« De nouvelles données indiquent que si la politique de “pression maximale” de Donald Trump a porté atteinte aux exportations pétrolières iraniennes, elle n’a produit pourtant aucun effondrement économique, comme le souhaitait la Maison-Blanche », a estimé l’analyste du site Lobe Log.
Le site Lobe Log a publié un article de Djavad Salehi-Isfahani, professeur d’économie à Virginia Tech portant sur les effets des sanctions américaines sur l’économie iranienne.
L’auteur écrit : « De nouvelles données indiquent que si la politique de “pression maximale” de Donald Trump a porté atteinte aux exportations pétrolières iraniennes, elle n’a produit pourtant aucun effondrement économique, comme le souhaitait la Maison-Blanche. De plus, ces données suggèrent que l’économie n’est pas en chute libre et qu’il n’y a pas de crise qui obligerait l’Iran à capituler. »
Salehi-Isfahani a souligné que selon les données officielles publiées par le Centre national des statistiques, durant l’année iranienne (du 21 mars 2018 au 20 mars 2019), le PIB a diminué de 4,9 % ce qui est loin d’être un effondrement de la production. En outre, après deux années de forte croissance (après la signature de l’accord nucléaire en juillet 2015), l’économie iranienne reste au-dessus de son niveau de 2015.
L’auteur ajoute que le PIB hors pétrole, qui sert à mesurer le niveau de l’activité économique intérieure du pays, n’a diminué que de 2,4 %. « Cela est dû au fait que la production de services, qui représente 55 % du PIB non pétrolier de l’Iran, est restée inchangée et que l’agriculture, représentant 10 % du PIB, n’a chuté que de 1,5 % », a-t-il écrit.
Salehi-Isfahani estime que les sanctions américaines ont sans doute porté préjudice à l’économie iranienne, mais que ce n’est pas le « désastre » que le président Donald Trump aime décrire.
« Pour la plupart des Iraniens, ses remarques de septembre 2018 (qu’il a répétées en juin 2019) selon lesquelles les Iraniens “ne peuvent pas acheter de pain”, ont montré à quel point Trump était déconnecté des conséquences de sa propre politique », ajoute l’analyste.
Salehi-Isfahani rappelle son voyage en Iran cet été et écrit que les voyageurs qui visitent l’Iran voient que les rayons des supermarchés sont pleins (bien que les prix soient élevés) et qu’il n’y a pas de file d’attente dans les centres de distribution gouvernementaux, caractéristique de véritables crises économiques comme au Venezuela.
L’auteur écrit : « À l’avenir, la question est de savoir si l’économie iranienne sera en forte baisse, si elle se stabilisera à un niveau inférieur ou si elle est prête à reprendre. Cela influera sur la volonté de l’Iran de négocier ou non avec les États-Unis. Ensuite, Washington pourra évaluer le degré de son incapacité jusqu’à présent à produire les résultats souhaités. »
Dans ses Perspectives de l’économie mondiale publiées en avril 2019, le Fonds monétaire international (FMI) a prévu que la croissance économique négative prendrait fin en 2020 et qu’une croissance positive d’environ 1 % par an serait acquise avant 2024. « Un scénario plutôt sombre, mais il permettra aux Iraniens de ne pas capituler », estime l’auteur.
Les études menées par le FMI montrent qu’au printemps 2019, comparé au printemps 2018 avant que les sanctions ne reviennent en vigueur, 324 000 nouveaux emplois ont été créés et le nombre de chômeurs a diminué de 365 000.
« De manière significative, la moitié de cette augmentation d’emplois s’est produite dans le secteur industriel, c’est-à-dire le secteur le plus exposé aux sanctions américaines », a écrit M. Salehi-Isfahani.
L’auteur écrit : « Bien que les perspectives de reprise économique demeurent incertaines, il faut rester prudent au sujet du scénario selon lequel l’économie iranienne serait en train de sombrer totalement. »
Source: PressTV