Appuyés et financés par les Emirats arabes unis, les représentants du Conseil de transition du Sud (STC) ont déclaré, dimanche 26 avril, depuis Abou Dhabi, l’autonomie de la partie sud du pays, brisant l’accord de paix parrainé fin 2019 par l’Arabie avec le gouvernement démissionnaire pro-saoudien, a rapporté le site AlQuds al-Arabi.
Cette annonce a dévoilé les plans d’Abou Dhabi visant à démembrer le Yémen et coinçant de plus en plus Ryad, qui dirige une coalition militaire depuis 2015, sous prétexte de faire renvoyer au pouvoir le gouvernement du président démissionnaire Abed Rabbo Mansour Hadi.
Le Conseil de transition du Sud (STC) a accusé le gouvernement démissionnaire pro-saoudien de ne pas avoir rempli ses obligations et d’avoir « conspiré » contre la cause du Sud, et a déclaré que l’autonomie avait commencé à 00H00 dans la nuit de samedi à dimanche.
« Le STC déclare l’autonomie dans le sud à partir de minuit le samedi 25 avril 2020, et un comité d’autonomie commencera ses travaux sur la base d’une liste de tâches assignées par la présidence du Conseil », ont déclaré les séparatistes dans un communiqué.
Un accord entre le gouvernement démissionnaire yéménite et le STC avait été signé le 5 novembre à Ryad, après la prise de contrôle d’Aden par les séparatistes. Il prévoyait, selon des sources politiques yéménites et saoudiennes, d’intégrer des membres du STC au gouvernement, et en contrepartie le retour de celui-ci à Aden (sud).
Ce pacte a toutefois vite été jugé caduc, en raison de la non application dans les temps de mesures clés, notamment la formation d’un tel gouvernement.
Déploiements massifs de forces du STC à Aden
Peu après l’annonce de cet accord dimanche, des habitants d’Aden ont fait état de déploiements massifs de forces du STC dans la ville.
Une source séparatiste a déclaré à l’AFP que des postes de contrôle avaient été établis « dans toutes les installations gouvernementales, y compris la banque centrale et le port », alors que des véhicules militaires sillonnent la ville avec des drapeaux du mouvement.
Six provinces méridionales rejettent l’autonomie du sud
Signe que le paysage politique sudiste est complexe, certaines villes ont toutefois déclaré qu’elles ne reconnaissaient pas l’appel à l’autonomie.
Six des huit provinces méridionales ont rejeté l’annonce du STC et ont annoncé leur soutien au président démissionnaire Abed Rabbo Mansour Hadi. Il s’agit des provinces de Hadramout, Chabwa, Abyan, Socotra, Lahej et Mohra.
La rupture entre les ex-alliés intervient alors que la coalition dirigée par l’Arabie saoudite est empêtré dans le bourbier yéménite face aux forces de l’armée et d’Ansarullah qui contrôle le nord du pays et la capitale Sanaa.
Cette coalition a causé la mort des dizaines de milliers de civils yéménites et la destruction de l’infrastructure de ce pays le plus pauvre de la péninsule arabe.
Paralysie du secteur de industriel
Dans ce contexte, la directrice du Département du développement au ministère de l’Industrie et du Commerce, Bushra Al-Shaibani, a déclaré à la télévision AlMasirah que la coalition saoudienne a détruit de manière systématique le secteur industriel au Yémen.
Mme Al-Shaibani a affirmé que « 75% des usines installations industrielles ont été bombardés par la coalition dirigée par l’Arabie, depuis 2015 ».
Elle a souligné qu’ « entre 200 et 229 usines, et installations industrielles, ont été totalement détruites ou endommagées par la coalition ».
Et d’ajouter : « plus de 300 ouvriers ont été tués pendant l’exercice de leur travail et des centaines d’autres ont été blessés ou handicapés suite aux frappes saoudiennes ».