Des dizaines de millions de personnes en France et en Espagne ont commencé lundi à retrouver une partie de leur liberté de mouvement mais la crainte d’une deuxième vague reste entière au moment où le coronavirus resurgit en Corée du Sud et à Wuhan.
Port du masque obligatoire dans les transports, distanciation sociale de rigueur, appels à continuer à privilégier le télétravail : les gouvernements ont tâché de favoriser une reprise en douceur après deux mois d’activité au point mort.
Mais lundi matin, le métro parisien affichait une affluence quasiment similaire à celle des jours d’avant le confinement. « Ca va être impossible », estime Brigitte, une voyageuse de la ligne 2 desservant le centre de la capitale française.
L’espoir et la joie de renouer avec un semblant de vie sociale sont cependant bien présents dans ces deux pays parmi les plus endeuillés par la pandémie qui a fait plus de 280.000 morts dans le monde depuis son apparition fin 2019 en Chine.
« Ce dont je me réjouis le plus c’est de revoir les amis, et pas sur un écran, nous retrouver chez l’un d’entre nous ou à une terrasse », confie Beatriz Gonzalez, 66 ans, une universitaire vivant à Las Palmas, aux Canaries.
Partout, la vigilance est de mise alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) redoute une deuxième vague de la pandémie qui a conduit au confinement de plus de la moitié de l’humanité et plongé l’économie planétaire dans une récession record.
« Ennui mortel »
En Corée du Sud, où l’épidémie avait été jugulée, la capitale Séoul a ordonné des fermetures des bars et discothèques après une résurgence du Covid-19. Malgré ces mesures adoptées dès ce week-end, 35 nouveaux cas ont été recensés lundi.
A Wuhan, la ville chinoise où le virus avait commencé à frapper, les autorités ont annoncé un nouveau cas dimanche et cinq lundi, après plus d’un mois de répit à la suite d’un confinement draconien.
Le parc Disneyland de Shanghai a toutefois rouvert ses portes lundi. « Même si beaucoup d’attractions restent fermées, nous sommes très impatientes », glisse une visiteuse à l’entrée du parc, accompagnée d’une fillette de cinq ans. « Nous avons passé deux mois enfermées, c’était d’un ennui mortel ».
En Allemagne, souvent citée en exemple pour l’efficacité de sa gestion de la crise, le seuil critique de 50 nouvelles contaminations pour 100.000 habitants a été franchi dans trois cantons.
Dans ce contexte, le Premier ministre britannique Boris Johnson, lui-même rescapé du Covid-19, a annoncé dimanche prolonger au moins jusqu’au 1er juin le confinement dans son pays, le deuxième plus touché au monde avec près de 32.000 morts.
Le Royaume-Uni veut instaurer une période de quarantaine obligatoire pour les voyageurs arrivant au Royaume-Uni par avion.
« Sauvez des vies »
En France, le confinement strict et sans précédent imposé à la population depuis le 17 mars semble avoir porté ses fruits : le bilan quotidien des décès est tombé dimanche soir à 70, le chiffre le plus bas depuis cette date.
Mais avec un bilan total de plus de 26.000 morts, l’un des plus lourds au monde, les dirigeants ont appelé à la prudence.
« Grâce à vous, le virus a reculé. Mais il est toujours là. Sauvez des vies restez prudents », a ainsi tweeté le président Emmanuel Macron.
Sa décision de rouvrir les écoles suscite toutefois inquiétudes et critiques, encore exacerbées par l’apparition de trois nouveaux foyers de contamination dans des secteurs jusqu’alors considérés comme parmi les plus sûrs.
En Espagne, afin de limiter les risques de propagation, seule une partie du pays est déconfinée lundi. Plusieurs grandes villes, comme Madrid et Barcelone, restent soumises à de sévères restrictions dans ce pays qui est aussi l’un des plus touchés avec plus de 26.000 morts.
La Ligue espagnole de football a fait état dimanche de huit cas positifs au coronavirus, mais son président Javier Tebas espère pouvoir reprendre le championnat le 12 juin.
Des tests de dépistage révèlent des cas dans différents championnats, notamment en Allemagne, où une reprise à huis-clos est également prévue.
Etudiants réquisitionnés
Aux Etats-Unis, pays le plus endeuillé avec près de 80.000, les conseillers économiques du président Donald Trump ont défendu la possibilité de faire redémarrer l’économie des Etats-Unis.
Ces derniers jours, deux employés de la Maison Blanche – un militaire qui est au service du président et la porte-parole du vice-président Mike Pence – ont été testés positifs au virus.
Washington a cependant démenti des informations selon lesquelles Mike Pence se serait placé en quarantaine.
En Russie, où plus de 10.000 cas sont répertoriés quotidiennement, la réquisition d’étudiants en médecine fait grincer des dents. « Ceux qui n’iront pas, n’auront pas leur attestation et risquent l’exclusion », s’agace Svetlana, élève en 6e année à Moscou.
L’Inde a commencé son processus de déconfinement, mais interdit toujours de se déplacer entre Etats, ainsi que les vols nationaux et internationaux.
Le pays compte plus de 2.100 morts, mais selon les épidémiologistes, le pic n’y sera pas atteint avant juin ou juillet. Son réseau ferroviaire, l’un des plus vastes du monde, doit voir reprendre le trafic progressivement à partir de mardi.
En Europe, plusieurs musées ont commencé à collecter des objets documentant le confinement. « Il faut garder une trace de cet événement pour pouvoir expliquer dans 100 ans ce qui s’est passé », explique Sarah Lessire, coordinatrice d’un projet en Belgique.
Source: AFP