L’Iran vient d’annoncer avoir dépassé le taux d’enrichissement de l’uranium, établi par le PGAC (accord entre l’Iran et le groupe 5+1 sur son nucléaire) à 3.67%. C’est au terme d’un délai de 60 jours donné à l’Europe et en réponse au refus européen de contrer les sanctions US que l’Iran annonce cette décision.
Cette nouvelle réduction des engagements de l’Iran au titre du Plan d’action global commun a été annoncée lors d’une conférence de presse conjointe du vice-ministre des Affaires étrangères des Affaires politiques, Abbas Araqchi, du porte-parole de l’administration, Ali Rabiei, et de Behrouz Kamalvandi, porte-parole de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, à Téhéran dimanche.
Il s’agit d’une mesure parfaitement légale suivant les termes mêmes de l’accord de Vienne qui autorise l’Iran à réduire ses engagements en cas de non-respect des autres signataires de leurs engagements et en vertu des articles 26 et 36.
Araqchi critique l’inaction de l’Europe
Le vice-ministre iranien des A.E., Abbas Araqchi, a défendu l’accord de Vienne mais a vertement critiqué l’inaction de l’Europe : « le ministre des A.E. enverra ce jeudi une lettre officielle à la représentante de la politique étrangère de l’UE, pour annonce le refus de l »Iran d’accomplir son engagement en termes de taux de l’enrichissement de l’uranium. Notre seconde démarche franchie dans ce sens intervient après le refus de l’Europe de neutraliser les effets des sanctions pétrolières US contre l’Iran. Un nouveau délai de 60 jours sera accordé à l’Europe et si nos légitimes exigences ne trouveront pas la réponse adéquate, l’Iran quittera l’accord de Vienne ».
Le vice ministre s’est moqué de la convocation par les Etats-Unis d’une réunion urgente du conseil des gouverneurs de l’AIEA, Agence internationale de l’énergie atomique :
« C’est un trait d’humour que de voir les Etats-Unis, eux mêmes violateurs du PGAC, convoquer une telle réunion. Dans ce geste, les Américains ne sont suivis par aucun autre signataire. Ils sont seuls et isolés. L’Iran s’attend à ce que le conseil des gouverneurs écoute et suive son argumentation et qu’il l’accepte. Puisque l’Iran a donné assez de temps à la diplomatie ».
Plus loin dans ses propos, Araqchi a critiqué INSTEX, une bonne initiative en soi mais qui « s’est avérée incapable à neutraliser les sanctions pétrolières américaines et les sanctions bancaires qui bloquent les revenus de l’Iran » : » La mise en oeuvre de ce mécanisme a trop duré. C’est un mécanise qui n’apportera aucun recette en devise à l’Iran à moins que les Européens achètent le pétrole iranien ou injectent des crédits à ce fond qu’est INSTEX ».
Le taux « sera fixé suivant les besoins de l’Iran »
Au cours de ce point de presse, le porte parole du gouvernement a annoncé que « l’Iran va dépasser le taux de 3.67 pourcent et ce, au terme du délai de 60 jours non respecté par la partie européenne ».
Selon Rabiei, le taux « sera fixé suivant les besoins de l’Iran » et il « sera décidé et annoncé officiellement ».
Samedi soir, le conseiller du leader de la Révolution islamique a déclaré que « la République islamique d’Iran est prête à enrichir l’uranium au-delà des 3.67%, le degré fixé par l’accord nucléaire de Téhéran en 2015, juste à l’expiration de la date-butoir fixée dimanche 7 juillet à l’Europe en réponse à l’échec des trois pays signataires européens de l’accord nucléaire à tenir leurs engagements envers l’Iran ».
« Une telle décision va dans le sens du développement de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques. Nous suivons un objectif tout à fait pacifique, car notre économie et notre industrie a besoin de l’électricité », avait indiqué Velayati.
Le 8 mai, le président iranien, Hassan Rohani a annoncé que Téhéran suspendrait une partie de ses engagements envers le plan global d’action conjointe (PGAC) et qu’il a donné 60 jours aux pays restant à ce pacte international pour rendre opérationnels leurs engagements dans le cadre du PGAC.
L’Iran avait également menacé à partir de dimanche de reprendre son projet initial de construction d’un réacteur nucléaire à Arak (centre) mis en sommeil en vertu de l’accord de Vienne.
L’accord de Genève paraphé en 2015 a demandé à l’Iran de réduire la capacité d’enrichissement d’uranium, de baisser également de 98% ses stocks d’uranium pendant 15 ans, de ne maintenir que 6000 centrifugeuses en activité qui étaient 19000 à l’époque, de maintenir le niveau d’enrichissement d’uranium en dessous de 3.67% et de ne pas construire de nouvelles installations d’enrichissement d’uranium ou des réacteurs à eau lourde.
Possibilité de relancer le réacteur d’Arak
Le porte-parole de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, Behrouz Kamalvandi a de son côté évoqué le réacteur d’Arak : « Au lendemain de la signature de l’accord de Vienne l’Iran a désactivé le principal réservoir du réacteur d’Arak mais même à l’époque, le processus de la désactivation a été réversible.
Il existe pour l’Iran la possibilité de relancer le réacteur à eau lourd d’Arak et ce, dès aujourd’hui même. L’Iran dispose d’une quantité de plutonium dans le second et nouveau réacteur. Nous préférons y travailleur au lieu de nous concentrer sur l’ancien réacteur. La Chine coopère bien avec nous dans ce sens, bien qu’elle soit soumise à de fortes pressions américaines ».
Il s’agit d’un des éléments de la riposte iranienne à la décision annoncée en mai 2018 par le président américain Donald Trump de sortir unilatéralement les Etats-Unis de ce pacte et de rétablir les sanctions américaines contre l’Iran qui avaient été levées en vertu de l’accord.
Sources: PressTV + AFP