En visite privée à Paris la semaine dernière, le fils du roi Salman souhaitait s’entretenir avec le candidat de la droite à l’élection présidentielle. Mais François Fillon n’a pour l’instant pas donné suite.
François Fillon, le candidat des Républicains à la présidence de la République, n’a pas accédé à la demande du prince Mohammed Ben Salman, ministre de la Défense et vice-prince héritier d’Arabie saoudite, de le rencontrer la semaine dernière à Paris.
«Nous avons effectivement reçu plusieurs demandes émanant de plusieurs sources pour que le prince rencontre François Fillon, mais nous n’y avons pas répondu, pour l’instant», a confirmé au Figaro l’entourage du vainqueur de la primaire à droite.
Surnommé MBS, le ministre de la Défense, qui est également le fils le plus écouté du roi Salman, est resté plusieurs jours la semaine dernière en visite privée à Paris, avant d’en repartir.
Les autorités saoudiennes, qui avaient plutôt misé sur Alain Juppé, sont embarrassées par la perspective d’une élection de François Fillon à la présidence de la République.
Au cours de la campagne, celui-ci a multiplié les déclarations dénonçant le rôle de l’Arabie dans la propagation de la pensée wahhabite à travers le monde, et notamment en France.
Les craintes saoudiennes sont renforcées par le fait que François Fillon pourrait nommer Bruno Le Maire, ministre des Affaires étrangères.
Celui-ci ne cache pas, non plus, sa volonté de rééquilibrer les relations de la France avec les monarchies du Golfe – le Qatar et l’Arabie, en particulier.
François Fillon et Bruno Le Maire estiment que la France doit avoir une diplomatie moins tournée vers les monarchies du Golfe, afin d’y réintégrer pleinement l’Iran.
L’agacement de l’Élysée
Sous François Hollande, Riyad avait été promu au rang de «partenaire stratégique» de la France dans le Golfe.
La France et l’Arabie convergent sur de nombreux dossiers diplomatiques, la Syrie en premier lieu où les deux pays s’activent pour faire chuter Bachar el-Assad.
Mais ces derniers mois, un certain agacement était perceptible aussi bien à l’Élysée qu’au Quai d’Orsay, où l’on déplore que les promesses de contrats avec l’Arabie ne se soient pas concrétisées.
«L’Arabie a tourné la page de François Hollande», observe un homme d’affaires, familier du Golfe.
Le prince Mohammed Ben Salman a boudé un récent rendez-vous pris avec Jean-Marc Ayrault, le chef de la diplomatie française.
«Que François Fillon fasse attendre MBS, quelle ironie», sourit un diplomate, qui rappelle que d’habitude ce sont les dirigeants saoudiens qui font patienter de très longues heures à Riyad leurs homologues français.
Avec LeFigaro