Aux États-Unis, les partisans politiques essaient de profiter du poids des forces armées dans leur jeu électoral. Mais l’institution la plus importante des États-Unis annonce qu’elle reste en dehors des affaires civiles.
Dans un article publié sur le site web de l’institut « American Enterprise », Mme Kori Schake, directrice de « Foreign and Defense Policy Studies » souligne qu’en cet été de crise et d’incertitude politique aux États-Unis, « un nombre inquiétant de personnalités civiles tentent de mettre l’armée américaine à leurs côtés. »
Elle donne l’exemple de la présence du général Mark Milley, chef d’état-major des forces armées américaines aux côtés du président républicain Donald Trump lors d’une marche de la Maison-Blanche pour une séance de photos devant une église à Washington au mois de juin.
En effet, le général Milley s’est repenti rapidement et sans équivoque de sa participation à cette propagande électorale du président Trump. Dans ses excuses, le général a déclaré que, pour les membres des forces armées américaines, rester en dehors de la politique « peut être la chose la plus importante que chaque militaire doit faire chaque jour ».
Mais la pression monte contre cette norme. Dans le cadre de la Convention nationale républicaine, Trump a participé à une cérémonie avec la projection d’une vidéo qui présentait également des gardes de la marine et un assistant en uniforme du président républicain. Deux vidéos de la Convention nationale des démocrates de la semaine dernière présentaient également des militaires actuellement au service ou des militaires en retraite en uniforme jouant des rôles politiques importants.
Loin d’insister sur le principe de la neutralité des militaires dans les affaires intérieures du pays, certains des critiques du président Donald Trump font même appel aux forces armées pour obtenir leur aide.
Par exemple, dans une lettre ouverte publiée plus tôt ce mois-ci dans Defense One, John Nagl et Paul Yingling, deux lieutenants-colonels à la retraite de l’armée, ont appelé le général Milley à émettre des ordres de destitution de Trump s’il refusait d’accepter le résultat de l’élection en cas d’échec électoral face à son adversaire démocrate.
Mme Kori Schake écrit : « Tous ces événements sont dangereux, car l’appel aux armes de Nagl et Yingling était à la fois incendiaire et irréalisable. Incendiaire parce que, en vertu de la Constitution et des statuts de l’État fédéral, le pays dispose de mécanisme approprié pour destituer un président de ses fonctions.
Et peu pratique parce que le chef d’état-major est le principal conseiller militaire du président, mais ne commande aucune force opérationnelle et il est le chef de seulement 1500 militaires au Pentagone. »
D’après l’auteur de l’article, ce que les commandants militaires comprennent mais qui reste incompris pour les partisans de l’implication de l’armée dans les affaires politiques, c’est qu’une fois que les militaires consentiront à devenir un acteur politique, le public le considérera comme tel.
À ce stade, la crédibilité de l’armée aux yeux des citoyens tombera à celle des élus, des journalistes et des membres de la Cour suprême.
Une étude réalisée en 2012 par Golby, Kyle Dropp et Peter Feaver pour le « Center for a New American Security » a révélé que le soutien politique assuré par des personnalités militaires à la retraite n’augmente pas particulièrement le soutien du public à la personnalité politique en question, mais ils diminuent le respect du public pour l’armée en tant qu’institution.
En conclusion, Mme Kori Schake écrit : « Si les politiciens réussissent à manipuler l’armée à des fins politiques, la confiance du public américain dans l’armée diminuera. »
Source: PressTV