Le porte-parole de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA), Behrouz Kamalvandi, et le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araqchi, ont donné une conférence de presse conjointe, le dimanche 7 juillet 2019, concernant la réduction décidée par Téhéran de ses engagements pris dans le cadre de l’accord de Vienne.
Les deux hommes ont annoncé de prime abord que sur décision du président Rohani, la deuxième phase du plan de réduction des engagements de l’Iran avait commencé aujourd’hui. Ensuite, ils ont expliqué en détail ce que cela signifiait.
1-Un enrichissement à 5 % pour les centrales nucléaires, à 20 % pour la médecine nucléaire et à 60 % pour les moteurs à propulsion nucléaire
En effet, les deux hommes ont rappelé que Téhéran ne s’estimait plus obligé de se conformer aux restrictions imposées à son programme nucléaire et que désormais le maître mot était d’enrichir en fonction des besoins des Iraniens. « Dans quelques heures, le temps de régler quelques détails techniques, l’Iran reprendra l’enrichissement de l’uranium au-dessus de 3,67 % », a affirmé M. Kamalvandi.
La décision d’enrichir l’uranium à un niveau de pureté supérieur à 3,67 %, la limite imposée par l’accord sur le nucléaire iranien conclu à Vienne en juillet 2015, avait été annoncée mercredi par le président iranien.
2-Le réacteur d’Arak
Kamalvandi a déclaré concernant ce réacteur : « Ce qui s’est passé, c’est que du ciment avait été déversé dans les tuyaux qui allaient jusqu’à la réserve principale. La production d’Isotop et de radio-médicaments se fera désormais à un niveau plusieurs fois supérieur à ce qui se faisait avant. Et Téhéran préfère évidemment le réacteur modernisé. Là, en fonction de l’état de ce réacteur, nous pourrons tout de suite entreprendre ce que nous demanderont les responsables du pays. »
3-Nous n’attendons plus rien de l’INSTEX
L’INSTEX, qui était censé faciliter les échanges commerciaux avec l’Iran, a complètement échoué.
Les responsables iraniens ont donc exprimé de réels doutes quant à ce mécanisme et son utilité. M. Araqchi a ainsi déclaré : « L’Iran ne s’appuie sur rien ni personne, seulement sur ses propres capacités. Il a d’ailleurs été dit aux administrations iraniennes de ne pas se fier à ce système ni de faire une quelconque prévision en prenant en compte ce système. Nous ne pouvons attendre plus longtemps que nous avons déjà attendu pour que ce système entre en application. Nous avançons avec nos propres moyens. »
4-L’avenir des réunions de l’Iran et des 4+1
Samedi soir, le président français, Emmanuel Macron, a eu une conversation téléphonique avec le président Hassan Rohani sur les dernières évolutions relatives à l’accord nucléaire. Citant un des responsables de l’Élysée, des médias ont annoncé que les deux parties étaient convenues de revoir les conditions de la reprise des pourparlers entre toutes les parties faisant partie à l’accord nucléaire, et ce avant le 15 juillet.
Aujourd’hui, Araqchi a déclaré concernant les réunions et les discussions entre l’Iran et les 4+1 : « Les Européens n’ont pas satisfait nos revendications légitimes et ils n’ont pas réalisé ce qu’ils avaient promis. Nous avons donc été obligés de passer à cette seconde phase. Mais cela ne signifie pas la fin des échanges diplomatiques. La preuve en est qu’hier, le président français a eu une conversation avec son homologue iranien et qu’il s’agissait du deuxième entretien en moins de deux semaines. Et M. Rohani a indiqué à M. Macron que les Américains pouvaient assister aux réunions des 4+1 mais sous réserve de conditions, la 1re étant la levée des sanctions pétrolières et bancaires. Mais entendons-nous bien ; il n’y aura pas de 5+1 et les Américains ne pourront jamais se prévaloir d’une quelconque disposition du PGAC ».
5-La troisième phase
Le 8 mai 2019, la République Islamique d’Iran a déclaré qu’eu égard aux manquements des Européens et dans le cadre de la protection des intérêts nationaux, Téhéran allait suspendre conformément aux articles 26 et 36 du PGAC quelques-uns de ses engagements. Ce communiqué publié un an jour pour jour après le retrait des États-Unis de l’accord de Vienne a donné 60 jours aux autres parties cocontractantes pour qu’elles exécutent leurs obligations, notamment celles concernant les secteurs bancaire et pétrolier. Et c’est à l’issue de ces 60 jours que Téhéran a décidé de mettre fin aux restrictions imposées à son programme nucléaire, du moins en partie. Et il est utile de rappeler que selon les autorités iraniennes, Téhéran enrichira et stockera de l’uranium autant que de besoin.
Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères a rappelé à cet égard qu’un nouveau délai de 60 jours courait à compter d’aujourd’hui avant que Téhéran n’entre dans la troisième phase de réduction de ces engagements.
6-Le PGAC est un dossier clos, nous n’enlèverons ni n’ajouterons aucune disposition à ce texte
Depuis mai 2018 ou depuis son retrait du PGAC, l’administration Trump a imposé des sanctions nouvelles et variées à l’Iran et aux Iraniens et elle croit qu’elle peut maintenant obliger les Iraniens à renégocier l’accord. Le président américain persiste et signe dans sa façon de faire et il croit pouvoir arriver à ce qu’un nouvel accord soit signé. Or, les autorités iraniennes ont déclaré à maintes reprises qu’il n’y aura aucun nouvel accord sur ce qui a déjà été négocié et scellé. Et le vice-ministre iranien des Affaires étrangères a réaffirmé aujourd’hui : « Le PGAC, c’est un dossier clos. Ce qui veut dire qu’il ne peut être renégocié et qu’on ne peut y ajouter ou en enlever un seul mot. Le PGAC reviendra à sa situation normale lorsque les demandes de l’Iran en matière de levée des sanctions seront satisfaites. »
Source: Avec PressTV