En soutien au chef de l’Etat libanais, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées dimanche à Baabda, au sud-est de la capitale, sur la route menant au palais présidentiel, brandissant des drapeaux libanais et les étendards orange aux couleurs du parti de M. Aoun, le Courant patriotique libre (CPL), a constaté un photographe de l’AFP.
La foule compacte s’étalait sur près de deux kilomètres, d’après le photographe. Certains participants étaient vêtus en orange, d’autres brandissaient des portraits du président de 84 ans.
« J’appelle tout le monde à l’union », a lancé M. Aoun dans une courte allocution à l’intérieur du palais, retransmise sur des écrans et reprise par les télévisions, s’adressant à ses partisans mais aussi aux contestataires, refusant de voir se dérouler « une manifestation contre une autre manifestation ».
« Nous avons mis en place une feuille de route » pour lutter contre la corruption, redresser l’économie et établir un Etat civil, a rappelé le président vêtu d’un cardigan bleu marin sur une chemise au col ouvert, avertissant que ce ne sont pas des réformes « faciles à concrétiser ».
« Réformiste et sincère »
« Nous avons besoin de vos efforts », a lancé le général à la retraite, qui dirigeait autrefois l’armée, s’adressant à ses partisans et aux contestataires.
Les partisans de M. Aoun ont dénoncé les manifestations anti-pouvoir qui, depuis le 17 octobre, réclament le départ de la classe politique, exigeant notamment celui du président et la dissolution du Parlement.
« Le général Aoun est un homme réformiste et sincère, ce n’est ni un corrompu ni un voleur, nous sommes là pour lui dire +on est avec toi et on restera avec toi quoi qu’il arrive+ », a confié à l’AFP une manifestante, Diana.
« Il y a de la corruption au sein de l’Etat depuis 30 ans, le président n’en est pas responsable, il essaye de lutter contre », a assuré la quadragénaire.
Tout au long du soulèvement, le gendre du président et chef du CPL, le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil, a été critiqué avec virulence par les contestataires. Dimanche, il s’est offert un bain de foule à Baabda avant de prononcer lui aussi un discours.
« Dimanche de l’unité »
Sous le slogan du « dimanche de l’unité », de nouvelles manifestations anti-pouvoir sont aussi attendues dans tout le Liban.
Samedi soir, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées à Tripoli, où la mobilisation a attiré des Libanais de tout le pays.
Ces derniers jours, le pays a néanmoins retrouvé un semblant de normalité avec la réouverture des banques et des écoles, fermées pendant deux semaines. Les barrages routiers, installés par les contestataires pour gêner les autorités, ont été progressivement levés.
Le soulèvement a mobilisé des dizaines de milliers de Libanais à travers plusieurs régions et entraîné mardi dernier la démission du gouvernement –qui continue toutefois de gérer les affaires courantes.
Il s’agissait d’une des demandes des contestataires, qui réclament une nouvelle équipe ministérielle composée de technocrates.
Confrontés à une économie en panne, les Libanais sont exaspérés par l’absence de services publics dignes de ce nom, avec de graves pénuries d’eau et d’électricité, et une gestion archaïque des déchets.
Ces dernières années, la croissance économique s’est tassée. Elle devrait atteindre 0,2% en 2019, selon le Fonds monétaire international (FMI), contre plus de 10% en 2009.
Source: Avec AFP