Le président turc Recep Tayyip Erdogan a effectué mercredi 25 décembre une visite surprise à Tunis, où il a évoqué avec son homologue tunisien le conflit en Libye et les tensions régionales suscitées par un renforcement de la coopération entre Ankara et le gouvernement libyen d’union.
Erdogan, qui a rencontré pour la première fois le président Kais Saied, entré en fonctions le 23 octobre, a déclaré lors d’une conférence de presse avoir évoqué la coopération avec la Tunisie pour aider à un règlement du conflit libyen.
« Nous avons discuté des moyens de coopérer pour parvenir à un cessez-le-feu en Libye dans le cadre de la relance du processus politique », a dit le président turc, dont le pays appuie militairement le gouvernement d’union (GNA), reconnu par l’ONU.
« L’impact des développements négatifs en Libye ne se limite pas à ce pays mais touche aussi les pays voisins, en tête desquels la Tunisie », a ajouté M. Erdogan.
Erdogan a par ailleurs appelé la Tunisie, mais aussi le Qatar et l’Algérie à participer à la conférence internationale sur la Libye que doit organiser l’ONU début 2020 à Berlin.
De son côté, Kais Saied a souligné « la complexité accrue » de la crise libyenne, et évoqué « le soutien du président Erdogan à une initiative tunisienne sur la Libye.
Annoncée lundi par M. Saied dans un communiqué, cette initiative appelle « tous les Libyens à s’asseoir à la table des négociations pour parvenir à une formule de sortie de crise ».
La Tunisie partage une longue frontière avec ce pays plongé dans le chaos et accueille des milliers de Libyens depuis la révolte ayant conduit à la chute de Mouammar Kadhafi en 2011.
La Libye est déchirée entre deux pouvoirs rivaux: le GNA, basé à Tripoli (ouest), et dans l’est un pouvoir incarné par le général Khalifa Haftar, qui a lancé début avril une offensive pour conquérir la capitale.
Celui-ci est soutenu par l’Arabie saoudite, l’Egypte et les Emirats arabes unis, des pays avec lesquels la Turquie entretient des relations tendues.
Soutien militaire « si nécessaire »
La Turquie a été critiquée pour avoir conclu le mois dernier un accord militaire avec le GNA, ainsi qu’un accord maritime, également en novembre. Ce dernier accord vise à étendre les frontières maritimes de la Turquie et a notamment été dénoncé par la Grèce. Sur ce point, le chef de l’État turc a critiqué la position d’Athènes. « La Grèce n’a pas son mot à dire dans ce domaine », a-t-il lancé.
Sur la Libye, commentant les informations faisant état de la présence de mercenaires soudanais et russes aux côtés des forces pro-Haftar, M. Erdogan a déclaré: « Je me demande ce qu’ils font en Libye et à quel titre ces 5.000 Soudanais et ces 2.000 autres de la compagnie russe Wagner s’y trouvent.Qu’ont-ils à faire sur place et quelles sont leurs connexions? »
« Si la Turquie est invitée (à envoyer des troupes en Libye), nous accepterons l’invitation car nous au moins nous avons un accord » avec le GNA, a prévenu M. Erdogan.
Dimanche, le président turc avait déjà déclaré que son pays augmenterait son soutien militaire à Tripoli si nécessaire, et sous toutes ses formes.
« Nous évaluerons tous les types de soutien militaire, y compris au sol, sur mer et dans les airs si nécessaire », avait dit le dirigeant turc.
Source: Agences