Les maux de tête, la confusion et les délires expérimentés par certains malades de la COVID-19 pourraient être le résultat d’une invasion directe du cerveau par le coronavirus, selon une étude publiée mercredi 9 septembre.
Les recherches sont encore préliminaires mais apportent des pistes pour soutenir ce qui n’était il y a peu qu’une théorie largement non prouvée.
Selon l’étude, dirigée par Akiko Iwasaki, immunologue de l’université de Yale, le virus est capable de se dupliquer à l’intérieur du cerveau, et sa présence prive d’oxygène les cellules du cerveau avoisinantes. La fréquence de cette situation n’est pas encore claire.
S. Andrew Josephson, chef du département de neurologie à l’Université de Californie à San Francisco, a loué les techniques utilisées dans l’étude, disant que « comprendre s’il y a ou non une implication virale directe dans le cerveau est extrêmement important ».
Il a toutefois ajouté qu’il resterait prudent jusqu’à ce que les recherches fassent l’objet d’une évaluation par des pairs.
Il ne serait pas entièrement choquant que le Sars-CoV-2 soit capable de pénétrer la barrière hémato-encéphalique, une structure qui entoure les vaisseaux sanguins du cerveau et essaie de bloquer les substances étrangères.
Mais les médecins pensaient jusqu’ici que les conséquences neurologiques constatées chez environ la moitié des patients COVID hospitalisés pourraient être le résultat d’une réponse immunitaire anormale – « l’orage de cytokine » – provoquant une inflammation du cerveau, plutôt que d’une invasion du cerveau par le virus.
La professeure Iwasaki et ses collègues ont décidé d’approcher la question de trois manières: en infectant de mini-cerveaux créés en laboratoire (les organoïdes cérébraux), en infectant des souris et en examinant le cerveau de malades morts de la COVID-19.
Dans les organoïdes cérébraux, l’équipe a découvert que le virus était capable d’infecter des neurones puis de « pirater » la machinerie de la cellule du neurone pour se dupliquer.
Les cellules infectées provoquaient la mort des cellules environnantes en les privant d’oxygène.
L’un des principaux arguments contre la théorie de l’invasion directe du cerveau était que le cerveau n’a pas de niveaux élevés d’une protéine appelée ACE2, à laquelle le coronavirus s’accroche, et qui se trouve en abondance dans d’autres organes comme les poumons.
Mais l’équipe a découvert que les organoïdes avaient assez d’ACE2 pour faciliter l’entrée du virus, et les protéines étaient aussi présentes dans le cerveau des patients décédés.
L’équipe a aussi examiné deux groupes de souris: l’un avait été génétiquement modifié pour avoir des récepteurs ACE2 seulement dans les poumons, l’autre seulement dans le cerveau.
Les souris infectées aux poumons présentaient des lésions dans cet organe; les bêtes infectées au cerveau ont elles rapidement perdu du poids et sont vite mortes, signe potentiel d’une létalité accrue quand le virus pénètre le cerveau.
Les cerveaux de trois patients morts de complications sévères liées à la COVID-19 présentaient aussi des traces du virus, à des degrés divers.
Source: AFP