La coopération entre la Chine et la Russie dans le domaine de la sécurité est une pierre angulaire du maintien de la paix dans le monde, a déclaré le ministre chinois de la Défense, Wei Fenghe, dans son discours au neuvième forum de Xiangshan, aujourd’hui considéré comme un lieu incontournable du dialogue sur la sécurité et la défense pour la région d’Asie-Pacifique.
La déclaration de Wei Fenghe au Forum de Xiangshan reflète un tout autre niveau de coopération militaire entre la Russie et la Chine, et le fait que Moscou aide Pékin à mettre en place son système d’alerte d’attaque par missile en est la preuve, estime dans un entretien accordé à Sputnik Igor Chatrov, directeur adjoint de l’Institut national russe du développement de l’idéologie contemporaine.
Une nouvelle alliance militaire?
«Une période historique est arrivée où la Chine et la Russie ne peuvent plus ne pas déclarer haut et fort leur alliance dans le domaine militaire, bien que cette alliance ne soit pas encore juridiquement formelle», indique l’expert, qui explique que l’actuel système de sécurité international était en train de s’effondrer.
«Autrefois mis en place dans l’intérêt de la sécurité, les instruments ne donnent plus l’effet attendu, et l’existence de l’Otan provoque même l’effet contraire. Dans ces conditions, le monde doit se rendre à l’évidence, à savoir qu’il existe l’alliance de deux grandes puissances qui disposent chacune d’une importante composante militaire. C’est la garantie de la stabilité non seulement en Eurasie, mais aussi dans le monde entier», résume M.Chatrov.
À cette occasion, les politologues interrogés par Sputnik retiennent avant tout les exercices navals sino-russes prévus en novembre au large du Cap et qui associeront la Marine sud-africaine. Depuis 2012, Moscou et Pékin tiennent régulièrement des manœuvres conjointes, y compris en Méditerranée, mais la participation de la Marine sud-africaine sera une première.
Leur portée géopolitique est tout à fait évidente, ainsi que leur rôle pour stimuler la coopération militaire et les échanges, tout particulièrement dans la lutte contre le terrorisme, confie à Sputnik Ma Youjun de l’Institut d’études stratégiques de l’Asie du Nord-Est près l’Académie des sciences sociales du Heilongjiang.
Face au protectionnisme dans le commerce mondial
«Compte tenu de l’aggravation du protectionnisme dans le commerce mondial, les pays en développement se doivent de renforcer leur coopération, non seulement économique, mais aussi militaire. La Chine, la Russie et l’Afrique du Sud figurent parmi les pays à l’économie émergente et font partie du groupe BRICS [Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud]. Le renforcement de leur coopération militaire contribuera à une cohésion encore plus étroite de ces économies émergentes, mais élargira également l’envergure et les sphères de leur coopération», conclut le Chinois.
Le forum de Xiangshan a été lancé à Pékin par une association universitaire chinoise en 2006. Cette année, les ministres de la Défense de 23 pays d’Asie-Pacifique et de l’Europe y ont participé.
Source: Sputnik