L’abattage d’un F-16 israélien par la DCA syrienne a pris de court tout Israël. C’est le moins qu’on puisse dire !
Le journal libanais Al-Akhbar revient sur les deux aspects tactique et stratégique de la riposte syrienne qui intervient après plusieurs raids aériens israéliens menés contre le territoire syrien depuis le début de la guerre
« Tactiquement parlant, l’heure était mardi en Israël à toute sorte de conjectures. Les analystes israéliens se sont perdus dans des commentaires qui allaient en général dans le sens du déni. « Aucun chasseur israélien n’a été abattu », disaient-ils.
Mis à part ces analyses qui visaient surtout à ne pas provoquer la panique au sein de l’armée israélienne, il y a une conséquence proprement stratégique qui se dégage de la réaction syrienne : Damas a-t-il changé de stratégie vis-à-vis d’Israël ?
Toujours est-il que Tel-Aviv a de quoi être vivement inquiet : si Damas se met désormais à répondre à chaque raid israélien, que devra faire Tel-Aviv ? Répondre du tac au tac et amplifier l’étendue du conflit ou refuser d’aller plus loin, quitte à laisser ses mercenaires takfiristes au Golan se faire écraser sous le poids des opérations militaires de plus en plus fructueuses de l’armée arabe syrienne et de ses alliés ?
Dans les heures suivant la destruction de son chasseur, Israël a envoyé des signaux qu’il a l’habitude d’envoyer quand il se trouve sous une très forte pression : l’annonce de l’organisation de manœuvres militaires d’envergures simulant une confrontation future entre l’armée israélienne et l’armée arabe syrienne de l’autre. Quelques 200 000 soldats israéliens seront mobilisés dans le cadre de ces exercices.
Les Israéliens ont dit suivre des objectifs à caractère dissuasif dans ces manœuvres militaires. Mais en réalité, les exercices en question dissimulent la grande inquiétude d’Israël, qui l’a poussé à rappeler une grande partie de ses forces de réserve.
Mais Tel-Aviv n’oublie pas non plus son ennemi traditionnel, le Hezbollah, à l’intention de qui il dit vouloir organiser d’autres manœuvres militaires simulant l’évacuation des colonies situées sur les frontières syro-libanaises.
Autres mesures prises dans l’immédiat par Israël : l’augmentation du nombre des terroristes blessés soignés dans des hôpitaux israéliens, l’intensification des raids menés par l’aviation israélienne contre l’armée arabe syrienne et ses alliés dans la région du Golan.
De nombreux scénarios sont évoqués dès qu’il s’agit de l’avenir de la Syrie. Que Damas entre ou pas dans un conflit direct avec Israël, cela dépendra évidemment du comportement des dirigeants israéliens. Une chose est sûre : la balle est dans le camp de Tel-Aviv. C’est le comportement israélien qui décidera de l’ampleur de la riposte syrienne.
Un communiqué de l’armée israélienne émis dans les heures suivant l’abattage du F-16 israélien montre que cette dernière aime mieux faire profil bas. « Si le tir des mortiers en direction d’Israël est l’œuvre des rebelles, nous allons agir contre eux », affirme le texte, laissant entendre qu’Israël ne cherche pas une escalade des affrontements sur ses frontières avec la Syrie.
Tel-Aviv a donc compris le message d’Assad. Reste à savoir si oui ou non ce message l’entraînera dans un face-à-face direct avec l’armée arabe syrienne. Mais quoi qu’il en soit, la riposte de la DCA syrienne a fait franchir une nouvelle étape dans la guerre sans merci qui oppose depuis des décennies Israël à l’axe de la Résistance. Les Russes, qui dans ce dossier optent toujours pour une position médiane, viennent de conseiller à Tel-Aviv d’agir avec retenue. Ce qui veut dire qu’Israël n’a pas intérêt à embraser le front du Golan.
Source: Pars Today