On s’attendait à une dégradation des relations entre la France et le Hezbollah, surtout après la conférence de presse du président français Emmanuel, dans laquelle il a critiqué le parti de la résistance, lui imputant l’essentiel de la responsabilité de l’échec des tractations en vue de former un nouveau cabinet sous la présidence de Moustapha Adib.
A en croire l’atmosphère dans laquelle s’est déroulée la rencontre entre l’ambassadeur français Bernard Foucher et le responsable du bureau des Relations internationales Ammar Moussaoui, le 30 septembre dernier, rien ne laisse supposer une telle rupture. Aussi bien Paris que le Hezbollah semblent attachés à laisser passer le courant entre eux.
Sans compter le ton que le secrétaire général du Hezbollah sayed Nasrallah a adopté dans le discours qu’il a prononcé pour répondre aux accusations du président français.
Après avoir exposé les réelles causes de l’échec de l’initiative française, celle surtout de la tentative du club des quatre ex Premier ministres libanais de passer outre des consultations des différentes forces politiques, consultations devenues coutumières pour la formation de chaque gouvernement depuis l’accord de Doha en 2007, force est de constater qu’il s’est ménagé de suspecter les intentions du président français et son acharnement exclusif et incompréhensible contre le Hezbollah. Sayed Nasrallah a veillé à démontrer par a+b qu’a aucun moment l’initiative dont le texte écrit avait été distribué n’avait supposé une telle mise à l’écart pour que le Hezbollah et les autres partis libanais concernés puissent être accusés d’voir tranu leur engagement.
Il semble même que les Français avaient appréhendé la réaction du Hezbollah aux accusations de Macron, a assuré une source sous le couvert de l’anonymat, au courant de la rencontre du 30 septembre dernier entre Foucher et Moussaoui.
« L’ambassade a contacté le département des relations internationales au Hezbollah et lui a demandé si le rendez-vous qui avait été précédemment coordonné était toujours de vigueur », rapporte cette source qui s’est confié pour la télévision Al-Manar. Laissant entendre qu’elle s’attendait à ce qu’elle soit annulée.
Or la réponse du Hezbollah a été de confirmer ce rendez-vous décidé à l’avance dans le cadre des adieux de l’ambassadeur Foucher qui doit quitter ses fonctions au pays du cèdre.
Lors de la rencontre, ce dernier a assuré que l’Elysée a suivi le discours de Sayed Nasrallah et avait demandé sa traduction le plus vite possible pour le consulter.
« Les Français s’attendaient au pire de la part de sayed Nasrallah, manifestement conscients que les accusations véhiculées contre le Hezbollah par le président français étaient inexactes », rapporte la source à la lumière des conclusions qui ont résulté de cette rencontre.
Selon elle « M. Foucher a entendu de la part du Hezbollah un discours très franc qui refuse ce qui a été dit en gros et en détail par M. Macron, tout en lui rappelant que le Hezbollah a été très positif avec son initiative ».
Et de poursuivre, en rapportant la teneur de la recontre au bureau des RI du Hezbollah: « Son texte n’a été envoyé au Hezbollah que deux heures avant la rencontre au Palais des Pins et pourtant son représentant Mohamad Raad avait assuré l’admettre à 90% », en allusion à la réunion qui avait rassemblé au siège de l’ambassade de France au Liban les représentants de tous les partis politiques influents dont celui du Hezbollah avec le président français lors de sa visite au Liban au lendemain de l’explosion meurtrière dans le port de Beyrouth.
« Le Hezbollah a accepté le texte de l’initiative proposée au Palais des Pins parce qu’il voulait la faciliter et non la torpiller. Il aurait pu demander plus de temps pour pouvoir l’étudier d’une façon plus approfondie et c’était normal », a ajouté la source, citant la réponse du responsable de RI au diplomate français.
Toujours selon cette dernière, le diplomate français a lui aussi été franc, évoquant la réelle position de l’Élysée sur les réelles causes de l’échec, l’imputant aux alliés libanais de la France, à leur tête le club des ex-Premiers ministres. En l’occurrence Saad Hariri, Fouad Siniora, Najib Mikati et Tamam Salam.
« Foucher a fait part qu’il est entièrement d’accord avec tous les faits exposés par sayed Nasrallah dans son discours, estimant qu’ils étaient exacts à 100 pour cent. Il a toutefois justifié la position de Macron en soulignant que la France s’attendait à davantage de facilitation de la part du Hezbollah, compte tenu des circonstances actuelles ».
Ce à quoi Ammar Moussaoui lui a répliqué : « voudrait-on que nous nous éliminions nous-mêmes ? »
Toujours selon la source, l’ambassadeur a fait part que les Français admettent que la récente position du roi saoudien et les nouvelles sanctions américaines avaient été un facteur explosif qui n’a pas du tout aidé leur initiative ».
En pleines tractations pour la formation du gouvernement, le 23 septembre dernier, le roi Salmane avait appelé au désarmement du Hezbollah, lors de son discours devant l’Assemblée générale de l’Onu.
En même temps, Washington décrétait de nouvelles sanctions. POur la première fois, elles visaient un responsable du mouvement Amal, allié eu Hezbollah, en l’occurrence l’ex-ministre des Finances Ali Hassan Khalil.
Toujours est-il selon M. Foucher, Paris reste attaché à la collaboration avec le Hezbollah.
Concernant le prochain gouvernement, sa neutralité est désormais hors de question. Quoique l’initiative française soit gelée pour le moment, mais il est surtout question d’un gouvernement techno-politique qui serait gouverné par l’un des deux ex-Premiers ministres Najib Mikati ou Tammam Salam.
Sachant que les chances de retour de Saad Hariri sont presque nulles en raison de l’opposition de Riyad. Depuis quelques mois, celle-ci lui préfère son frère Baha.
Et la réponse du Hezbollah à ces suggestions: tout est discutable, selon la source.