Les bombardements continueront tant que des « bandits » s’y trouveront, a affirmé vendredi le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov qui avait annoncé la veille l’arrêt des raids.
« Après la pause humanitaire, (les frappes) ont repris et continueront tant que des bandits seront à Alep-Est », a-t-il déclaré à Hambourg (nord) où il participe à une réunion des chefs de la diplomatie des pays de l’OSCE.
« Le monde le comprend, nos partenaires américains le comprennent », a-t-il jugé.
« Je n’ai pas dit (jeudi) que les opérations militaires étaient complètement arrêtées », a souligné M. Lavrov « J’ai dit qu’elles étaient suspendues un temps donné pour permettre aux civils le souhaitant de partir ».
Interrogé sur les chances de réussite de pourparlers russo-américains sur Alep samedi à Genève, le ministre s’est voulu relativement optimiste, tout en accusant de nouveau Washington de changer sans cesse de position.
« Si les experts américains ne changent pas d’avis de nouveau (…) alors il y a une bonne chance pour un accord sur un règlement définitif de la situation à Alep-Est à travers le départ de tous les combattants sans exception », a dit M. Lavrov.
« Trop de choses sont incompréhensibles sur la manière dont les Etats-Unis mènent les négociations sur la Syrie avec nous », a-t-il ajouté.
Selon Moscou, les Etats-Unis seraient revenus sur leur propre proposition formulée le 2 décembre pour mettre un terme aux combats à Alep. Ce texte prévoyait le départ de tous les combattants rebelles et la mise en place de corridors humanitaires civils.
Washington a rejeté ces accusations.
Par ailleurs, M. Lavrov a accusé les Américains de compliquer les pourparlers avec Moscou en reprenant les livraisons d’armes aux rebelles syriens.
« Ca aura un effet sur nos négociations. C’est une autre chose étrange avec la position américaine sur la Syrie, sur Alep, quand la main gauche fait quelque chose de constructif, la main droite ouvre les vannes des livraisons d’armes aux combattants », a-t-il souligné.
« Ca ne peut pas avoir d’influence sur la situation à Alep-Est car les bandits sont encerclés et il est peu probable qu’ils obtiennent des renforts » mais ailleurs ces armes destinées « aux soi-disant rebelles modérés, le plus souvent finissent dans les mains des terroristes », a souligné M. Lavrov.
Pour le Kremlin, si les terroristes au Moyen-Orient se procurent des missiles surface-air, ce sera le pire résultat de la décision des États-Unis de lever les restrictions sur la livraison d’armes en Syrie.
« Sur cette question, il faudra tenter de comprendre très attentivement l’objectif principal, les intentions et les détails de cette décision. Certes, le pire résultat de cette décision serait que différents types d’armes, y compris des missiles surface-air, tombent dans les mains des terroristes. Cela va à l’encontre des conventions internationales et représente une grande menace non seulement pour la région mais également pour tous les pays du monde », a-t-il déploré Dmitri Peskov, le porte-parole du président russe Vladimir Poutine.
Peskov commentait la décision du président américain Barack Obama de lever les restrictions formelles sur la livraison d’armes, de munitions et de matériel militaire aux alliés des États-Unis dans la lutte antiterroriste en Syrie.
Estimant notamment que cette mesure pourrait se révéler lourde de conséquences. M. Peskov a en outre ajouté que la mesure du dirigeant américain représentait « certainement » une menace pour les Forces aérospatiales russes. « Bien sûr que nous avons des moyens de protection. Ce sont des technologies très avancées, mais il y a des précautions que devraient prendre les pilotes dans ces conditions. Le danger est toutefois très élevé », a-t-il conclu.
Sources: AFP, Sputnik