Entre l’Iran et la France, ça ne va pas trop fort et c’est le moins qu’on puisse dire.
La réaction de Paris à la colère légitime de l’Iran, après un an d’apathie nucléaire européenne, a été marquée par un étrange et incompréhensible mélange de menaces, d’intimidations, d’inversion abusive qui fait que la victime change de place avec le bourreau. Le retrait Us de l’accord nucléaire a déclenché au bout d’un an de patience iranienne, une décision bien logique de la part de Téhéran, celle de la réduction des engagements iraniens pris dans le cadre de l’accord de Vienne. L’Iran a repris la production de l’uranium enrichi à 3.67%, ce qui est permis par le PGAC qui l’autorise à en avoir jusqu’au plafond de 300kg.
Or Paris s’en est senti offusqué…bien à tort.
Lors d’une conférence de presse ce mardi 21 mai, la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a affirmé : « Nous avons noté les dernières annonces des autorités iraniennes concernant les capacités de production d’uranium faiblement enrichi par l’Iran, qui s’inscrivent dans la lignée de leurs déclarations du 8 mai. Nous appelons fermement l’Iran à continuer de mettre en œuvre l’ensemble de ses obligations au titre du JCPOA (PGAC, accord nucléaire), comme il l’a fait jusqu’à maintenant, et à s’abstenir de toute mesure qui le placerait en violation de ses engagements. »
La porte-parole n’a pas expliqué pourquoi Téhéran qui est cible d’un retour draconien des sanctions US, d’une totale ineptie d’une Europe politiquement morte, devrait s’abstenir de toute mesure de représailles. Est -ce parce que Paris croit à l’universalisme de sa passivité pour ne pas dire son suivisme envers l’Amérique? Ou alors s’agit-il d’une vision discriminatoire du monde qui refuse à l’Iran le droit de défendre ses intérêts.
Toujours est-il que le porte-parole de la diplomatie iranienne a tenu à réagir aux propos du diplomate français. Abbas Moussavi a affirmé mardi que son pays était évidemment prêt à faire autant qu’a fait la France pour préserver le PGAC. Evidemment l’ironie que contient cette réponse trahit la colère, le mécontentement et surtout la déception des Iraniens face à ce qui ressemble désormais à plus d’un égard à un cadavre sans âme à qui on attribue le nom de l’accord nucléaire.
Certes les officiels français se sont succédé ces derniers jours pour réclamer le maintien du PGAC n’empêche qu’en Iran, on suit de près les hauts et les bas de la politique iranienne de l’Elysée qui se conjugue, hélas, avec les intérêts de Washington. La France d’Emmanuel Macron exige désormais et au mépris de son propre engagement un supplément « balistique » à l’accord de 2015. Ce qui laisse supposer, par les temps troubles qui courent, sa disponibilité à accompagner une éventuelle action militaire contre l’Iran. Comment?
Si, une fois l’ultimatum lancé par l’Iran aux signataires du PGAC expiré, le dossier iranien est renvoyé au Conseil de sécurité, on doute bien que les Américains auraient recours à l’argument balistique pour plaider leur cause. Et la France qui ne cesse de s’y référer, refuserait-elle de rallier leur cause? En Iran on aimerait répondre par affirmative. N’empêche que le discours de plus en plus hostile de la France à l’égard de l’Iran rend plausibles toutes hypothèses.
La France pourrait être tentée par un renvoi du dossier iranien devant le Conseil de sécurité, comme le lui réclamerait sans doute Washington d’ici quelques semaines à venir. L’accent mis sans cesse par Paris sur le supposé « rôle déstabilisateur de l’Iran » dans la région lequel masque, par appât de gain, les vrais tenants du terrorisme au Moyen Orient, appuie cette hypothèse. La France ira-t-elle rallier une coalition de guerre arabo-américaine contre l’Iran? Possible. Mais ce sera une faute grave de plus puisqu’une telle guerre sera loin d’être une partie de plaisir, militairement et économiquement.
Source: Press TV