« Oui oui pour l’Irak,.., non non non aux USA,.., Bagdad est libre », ce sont les cris de colère qui ont été entendus lors de la séance parlementaire extraordinaire convoquée à Bagdad ce dimanche 5 janvier, pour se prononcer sur les sort de l’accord sécuritaire conclu avec les Etats-Unis.
Depuis l’assassinat du chef de la force al-Quds du Corps des gardiens de la révolutin iranienne, le général Qassem Soleimani et du numéro deux du Hachd al-Chaabi, Abou Mahdi al-Mohandes, un consensus rare contre les Etats-Unis prend de plus en plus d’ampleur en Irak. Alors que les manifestations qui avaient secoué ce pays depuis le début du mois d’octobre étaient censées soulever l’opinion publique contre l’Iran.
Ce consensus s’est traduit par des menaces de s’en prendre aux bases américaines dans ce pays et par des demandes incessantes exprimées par les plus importants blocs parlementaires en faveur du départ des soldats américains.
Ingérences US et violations de la souveraineté
En plus du raid américain perpétré dans la nuit de jeudi à vendredi derniers sur son sol, au cours duquel 4 autres iraniens et 4 autres irakiens ont péri, les Américains effectuent régulièrement des frappes contre des positions du Hachd al-Chaabi, ces unités de mobilisation populaires qui ont combattu Daech et l’ont vaincu avec l’aide d’experts iraniens, à leur tête le général Soleimani. Ces frappes américaines se font à l’insu des autorités irakiennes, le gouvernement de Adel Abdel Mahdi les ayant plusieurs fois déplorées. Comme cela a été le cas le mois dernier, lorsqu’un raid américain a tué 25 combattants du Hachd dans la région frontalière avec la Syrie Qaëm-Boukamal. Ce à quoi, des membres et des partisans du Hachd ont répliqué en se dirigeant vers l’enceinte de l’ambassade, menaçant de l’attaquer. Entre les deux évènements, une attaque contre une base américaine à Kirkouk avait couté la vie à un sous-traitant, selon la version américaine des faits.
De surcroit, et sous la couverture de leurs alliés en Irak, les Etats-Unis œuvrent pour changer le gouvernement irakien et imposer leur candidat à sa tête, bouleversant ainsi les résultats du scrutin législatif de mai 2019.
Les Américains en veulent à Adel Abdel Mahdi d’avoir refusé de fermer la porte à l’Iran,
La goutte d’eau et l’expulsion des forces US
Avec l’assassinat de Soleimani et de Mohandes, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Et le Parlement irakien a réclamé ce dimanche l’expulsion des troupes américaines.
Deux versions sont véhiculées sur ce qui s’est passé au sein de l’enceinte parlementaire irakienne.
Celle de l’AFP, selon laquelle le quorum n’a pas été établi : sur les 329 députés convoqués, une cinquantaine de députés kurdes n’était pas là, ainsi qu’un certain nombre de députés sunnites et chiites
Celle de la télévision iranienne arabophone al-Alam, selon laquelle le quorum a été bel et bien établi par la présence de 168 députés. Et la résolution a été annoncée.
« Le gouvernement irakien se doit d’annuler la demande d’aide auprès de la Coalition internationale pour combattre le groupe Daech et ce en raison de la fin des opérations militaires et armées en Irak… », est-il exigé dans le texte de la résolution.
Il y est aussi réclamé de mettre fin à la présence de forces étrangères sur le sol irakien et de leur interdire d’utiliser le sol, les eaux et les airs irakiens.
La résolution insiste sur la nécessité de porter plainte contre les Etats-Unis auprès des Nations unies et au Conseil de sécurité pour « violations graves de la souveraineté et de la sécurité de l’Irak ».
Les factions irakiennes menacent les USA
Au cas où le texte n’était pas passé au sein du parlement, les factions irakiennes semblent aussi préparer ses alternatives.
« Si le Parlement ne prend pas la décision qu’il faut face aux agressions américaines contre la souveraineté (…) ses séances et ses décisions ne vaudront plus rien », a prévenu Qaïs al-Khazali, le chef des Brigade Ahl Al-haq, une faction des Hachd.
Les Brigades du Hezbollah, une autre faction du Hachd, avaient auparavant fixé leur propre échéance, appelé leurs combattants à se « tenir prêts », et les soldats irakiens à s’éloigner « d’au moins 1.000 mètres » des sites où sont présents des soldats américains à partir de 14H00 GMT.
Une menace que le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a prise assez au sérieux pour dénoncer sur Twitter un appel lancé par « des voyous », d’apres l’AFP.
Et Moktada Sadr aussi
En dehors du Hachd, le leader Moqtada Sadr, terreur des Américains durant l’occupation de l’Irak (2003-2011) a lui aussi rejoint la fronde, réactivant sa faction qui compte selon certaines sources quelque 5 millions de membres.
Ce dimanche il a appelé toutes les factions de la résistance à l’intérieur et à l’extérieur de l’Irak à une réunion immédiate.
Selon lui, il faut a tout prix renoncer à l’accord sécuritaire conclu avec les Etats-Unis et fermer l’ambassade des Etats-Unis et les bases américaines et les expulser de l’Irak non sans humiliation. Il a aussi insisté sur la nécessité de pénaliser tout contact avec le gouvernement américain.
Avant l’annonce de cette décision, par le chef du parlement, Mohammed al-Halboussi , le Premier ministre démissionnaire Adel Abdel Mahdi a dénoncé « un assassinat politique » de Soleimani et de Mouhandes, qui ne laisse plus que deux choix: « appeler les troupes étrangères à partir immédiatement ou revoir leur mandat par un processus parlementaire ».
Incertitude toutefois : la « décision aurait été adoptée! » sans vote, constate l’AFP.
Source: Divers