Le Soudan a célébré dimanche l’accord signé la veille par les dirigeants militaires et la contestation en vue de la transition vers un pouvoir civil, mais la désignation attendue du Conseil souverain censé piloter cette transition a été reportée à lundi 19 aout.
Comme la veille, de nouvelles scènes de liesse ont eu lieu dimanche dans les rues de Khartoum pour fêter la signature samedi 17 aout par les généraux au pouvoir et les meneurs de la contestation d’un accord prévoyant une transition de 39 mois, qui doit être menée par le « Conseil souverain » composé de 11 membres -six civils et cinq militaires.
Attendue dimanche, l’annonce de la composition de ce Conseil souverain n’avait cependant toujours pas eu lieu en fin de soirée. Selon des sources de l’opposition, seuls cinq des onze membres ont été choisis pour le moment, et la composition complète devrait être connue lundi.
La cérémonie de signature, qui avait s’était déroulée samedi dans la capitale en présence de nombreux dignitaires étrangers, a constitué le plus grand événement du genre à être organisé depuis des années, tranchant avec les années d’isolement du Soudan.
Sur Twitter, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a promis que Washington soutiendrait l’établissement de ce gouvernement.
Nouvelles institutions
D’après les documents signés samedi, plusieurs étapes précèderont les élections prévues en 2022.
La première est la formation du Conseil souverain. Remplaçant le Conseil militaire, qui avait pris les rênes du pays après la destitution d’Omar el-Béchir, ce Conseil souverain sera d’abord dirigé pendant 21 mois par un général, puis par un civil pendant les 18 mois restants.
Abdallah Hamdok, un ex-économiste de l’ONU choisi jeudi par la contestation comme Premier ministre, devrait ensuite être officiellement désigné mardi par ce Conseil.
Le gouvernement doit lui être formé le 28 août, avec 20 membres au maximum, pour permettre aux nouvelles institutions d’affronter les principaux défis du pays, en priorité la relance d’une économie en crise.
Les huit mois de manifestations ont fait plus de 250 morts, selon un comité de médecins proche de la contestation
Euphorie de courte durée?
Quelques membres de l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance de la contestation, craignent toutefois que l’euphorie ne soit de courte durée, et des tensions persistent.
Alors que l’accord de transition conclu début juillet a été salué comme le meilleur que le Soudan puisse espérer, certains contestataires estiment qu’il a nui à leur révolution.
Ils pointent notamment l’omniprésence dans le processus de transition du général Mohammed Hamdan Daglo, à la tête d’une force paramilitaire et numéro deux du Conseil militaire (soutenu par l’Arabie, les Emirats et l’Egypte). Daglo a d’ailleurs cosigné l’accord samedi.
Les redoutés paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF) qu’il dirige sont impliqués dans la répression plusieurs manifestations. Beaucoup craignent que le général Daglo, dit « Hemeidti », ne tente de s’accaparer ensuite le pouvoir et de tuer dans l’œuf le processus démocratique.
Omar el-Béchir, qui fait l’objet de mandats d’arrêt internationaux émis par la Cour pénale internationale pour « génocide », « crimes contre l’humanité » et « crimes de guerre » au Darfour (ouest), doit être jugé au Soudan pour corruption. Mais la date de son procès est indéterminée.
Source: Avec AFP