Le président libanais Michel Aoun a fait part de son « regret » mercredi au lendemain de l’annonce de sanctions américaines contre des élus du Hezbollah, le président du Parlement, Nabih Berri, dénonçant une « agression » contre le Liban.
Le Premier ministre, Saad Hariri, a pour sa part souligné que ces nouvelles sanctions visant le Hezbollah représentent « un tournant » du fait qu’elles touchent des députés, tout en assurant qu’elles n’affecteront pas le travail du gouvernement qui comprend des membres du Hezbollah.
Les Etats-Unis ont annoncé mardi des sanctions contre deux députés du Hezbollah, Amine Cherri et Mohamad Hasan Raad, accusés d' »exploiter le système politique et financier » du Liban au profit du Hezbollah et de l’Iran, selon un communiqué du Trésor américain.
Ils ont également sanctionné Wafic Safa, chef de l’appareil sécuritaire du Hezbollah.
« Le Liban regrette le recours par les Etats-Unis à ce genre de mesures, visant notamment des députés élus », a dit M. Aoun selon un communiqué de son bureau. Il a réitéré l’engagement du Liban et de son secteur bancaire dans la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
Si Washington a déjà imposé des sanctions à des dirigeants du Hezbollah ou à des personnes qui contribueraient à son financement, c’est la première fois que les Etats-Unis visent des députés du mouvement de la résistance libanaise.
Mardi, un député du Hezbollah, Ali Fayad, avait qualifié ces sanctions d' »humiliation » pour le peuple libanais.
Les sanctions américaines ont été vivement condamnées par le chef du Parlement libanais Nabih Berri selon qui elles s’apparentent à une « agression contre la chambre des représentants, et certainement contre le Liban ».
Chef de l’Assemblée nationale depuis 1992, M. Berri est le chef du mouvement Amal et un allié du Hezbollah.
« Nouveau tournant »
Le Premier ministre Saad Hariri, un des principaux adversaires politiques du Hezbollah, a pour sa part réagi en déclarant que « ces sanctions ressemblaient aux autres sanctions en vigueur, mais il ne fait aucun doute qu’elles ont pris un nouveau tournant en étant imposées à des députés. »
Il a toutefois assuré que la décision américaine « n’affectera ni le Parlement ni le travail que nous accomplissons à la fois au Parlement et en Conseil des ministres. »
« Il est important que nous préservions le secteur bancaire et l’économie libanaise », a-t-il jugé.
Le Congrès américain a voté en 2015 une loi prévoyant des sanctions contre les banques traitant avec le Hezbollah ou impliquées dans du blanchiment d’argent pour son compte.
Le président américain Donald Trump a fait de l’Iran et de ses alliés régionaux, comme le Hezbollah, sa principale bête noire.
Source: Avec AFP