La visite du Premier ministre japonais à Téhéran suffira-t-elle à dénouer la crise irano-américaine ? Rien ne paraît plus improbable.
Le récent adoucissement du discours de Donald Trump à l’égard de l’Iran ne doit pas être interprété comme un recul de la Maison-Blanche quant à sa politique de pression maximale exercée à l’encontre de Téhéran.
Selon l’agence de presse iranienne Mashregh News, la récente rhétorique de Trump à l’égard de l’Iran, se voulant plus conciliante et moins hostile, ne devrait surtout pas faire croire aux responsables iraniens que le président américain a opéré un revirement complet et qu’il va adopter désormais une politique amicale envers Téhéran. En témoignent d’ailleurs les toutes nouvelles sanctions imposées à l’industrie pétrochimique iranienne vendredi.
Selon Mashregh News, ce changement de ton résulte de la pression exercée en interne sur le président américain, car il semble bien que les Américains soient particulièrement opposés à une nouvelle guerre américaine au Moyen-Orient. Les alliés régionaux de Washington, sachant aussi qu’ils subiraient de lourds dégâts en cas de guerre, ne l’ont pas jusque-là accueillie très chaleureusement.
Quoi qu’il en soit, le Premier ministre japonais, dont le pays entretient de bonnes relations diplomatiques à la fois avec l’Iran et avec les États-Unis, a décidé de venir mercredi à Téhéran pour renforcer les liens bilatéraux avec l’Iran et jouer également un rôle de médiateur entre Washington et Téhéran.
Parmi les autres raisons pouvant faire de M. Abe un bon médiateur, on pourrait citer le fait qu’il s’est prononcé en faveur de l’indépendance des pays de la région et que le Japon n’a plus eu, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, des visées impérialistes sur le continent asiatique.
De plus, le Japon, 3e puissance économique mondiale, est sérieusement dépendant des importations énergétiques venant du Moyen-Orient. Il obtient plus précisément 80 % de son énergie des pays du Moyen-Orient via le détroit d’Hormuz. Aussi va-t-il de soi que tout conflit dans la région du golfe Persique causera des dégâts considérables à l’économie japonaise et, partant, à l’économie mondiale tout court.
Il est cependant naturel de se demander si ce voyage de M. Abe sera en mesure d’apaiser les tensions de longue date existant entre Téhéran et Washington et qui, contrairement aux paroles prononcées par le président américain, n’ont pas baissé et ne sauraient baisser, puisque Washington vient d’imposer ce vendredi de nouvelles sanctions à l’industrie pétrochimique iranienne.
Par ailleurs, jusqu’à quel point le Premier ministre japonais a-t-il la capacité d’influer sur les décisions américaines ? Le porte-parole du Conseil supérieur de la sécurité nationale de l’Iran, Keyvan Khosravi, a déclaré à cet égard que seuls des efforts fournis en vue de faire lever les sanctions contre l’Iran pourraient faire de la visite de M. Abe en Iran un succès.
Source: PressTV