Donald Trump va quitter la Maison Blanche… Mais pas tout de suite. Le mandat du républicain, battu par Joe Biden lors de l’élection présidentielle américaine, se poursuit jusqu’à l’investiture de son successeur le 20 janvier prochain.
Donald Trump dispose donc d’un peu plus de deux mois pour continuer de diriger le pays et, éventuellement, pour tenter de savonner la planche à son successeur.
Franceinfo s’est demandé quelle était la marge de manœuvre du président sortant durant cette période.
Tenter de compliquer la transition
C’est évidemment l’une des craintes de certains observateurs : que Donald Trump tente de « saboter » la transmission du pouvoir à son successeur, lui qui a refusé à plusieurs reprises de s’engager dans une transition « pacifique ».
Il pourrait ainsi continuer de porter un discours incendiaire, qui remettrait en cause la validité du scrutin et minerait la confiance de l’opinion publique envers Joe Biden.
C’est ce qu’avait fait le président républicain Herbert Hoover avant l’investiture de Franklin Delano Roosevelt, entre 1932 et 1933, rappellent deux historiens américains dans un article publié sur le site de la London School of Economics (LSE).
A l’époque, la période de transition durait quatre mois. Hoover l’a passée à tenter de décrédibiliser le programme économique de son successeur démocrate.
Donald Trump pourrait également refuser de coopérer avec la future administration, par exemple en incitant les agences gouvernementales à ne pas transmettre certaines informations aux équipes de Joe Biden, relève CNN.
Heureusement, la transition ne repose pas uniquement sur la bonne volonté du président, souligne The Atlantic.
Une loi impose en effet à tous les ministères et branches de l’administration de préparer le passage de relais au gouvernement suivant, afin qu’il soit prêt à fonctionner dès l’inauguration du nouveau chef de l’Etat.
Et, selon CNN, les équipes de Joe Biden planchent depuis plusieurs semaines sur cette transition, en anticipant un éventuel manque de coopération de la Maison Blanche.
Accorder le pardon présidentiel à ses proches
Durant quatre ans, Donald Trump a dirigé son pays en s’entourant de ses proches. Il ne serait donc pas surprenant qu’il tente de les avantager avant son départ de la Maison Blanche, notamment en se lançant dans une « frénésie de pardons présidentiels », explique Politico.
Ce serait « une façon pour lui de récompenser ses amis, de protéger sa famille (…) ou d’obtenir les faveurs de ceux qui pourraient l’aider une fois qu’il aura quitté la vie publique », précise le site spécialisé.
Cette avalanche de pardons présidentiels (qui ne peuvent concerner que des crimes ou délits fédéraux) est d’autant plus attendue que d’autres chefs d’Etat avant lui ont profité des derniers jours de leur mandat pour en faire de même. Ainsi, Bill Clinton a gracié 140 personnes le dernier jour de son mandat, en 2001, rappelle Politico.
Selon The Atlantic, le président républicain pourrait même essayer de s’accorder la clémence présidentielle à lui-même, par anticipation d’éventuelles poursuites judiciaires fédérales (certains médias évoquent par exemple des soupçons d’évasion fiscale).
Néanmoins, les avis des experts divergent sur la constitutionnalité d’une telle mesure, inédite dans l’histoire américaine.
Essayer de prendre d’ultimes décisions pour le pays
Jusqu’à la fin de son mandat, Donald Trump conservera la possibilité de signer des décrets présidentiels.
Il pourra donc continuer à prendre des décisions pour tenter d’influencer l’avenir du pays. Ce pouvoir est toutefois limité de plusieurs façons, rappelle le Los Angeles Times.
Premièrement, ces « ordres exécutifs » peuvent être renversés par le nouveau chef de l’Etat dès son arrivée au pouvoir.
Par ailleurs, la plupart des décrets présidentiels nécessitent des modifications dans la réglementation, qui prennent du temps à être mises en place. Sur les 78 ordres exécutifs sur l’environnement signés par Donald Trump durant son mandat, seuls 30 sont entrés en vigueur, illustre le quotidien californien.
Le républicain conservera également jusqu’à la dernière minute son statut de « commandant en chef » des forces armées, note Politico.
S’il ne peut pas déclarer la guerre à un pays étranger (ce qui nécessiterait l’accord du Congrès), il pourrait en revanche décider de lancer une opération spéciale ou une cyberattaque sur un pays adverse, suppute le site américain.
Selon The Atlantic, il pourrait même annoncer son intention de se retirer de l’OTAN ou plonger les Etats-Unis dans un conflit avec un pays comme l’Iran sans consulter son successeur. Mais ces hypothèses restent « improbables », assure le magazine américain.
Laisser la situation sanitaire se dégrader
Une autre hypothèse, avancée par Politico, voit au contraire le président sortant laisser la situation du pays se dégrader, pour compliquer le début du mandat de Joe Biden.
« Une inquiétude répandue est que, si Trump perd, la Maison Blanche cessera simplement d’essayer de combattre la pandémie [de Covid-19], peut-être en ralentissant les efforts pour trouver un vaccin », ou en abandonnant les discussions avec le Congrès sur les moyens de relancer l’économie, détaille le site spécialisé.
Une telle situation s’est déjà produite par le passé. En 1933, alors que de nombreuses banques faisaient faillite en plein milieu de la Grande Dépression, Herbert Hoover a laissé le pays s’enfoncer dans la crise financière, rappellent ainsi deux historiens américains sur le site de la LSE.
Politico estime toutefois qu’un désengagement total de Donald Trump n’aurait qu’un impact limité sur la crise sanitaire qui frappe les Etats-Unis, tant « la Maison Blanche s’est peu investie dans la réponse à la pandémie »
Source: Franceinfo