« Retrait d’Irak: le choix le plus difficile », tel est le titre d’un article paru le lundi 13 juillet sur le site du journal libanais Al-Akhbar qui s’attarde sur l’approche ambivalente des États-Unis. Les Américains parlent du retrait d’Irak, tout en essayant de contourner la résolution du Parlement irakien stipulant l’expulsion des troupes américaines de l’Irak de post-Daech.
« Au cours de sa visite, la semaine dernière en Irak, le commandant du CENTCOM (commandement central des États-Unis), le général Kenneth McKenzie, parlait clairement d’une présence permanente des soldats américains en Irak ; or, après le lâche assassinat, le 3 janvier à Bagdad, de deux commandants de la Résistance, le Parlement irakien a demandé l’expulsion des forces américaines de l’Irak. »
Le journal fait allusion par la suite à une partie des propos du général McKenzie, où il estimait probable que l’Irak demande bientôt le maintien des troupes américaines en Irak, afin de contribuer à la lutte contre Daech.
Il paraît que les États-Unis ont leur propre évaluation concernant le retrait d’Irak, écrit Al-Akhbar qui ajoute :
« Le général McKenzie se veut rassurant sur le fait que le gouvernement irakien va demander aux troupes US de rester en Irak. Étant donné que Bagdad et Washington ont tous les deux insisté sur l’attachement aux décisions issues du Parlement stipulant un calendrier de retour, ces déclarations ne devraient pas être interprétées comme étant un simple signal, mais beaucoup plus… »
Les lignes qui suivent résument l’article qui examine l’approche ambivalente américaine sous trois angles.
1- « Bagdad et Washington ont réitéré le mois dernier que les forces américaines ne cherchaient pas à construire/rester dans des bases permanentes, et pourtant, des autorités américaines prétendent vouloir rester en Irak pour affronter Daech.
Cela signifie que le retrait ne se fera pas en une seule étape et renforce l’hypothèse avancée par certaines sources, en ce sens que le calendrier de retour des forces américaines d’Irak pourrait couvrir une période de deux ans.
Ainsi, le Premier ministre Mostafa Al-Kazemi pourrait-il achever son mandat actuel sans parvenir à un ‘retrait complet’.
Certains disent même que l’aide américaine au Premier ministre irakien réside dans l’accomplissement de cette tâche pendant son mandat actuel, lui donnant d’ailleurs une motivation afin de briguer un second mandant, d’autant plus que les observateurs politiques disent que M. Al-Kazemi cherche lui aussi à ‘gagner un second mandat’.
2- La partie américaine ne va pas perdre facilement l’Irak. Les États-Unis s’attendraient à ce que tout retrait d’Irak leur garantisse un renforcement de l’influence politico-sécuritaire américaine dans ce pays.
Il est donc probable que les forces américaines maintiennent leur présence en Irak sous diverses couvertures telles que l’Alliance nord-atlantique, coalition internationale, consultations, sociétés de sécurité, etc.
Cela signifie qu’il n’y aura pas de retrait complet au sens littéral, mais plutôt une réorganisation de présence ou de repositionnement, dans un premier temps, afin que la deuxième étape puisse permettre d’“atteindre” certains objectifs ; et restreindre de manière décisive le champ d’action des Unités de mobilisation populaire (Hachd al-Chaabi).
L’achèvement de cette seconde phase serait suivi d’un retrait américain d’Irak, mais il va s’agir d’un retrait similaire à leur retrait en 2011.
3- Actuellement, plus de 5000 soldats américains sont déployés en Irak. Les deux administrations, américaine et irakienne, refusent d’en révéler le nombre réel et exact.
Washington cherche à les maintenir en Irak comme un facteur de ‘dissuasion contre l’influence iranienne’; mais en même temps, ces forces représentent des ‘proies faciles’ pour les forces de la Résistance (proches de Téhéran).
Le Pentagone a sérieusement peur d’avoir à subir des pertes en vies humaines en Irak ; il a donc tenté d’y instaurer l’équation du ‘sang contre sang’ en assassinant le général Qassem Soleimani [et le numéro deux des Hachd Abou Mahdi al-Mohandess].
À leurs antipodes, les forces de la Résistance n’ont, depuis, peur de rien. Par conséquent, l’équation instaurée par les États-Unis perd tout son sens.
Ceci dit, l’option de retrait ne sera pas facile pour les Américains, tandis que le coût de rester pourrait s’avérer encore plus lourd, d’autant plus que les forces de la Résistance ont implicitement montré leur préférence pour la confrontation militaire, plutôt que politique.
Ce qui s’est produit samedi 11 juilet à Diwaniya en dit long à ce sujet. Un convoi logistique américain a été pris pour cible de plusieurs explosions. Des sources disent que des hommes armés ont attaqué le convoi de blindés militaires américains, mais le Pentagone a préféré ne pas commenter les informations sur les coups durs portés à ses intérêts en Irak.
En effet, les évolutions sur le terrain traduisent en quelque sorte les complexités de la scène politique.
Ceux qui disent que l’éventualité du retrait américain d’Irak s’est affaiblie renforcent cette hypothèse que pendant les semaines à venir, une confrontation directe ou indirecte ne sera pas à exclure.
La réponse appartiendrait au Premier ministre Kazemi et son tout petit entourage qui tiennent toujours à ‘œuvrer en dehors du foyer d’attention’ et à réaliser un ‘équilibre’ entre Téhéran et Washington en Irak, comme un gage de réussite pour leur mandat actuel. »
Source: Avec PressTV