Dans un article signé Abbas Zaher, le journal libanais El-Nashra se penche sur les inquiétudes américaines de voir s’étendre chaque jour un peu plus l’alliance sino-russo-iranienne. Les lignes qui suivent résument l’article paru le 1er juillet par le journal libanais.
« D’après le journal russe Izvestia, la Russie et la Chine ont formellement décidé de supprimer le dollar américain dans leurs transactions et de s’appuyer sur leurs devises nationales. »
Suite à une rencontre entre le ministre russe des Finances Anton Silwanov et le président de la Banque populaire (People’s Bank) de Chine, Yi Hang, les deux pays ont signé un accord stipulant le recours à la monnaie nationale dans les transactions bilatérales. Les deux géants économiques ont également évoqué dans le cadre de cet accord leur volonté de renforcer leurs liens avec la RII. Ces informations montrent, selon le journal libanais, que la Chine et la Russie cherchent, l’une comme l’autre, à entretenir des relations constructives et efficaces dans le cadre d’un partenariat financier et économique sino-russo-iranien dans une ambiance calme, stable et détendue.
« Si le bloc israélo-occidental cherche à détruire l’entente russo-iranienne en Syrie, ces efforts pourraient aboutir aux résultats inverses, en ce sens que le bloc économique sino-russo-iranien gagnera du terrain sur le plan géopolitique.
Autrement dit, les calculs politico-économiques de ces trois pays ne sont nullement touchés par des soucis liés à leur emplacement géographique. »
Cette question devient plus perceptible dès lors qu’on se rappelle les deux corridors de navigation passant par le détroit d’Hormuz dont dépend le transit d’environ la moitié des réserves de pétrole du monde. Ici, c’est Téhéran qui tient les rênes du jeu, concernant la navigation à des fins économiques, d’autant que l’emplacement géographique de l’Iran est tel que cette zone est au centre de l’attention de toutes les capitales du monde sans exception, rappelle le journal.
« La Chine, qui a investi dans de grands projets de constructions au port de Gwadar au Pakistan, près de l’Iran, est intéressée par une alliance économique complète et globale avec Téhéran. Tentée par les projets de construction de routes conformes au standard international permettant d’assurer la liaison entre des villes chinoises et l’Iran, la Chine prépare d’ores et déjà des projets de construction de lignes ferroviaires et de pipelines, toujours en vue d’établir des relations commerciales et industrielles avec les Iraniens et les Pakistanais, et pour faciliter ses transits de pétrole par un itinéraire direct particulier. »
Le journal libanais rappelle aussi qu’on ne pourra plus ignorer les remarquables efforts indiens pour rivaliser avec la Chine. Comme quoi, la Chine et l’Inde font fi des attentes de Washington et de son rôle dans la région ; ce qui compte pour elles c’est l’emplacement stratégique de cette région du monde. Washington est donc hors du coup.
« Par conséquent, des voix se sont élevées à l’intérieur même des États-Unis, dénonçant l’échec du gouvernement américain à freiner l’expansion [des plans] de la Chine, et appelant la Maison-Blanche à accepter de faire des concessions à l’Iran, afin de parvenir à un arrangement censé éloigner Téhéran de Pékin. Les électeurs américains exigent des sanctions économiques contre la Chine, même au prix de concessions faites aux Iraniens. »
D’après le journal, c’est probablement la raison pour laquelle Washington a suspendu pendant un certain temps les sanctions économiques contre l’Iran, au lieu d’en rehausser le niveau progressivement ; « un geste pour faire preuve de bonne volonté », d’après le journal.
« N’étant pas parvenu à établir un dialogue avec le leadership de l’Iran ou à empêcher ce pays de poursuivre son chemin pourtant jalonné de sérieux défis, le gouvernement américain a adopté la politique de la carotte et du bâton, dans l’espoir de pouvoir imposer un quelconque règlement aux Iraniens, mais cette politique aussi semble avoir échoué. Ces efforts trahissent la grande inquiétude des États-Unis quant à d’éventuelles attaques iraniennes visant leurs bases en Irak, ou encore, un éventuel règlement de compte de la part des forces pro-iraniennes au Liban, ou encore une intensification des attaques des forces de la Résistance depuis la bande de Gaza ou le Golan syrien, tout cela mettant sérieusement en danger la sécurité d’Israël. »
« En effet, les efforts de Trump pour trouver un moyen de s’entendre avec le leadership de l’Iran relèvent des inquiétudes du gouvernement américain de voir l’alliance sino-russo-iranienne s’étendre chaque jour davantage, ce qui aura des répercussions négatives sur le statut des Américains et leurs politiques économiques.
Si l’on se rappelle des négociations tenues entre le président américain et le leader nord-coréen avec lequel Donald Trump tentait de parvenir à un “deal”, on s’aperçoit que l’un des objectifs les plus importants et les plus habituels de Donald Trump consiste à empêcher les autres pays de se rapprocher de la Chine. Cette question, Trump l’a lui-même mentionnée au cours d’un récent entretien avec Kim Jong-un. Et si au Venezuela, les États-Unis tentent de renverser le gouvernement au pouvoir, c’est aussi parce que le gouvernement américain souhaite y faire parvenir au pouvoir un gouvernement stipendié [et perturber l’alliance sino-vénézuélienne].
Trump cherche à rassurer les Américains sur le fait que le seul véritable adversaire des États-Unis dans le monde est la Chine, du point de vue à la fois économique et politique, en arguant que la Chine, de son côté, envisage d’étendre son influence sur toute la planète.
Cela, Téhéran le sait bien. L’Iran n’est pas étranger aux inquiétudes de Washington ; c’est pourquoi les Iraniens ne cessent de rehausser le seuil de leurs conditions et attentes dans leur approche envers les États-Unis. »
Sur ce fond, l’auteur de l’article estime que le déroulement des choses, même s’il est censé aboutir un jour à un dialogique irano-américain, suit un rythme plutôt normal.
Source: PressTV