Donald Trump a renoncé à sa menace contre l’Iran de lui faire payer le « prix fort » après l’attaque de l’ambassade des Etats-Unis à Bagdad par des milliers de manifestants au cri de « mort à l’Amérique ».
« L’Iran sera tenu pleinement responsable des vies perdues ou des dégâts occasionnés dans nos installations. Ils paieront LE PRIX FORT! », a en premier lieu prévenu dans un tweet le président des Etats-Unis. « Ceci n’est pas une mise en garde, c’est une menace », a ajouté M. Trump.
Quelques minutes après cette menace, le président américain a affirmé qu’il ne s’attendait pas à une guerre contre l’Iran.
« Je ne vois pas cela se produire », a répondu M. Trump à un journaliste qui l’interrogeait sur la possibilité d’une guerre contre la république islamique.
« J’aime la paix », a-t-il ajouté depuis sa résidence de vacances en Floride (sud-est des Etats-Unis).
750 soldats US supplémentaires « dans la région »
Pour sa part, le secrétaire à la Défense Mark Esper a annoncé que quelque 750 soldats américains supplémentaires allaient être déployés « immédiatement » au Moyen-Orient « en réponse aux événements récents en Irak ».
Et le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a prétendu que l’attaque lancée mardi contre l’ambassade des Etats-Unis était l’œuvre de « terroristes ».
L’attaque « a été orchestrée par des terroristes – Abu Mahdi al-Muhandis et Qaïs al-Khazali – et soutenue par des alliés de l’Iran, Hadi al-Ameri et Faleh al-Fayyad », a tweeté M. Pompeo. « Tous ont été pris en photo devant notre ambassade », a-t-il écrit en joignant trois photographies.
Pour sa part, Téhéran a dénoncé « la surprenante audace » de Washington.
Dimanche soir, les avions américains ont bombardé les bases des Brigades du Hezbollah, une faction des Hachd Chaabi qu’ils accusent d’être derrière les tirs de roquettes contre les bases US, tuant 25 combattants et suscitant une indignation générale jusqu’au plus haut niveau de l’Etat irakien.
Soleimani mon chef
Mardi 31 décembre, c’est le cortège funéraire de ces 25 morts qui a convergé vers l’ambassade américaine à Bagdad, avant que des milliers de ses participants ne s’en prennent au bâtiment avec des béliers de fortune, des barres de fer et autres cocktails Molotov.
Ils ont ensuite investi le vestibule où la sécurité de l’ambassade filtre habituellement les visiteurs, brûlé des installations à l’extérieur, arraché les caméras de surveillance, jeté des pierres sur les tourelles de ses gardes et couvert les vitres blindées avec des drapeaux de l’Irak, du Hachd et des brigades du Hezbollah.
Les protestataires endeuillés ont laissé des graffitis sur les murs de l’ambassade: « Non à l’Amérique », « Fermé sur ordre du peuple », peut-on y lire.
De même que: « Soleimani est mon chef », en référence au puissant général iranien Qassem Soleimani.
Dans la nuit de mardi à mercredi 1 Janvier 2020, des centaines de partisans du Hachd maintenaient toujours un sit-in aux abords de l’ambassade.
Depuis l’intérieur de l’ambassade, les forces américaines ont brièvement tiré en l’air à balles réelles avant d’utiliser des grenades lacrymogènes et assourdissantes pour disperser les manifestants. Le Hachd a fait état de 62 blessés.
Washington a d’abord haussé le ton, réclamant à Bagdad de « protéger l’ambassade » et prévenant que les Etats-Unis étaient prêts à « défendre leurs ressortissants ».
Le Pentagone a envoyé sur place des Marines en renfort, arrivés rapidement en hélicoptère dans l’enceinte du gigantesque complexe.
Eviction des troupes étrangères
Ces deux derniers jours, plus d’une centaine de députés ont signé un appel à inscrire l’éviction des troupes étrangères d’Irak à l’ordre du jour du Parlement.
Les factions du Hachd, qui ont lutté et vaincu Daesh, appellent régulièrement à dénoncer l’accord de coopération américano-irakien qui encadre la présence de 5.200 soldats américains en Irak.
Mardi a marqué « la première leçon » pour « Trump qui a commis une grande folie », ont prévenu les brigades du Hezbollah. « La seconde leçon sera la loi qui boutera les forces d’occupation » d’Irak.
« La riposte visant les bases américaines ne fait pas de doute. Les ‘miliciens pro-iraniens’ réagiront d’une manière ou d’une autre et leur réaction pourrait conduire à de nouvelles tensions entre les États-Unis et leurs ennemis irakiens », ont déclaré à Reuters deux militaires américains ayant requis l’anonymat.
« Je pense qu’elles (les brigades des Hachd al-Chaabi) se vengeront », a déclaré l’un de ces deux militaires à l’agence britannique qui ajoute : « On craint que les récents incidents ne conduisent à un cycle de vengeance », a déploré l’autre militaire qui reconnait l’incapacité des troupes US à « tenir trop longtemps si les ‘miliciens’ se mettaient à nous attaquer de toute part ».
Sadr : si les USA ne se retirent pas, on agira autrement
Par ailleurs, le haut dignitaire irakien Moqtada al-Sadr a déclaré qu’il était disposé à travailler avec les Unités de mobilisation populaire (Hachd al-Chaabi) pour mettre fin à la présence militaire américaine en Irak par des moyens politiques et juridiques.
Le chef du mouvement Sadr a averti qu’il « agirait autrement » et prendrait d’autres mesures en coopération avec ses rivaux pour expulser les troupes américaines si les moyens politiques et juridiques ne fonctionnaient pas.
Sources: AlManar + AFP + PressTV