le président Donald Trump pour vacciner la population américaine.
20 millions dès décembre
Cela permettrait de vacciner 20 millions d’Américains, en priorité sans doute les plus âgés et à risque, dès la seconde quinzaine de décembre, puis 25 millions de personnes par mois à partir de janvier, a dit ce responsable sur la chaîne MSNBC.
Le président élu américain Joe Biden a pour sa part évoqué un risque de morts supplémentaires du Covid-19 si Donald Trump, qui ne reconnaît pas avoir perdu l’élection présidentielle, refuse avec son gouvernement de se coordonner avec l’équipe démocrate appelée à assurer la transition à la Maison Blanche.
Sans concertation entre les deux équipes, « il se peut que davantage de personnes meurent », a déclaré M. Biden, citant notamment l’urgence de préparer la distribution des vaccins dès qu’ils seront disponibles.
En Belgique, le gouvernement a annoncé son intention de traiter au moins 70% de la population du pays, soit 8 millions de personnes, avec les futurs vaccins et de garantir leur gratuité « pour chaque citoyen ».
Source: Avec AFP