Une étude détaillée réalisée par le centre d’informations et d’études libanais U-Feed pointe du doigt, faits à l’appui, la responsabilité des Etats-Unis dans la crise économique que traverse le Liban, la pire dans toute son histoire. Intitulée « Terrorisme économique: les mesures américaines au Liban », elle expose leurs manœuvres infestes qui ne datent pas d’hier, certaines ayant été mises en œuvre depuis des décennies.
Entre temps, et pour mener à bien leur plans, ils ont durant ces décennies, corrompu une bonne partie de la classe politique libanaise, la reliant à leur intérêts, en échange de quoi elle devrait réaliser leurs desseins malveillants.
A la lumière de l’étude, il est clair que les Américains veuillent faire main basse sur les activités économiques les plus prolifiques et ceux du secteur public au Liban, dans le but de lui ôter ses atouts de force. Ce n’est certes pas par hasard qu’ils monopolisent l’armement et la formation de l’armée libanaise. De concert avec leurs alliés occidentaux et les monarchies du Golfe. Une politique très courante d’ailleurs dans la plupart des pays du Tiers-Monde qu’ils veulent maitriser.
La dollarisation et la supervision américaine
En tête de ces manoeuvres sur le plan économique figure la dollarisation de l’économie du pays du cèdre. Elle a été mise en exécution progressivement, depuis la fin de la guerre civile, avec les gouvernements dirigés par l’ex-Premier ministre Rafic Hariri. Depuis, la monnaie américaine est la seule utilisée dans les transactions commerciales et les opérations export-import. Depuis, toutes les transactions bancaires et individuelles sont supervisées par Bank Transfer Center, depuis New York .
Plu est-il que le billet vert a pendant longtemps été utilisé comme monnaie d’échanges, au côté de la livre libanaise, sur le marché local. Il ne le devrait plus aujourd’hui, les pénuries en dollars étant la nouvelle manoeuvre américaine.
Dans son dernier discours, le chef du Hezbollah sayed Hassan Nasrallah a mis l’accent dans les solutions qu’ils préconisées pour résoudre la crise économique et financière de mettre fin à cette dollarisation.
Décider qui investira au Liban: hydrocarbures surtout
Autre manoeuvre: les Américains voudraient décider qui peut ou ne peut pas investir au Liban.
A travers le plan CEDRE, proposé par les puissances occidentales et les monarchies du Golfe pour soi-disant redresser l’économie libanaise, « ils veulent imposer les sociétés qu’il leur est permis de travailler au Liban », estime l’étude.
Ceci est perceptible pour les gisements pétroliers et gaziers, en phase d’exploration dans les eaux territoriales libanaises.
« Ils y interdisent tous les investissements chinois, russes, indiens ou iraniens, voire mêmes certains pays du Golfe ».
Pour mieux les contrôler, « ils s’accaparent « la médiation » sur la question de la délimitation des frontières maritimes ». « En en réalité, les Américains monopolisent ces litiges afin de faire chanter le Liban non seulement pour lui soutirer l’arme des missiles de précision mais aussi afin de lui confisquer une partie de sa zone maritime, riche en hydrocarbures », assure l’étude.
Et de poursuivre qu’à chaque fois que « Washington dit qu’il faut faire sortir le Hezbollah du gouvernement, elle balise le terrain pour imposer les accords maritimes et terrestres qui puissent satisfaire à l’ennemi israélien d’une part et puis gagner les offres après le lancement des travaux d’exploration maritime des hydrocarbures de l’autre ».
Est cité l’exemple de la société américaine « Vantage Drilling », dont le siège se trouve au Texas et que les Américains ont imposée pour les opérations d’exploration du pétrole dans les deux blocs 4 et 9, « sous la pression et le chantage ». Sachant que le bloc 9 est celui que dispute l’entité sioniste qui exploite le gisement maritime avoisinant, dans les eaux territoriales palestiniennes occupées.
