Donald Trump a approuvé une opération militaire devant cibler le 20 juin des installations iraniennes avant de se raviser et d’annuler les frappes au dernier moment, a rapporté le New York Times, citant des représentants de l’administration américaine ayant pris part ou étant informés des discussions.
D’après le journal, le Président américain a validé une offensive contre un éventail de cibles iraniennes, telles que des radars ou des batteries de missiles, puis s’est ravisé alors que les avions de chasse avaient décollé et les navires de guerre s’étaient mis en position.
Aucun missile n’a été tiré, a déclaré un représentant de haut rang de l’administration, cité par le journal.
Le New York Times précise ne pas savoir à l’heure actuelle si une offensive américaine contre l’Iran est toujours programmée, indiquant ne pas avoir établi si Donald Trump avait changé d’avis ou si le revirement était dû à des interrogations stratégiques ou logistiques.
Washington émet des restrictions de vol aux compagnies US
Quelques heures avant, Washington avait interdit aux compagnies aériennes américaines le survol de l’espace aérien contrôlé par Téhéran au-dessus du Golfe et du Golfe d’Oman « jusqu’à nouvel ordre » après que l’Iran a abattu un drone militaire américain ayant violé son espace aérien, près du détroit d’Ormuz.
Plusieurs élus républicains et démocrates ont pris part jeudi à la Maison blanche à une réunion d’information consécutive à cet incident.
Le drone US « a violé l’espace » iranien, affirme Téhéran, coordonnées à l’appui
Auparavant, Washington et Téhéran s’étaient livrés toute la journée à une guerre de communication sur la localisation exacte du drone de l’US Navy au moment de la frappe.
Le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif a assuré que des morceaux de l’appareil avaient été retrouvés dans les eaux territoriales iraniennes, « à l’endroit où il a été abattu ». Le drone « a été touché à 4h05 (23H35 GMT mercredi) par 25°59’43 » de latitude Nord et 57°02’25 » (de longitude Est) », a-t-il tweeté.
De son côté, le Pentagone a prétendu qu’il se trouvait à 34 km des côtes iraniennes et n’avait « à aucun moment » violé l’espace aérien iranien.
Ligne rouge
Le drone Global Hawk (du fabricant américain Northrop Grumman) avait décollé mercredi à 19h44 GMT d’une base américaine sur « la rive sud du golfe Persique », aux Emirats arabes unis, « éteint tous ses dispositifs de reconnaissance », passé le détroit d’Ormuz et mis le cap vers l’est en direction du port iranien de Chabahar, ont affirmé les Gardiens de la Révolution, armée idéologique de la République islamique d’Iran.
Et de préciser: l’appareil a été abattu au retour de sa mission, dans la zone côtière près de Bandar-é Jask (Sud).
La violation des frontières iraniennes est la « ligne rouge » à ne pas franchir, a prévenu le général de division Hossein Salami, commandant en chef des Gardiens.
« Les ennemis qui pénétreront sur le territoire iranien seront éliminés », a-t-il martelé jeudi lors d’une réunion tenue dans la province du Kurdistan, dans l’Ouest iranien.
« Notre réaction est, et sera, catégorique et absolue ».
Hausse des cours du pétrole
Après les déclarations du président américain jeudi, les cours du pétrole ont bondi. Déjà en hausse, le baril de WTI, référence à New York, a accentué sa progression après une première réaction de Donald Trump sur Twitter.
A New York, le baril de WTI pour livraison en juillet a terminé à 56,65 dollars (+5,4%), soit la plus forte hausse de l’année sur une séance. A Londres, le baril de Brent pour livraison en août a gagné 4,3% à 64,45 dollars.
Les tensions ne cessent de monter depuis que le président américain a décidé en mai 2018 de retirer son pays de l’accord international sur le nucléaire iranien conclu à Vienne en 2015, et de rétablir de lourdes sanctions contre Téhéran.
Et de nouvelles frictions sont à prévoir: l’Iran a annoncé que ses réserves d’uranium enrichi dépasseraient à partir du 27 juin la limite prévue par l’accord de Vienne.
Le Sénat américain a bloqué jeudi des ventes d’armes à l’Arabie saoudite et à d’autres pays arabes, autorisées par l’administration Trump en invoquant une situation d’urgence provoquée par l’Iran pour contourner le Congrès.
Sources: Rédaction + Reuters + AFP