Au Liban, l’émissaire américain Daviv Satterfield a lamentablement échoué. Selon le journal libanais Al-Joumhouria, la réunion entre le président du Parlement libanais Nabih Berri et le diplomate américain David Satterfield « n’a pas été positive », car aucun accord n’a été obtenu au sujet des points essentiels du litige frontalier entre le Liban et l’entité sioniste.
Le médiateur américain a pris même une position contre-productive qui minait certains points sur lesquels ont déjà convenu les deux parties. Il est intéressant de noter que David Satterfield est revenu sur sa position initiale qui consistait à proposer le parrainage des négociations par le coordinateur de l’ONU au Liban, Jan Kubis.
Cette fois-ci, Satterfield a suggéré que ces négociations se déroulent effectivement aux Nations unies, mais sans le parrainage des représentants onusiens, ce qui signifie automatiquement que le médiateur américain soit à la tête des négociations et que les pourparlers soient directs entre le Liban et Israël.
Ce cuisant échec US au Liban ne peut qu’être bénéfique aux intérêts du Liban mais aussi d’une Russie qui travaille lentement mais surement à un retour sur la scène libanaise.
La précipitation américaine pour « résoudre » le différend frontalier entre le Liban et la Palestine occupée est, selon les observateurs, un plan par lequel Washington voudrait faire d’une pierre plusieurs coups : faire associer le Liban au Deal du siècle et au-delà contrer l’émergence de la Russie sur la scène libanaise.
A Manama où s’est tenu la semaine dernière le premier volet économique du Deal du siècle, le Premier ministre Saad Hariri a d’ailleurs été bien sermonné en ce sens par le gendre et conseiller du président US, Jared Kushner.
Ce que les médias qualifient de litige frontalier maritime israélo-libanais concerne en effet le bloc pétrolier 9 dont l’exploitation a été confiée en 2017 par le Liban à un consortium composé du Français Total, de l’Italien Eni et du Russe Novatek.
La mission de Satterfeild consiste en effet à éviter à Israël un facteur dissuasif de taille de l’ONU qui l’empêcherait de voler les ressources pétrolières et gazières du Liban. D’où la nécessité pour Israël de procéder à une démarcation qui conviendrait à ses propres objectifs à savoir qui bloquerait la participation des parties « suspectes » dans des projets gaziers du Liban.
A l’heure où Israël affirme très clairement vouloir transiter son « gaz » vers l’Europe à l’effet de contrer la présence de la Russie sur le marché européen on est en droit de croire qu’une partie des efforts de l’axe Washington-Tel-Aviv vise surtout à endiguer un retour en force des Russes au Liban.
Deux événements produits cette semaine contribuent à étayer cette hypothèse : le ministre libanais de la Défense Elias Bou Saab, attendu à Moscou, a été, sous pressions US poussé à refuser l’invitation de son homologue russe. En revanche, il a rencontré Elisabeth Richard, l’ambassadrice des États-Unis au Liban ainsi qu’une délégation du comité des forces armées du Sénat américain. Il va sans dire qu’une assistance militaire russe au Liban, ainsi qu’il en avait formulé le souhait le président Aoun lors de sa visite en Russie est la pire des choses qui puissent advenir dans le contexte actuel, le régime israélien se servant du ciel du Liban comme de sa base arrière pour viser les cibles syriennes.
Une coopération militaire russo-libanaise pourrait ouvrir la voie à la livraison des missiles de défense anti-aérienne, propre à barrer la route à Israël. Surtout si cette coopération se combine aux liens dans le secteur énergétique entre un Liban dont les réserves gazières et pétrolières inexplorées en Méditerranée sont estimées à des milliards de dollars et une Russie qui insiste pour pouvoir multiplier ses voies de transit gazier vers l’Europe.
Source: Avec PressTV