Contrôler la banque centrale et les banques privées
En outre, révèle l’étude de U-Feed, et dans ce qui semble être des manœuvres utilisées par les Américains ces temps-ci pour faire pression sur le gouvernement actuel: « ils exhortent les sociétés internationales à s’abstenir de traiter avec le Liban pour l’importation de carburant et de fuel ». Des pénuries ont eu lieu plusieurs fois. Et « ils interfèrent dans la manipulation des crédits consacrés par la Banque centrale du Liban aux hydrocarbures, également pour faire pression sur le gouvernement libanais ». Le peuple libanais aussi est mis sous pression.
L’étude revient aussi sur les mesures américaines qui ont été infligées aux banques libanaises ces dernières années.
« Ils leur ont imposé des conseillers financiers chargés de surveiller le mouvement des comptes et de les faire chanter afin qu’elles deviennent un outil de pression sur la résistance, son environnement et ses partisans ». L’étude cite l’exemple de la banque Jamal trust qui a dû fermer ses portes depuis quelques mois, en raison des sanctions américaines, au motif qu’elle traite avec le Hezbollah.
La politique des taux d’intérêts élevés et Goldman Sachs
Insidieusement, ils avaient auparavant et pendant longtemps couvert la politique des taux d’intérêt élevés suivie par le gouverneur de la banque centrale. Cette politique a joué un rôle décisif dans l’effondrement économique actuel. En paralysant profondément les secteurs productifs, et en occasionnant un taux de chômage important au sein de la population active.
En revanche, Washington n’a pas manqué de faire profiter à ses banques de cette politique. « Sous prétexte de soutenir la stabilité financière, la banque américaine Goldman Sachs a placé au Liban un dépôt bancaire de 1,4 milliard de dollars avec des taux d’intérêt de 13% », que le contribuable libanais est censé payer. « Une situation sans pareil partout ailleurs dans le monde », déplore l’étude.
« Sachant que Goldman Sachs est une banque connue pour ses malversations sur les marchés financiers, et ses arnaques qui lui permettent de récolter des gains astronomiques, surtout dans les pays en voie de développement » révèle-t-elle aussi.
Assécher le marché libanais des dollars
Toujours selon cette dernière, la manipulation du taux de change de la livre libanaise par rapport au dollar américain, qui ravage ces temps-ci le marché libanais, est le fruit d’une décision américaine, de concert avec le gouverneur de la Banque du Liban. Elle a pour but d’assécher le marché libanais du dollar.
« Les banques sont désormais le fer de lance de l’administration américaine dans le domaine financier et économique », estime l’étude. Selon laquelle les opérations de retrait de dollars américains en grandes quantités, du marché libanais, puis leur expatriation est également une manœuvre américaine, qui se complète avec l’interdiction de faire entrer le billet vert au Liban.
L’électricité du Liban pour une société américaine
Il semble que même pour le secteur de l’électricité qui a couté une somme astronomique au budget libanais, sans jamais parvenir à mettre fin aux pénuries, ce sont aussi les Etats-Unis qui ont toujours dressé des obstacles lorsque des pays amis du Liban ont fait part qu’ils étaient disposés à le faire marcher. « Il s’est avéré aujourd’hui qu’ils veulent que ce secteur soit concédé à la société américaine General Electric », révèle l’étude.
Une situation que l’on retrouve en revanche partout dans le monde, où les Etats-Unis se sont proclamés, au nom du libéralisme, le chantre de la confiscation des sociétés du secteur public en faveur des grandes sociétés multinationales. Provoquant l’affaiblissement des Etats, et finalement leur soumission à leur diktat.
Une situation qu’ils semblent vouloir infliger au Liban et à la Syrie aussi. En mettant en place la Loi César contre Damas, « leur but ultime est sans aucun doute de fermer les frontières entre le Liban et la Syrie », devine l’étude.
Elle conclut que nul doute qu’à travers le terrorisme économique, les USA ont dument poussé le Liban vers sa crise économique afin qu’il tombe dans les bras du Fonds monétaire international.
« Ce ne sera pas la baguette magique. Le recours au FMI approfondira les crises économique et sociale, paralysera le développement, haussera le taux de chômage qui dépasse aujourd’hui les 40% et aggravera la pauvreté qui touche déjà un million de libanais », a-t-elle prévenu.
Pire encore, a-t-elle averti, « le Liban et sa souveraineté seront entièrement dépendants du FMI, ce qui fait partie des politiques américaines d’hégémonie sur les Etats ».