La guerre de l’information bat son plein entre le Royaume d’Arabie Saoudite et la Turquie. Les deux pays bloquent réciproquement leurs sites d’information. En gros près d’une centaine de sites. A ce blocage inédit s’ajoute une guerre cybernétique qui fait rage entre les deux pays. Deux sociétés d’espionnage cybernétiques israéliennes sont de la partie. L’agence de presse officielle turque Anadolu est totalement bloqué en Arabie Saoudite.
Ce blocage est très vite suivi par celui de plusieurs dizaines de sites officiels turcs ou pro-turcs.
La riposte d’Ankara est assez prompte: l’agence de presse officielle saoudienne Saudi Press Agency (SPA), le journal Al-Hayat basé à Londres et propriété du Prince Khaled Ben Sultan ainsi que des dizaines d’autres sites d’information d’expression turque pro-saoudiens sont systématiquement censurés en Turquie pour des raisons de « sécurité nationale ».
Les bataillons de cyberguerre et les fermes à trolls fonctionnent à plein régime des deux côtés. La propagande également. L’enjeu des guerres en cours en Libye, en Syrie et au Yémen est devenu primordial. C’est de bonne guerre et on évoque les vieilles inimitiés de la grande Révolte Arabe contre les Ottomans en 1917 tandis que les turcs s’insurgent contre l’abolition du Califat Ottoman qu’ils attribuent en premier lieu à la révolte et ce qu’ils qualifient de « trahison » des Arabes.
En gros plan, les deux pays se battent pour le leadership du monde musulman et là, l’enjeu est immense.
En renfort des bataillons de cyberguerre, des logiciels de la société d’espionnage israélienne (NSO) est présente de chaque côté. C’est de bonne guerre. Les deux puissances régionales ne pouvaient que croiser le fer tant la montée fulgurante de l’influence turque (aussi bien en matière de « Soft Power » que de « Hard Power ») a mis à mal la formidable influence financière saoudienne.
Les deux pays sont de précieux alliés de Washington et il semble que la guerre d’abord souterraine puis ouverte qui fait rage entre l’État profond américain et l’administration du président Donald Trump ait convaincu le président turc Tayyip Recep Erdogan et le puissant Prince héritier Saoudien Mohamed Ben Salmane ou MBS à se positionner tout en poursuivant des stratégies parallèles visant à parer au pire en cas d’une victoire de l’un ou l’autre camp aux États-Unis mais surtout à faire avancer leurs pions.
Les tensions entre l’Arabie Saoudite et la Turquie ne cessent de s’aggraver pour atteindre un seuil critique. Au-delà d’un important clivage idéologique, Ankara et Riad semblent engagé dans un immense bras de fer géostratégique et leur rivalité ne cesse de se manifester de Tripoli en Libye jusqu’en Malaisie.
Source : Strategika5