Afin de trancher le dangereux tohu-bohu militaire s’annonçant dans le golfe Persique, le président Trump s’attendait apparemment à ce que les Iraniens lui téléphonent et commencent à parler business.
La première étape de la manœuvre consistait, pour les États-Unis, à empiler des menaces d’attaque ‘implacable’ contre la République islamique, la deuxième étape consistant, pour le président Trump, à faire miroiter comme une incitation au dialogue avec Téhéran, afin d’éviter la guerre.
Cette semaine, Donald Trump a fait une annonce surprise qui a dirait-on assommé son nid de faucons à la Maison Blanche. Il a déclaré ne pas vouloir que les États-Unis entrent en guerre contre l’Iran, mais espérer plutôt que les dirigeants iraniens engagent des pourparlers diplomatiques.
Dans la mesure où il y a peu de temps, Trump méprisait l’Iran, le traitait de ‘régime terroriste’ et préconisait des mesures de ‘pression maximale’ visant à juguler les exportations pétrolières du pays, c’est une volte-face.
Ce à quoi nous assistons maintenant, ce n’est pas tant à une retenue que Trump exerce sur les faucons de guerre John Bolton et Mike Pompeo, qu’un exemple évident où, pour atteindre un objectif politique, le président se sert de ses talents douteux en matière de transaction immobilière. L’ancien magnat de l’immobilier serait coauteur du best-seller, ‘The Art of the Deal’, dans lequel il révèle le ‘génie’ de sa réussite en affaires.
Ça n’a vraiment pas grand-chose à voir avec de l’art. La réussite en affaires de Trump, dont beaucoup doutent, semble tourner autour de l’achat au prix plancher et de la revente au prix plafond – et de tromper le plus de monde possible.
C’est peut-être pour ça qu’il refuse fermement de montrer ses déclarations de revenus au public.
Trump semble appliquer ses recettes d’affaires dans ses relations avec l’Iran. Tout comme avec la Corée du Nord.
Dans le cas de l’Iran, la Maison Blanche utilise l’argumentaire de vente consistant à susciter l’effroi d’une énorme destruction militaire, accompagnée de l’étranglement des moyens économiques vitaux. Puis à laisser un peu de répit, comme pour faire miroiter une évasive proposition de ‘dialogue’, et le ‘client’ iranien se mettra à genoux pour réclamer des concessions.
En d’autres termes, le cauchemar militaire que les États-Unis ont infligé dernièrement à l’Iran, est un bluff.
Trump n’a pas l’intention d’entrer en guerre contre l’Iran et de compromettre ses chances de réélection en 2020. Il voulait juste utiliser son ‘art des affaires’ pour forcer Téhéran à négocier. Trump n’a pas caché qu’il détestait l’accord nucléaire de 2015, signé entre l’Iran et l’administration Obama. Il a annulé unilatéralement la participation des États-Unis et a demandé à l’Iran de le renégocier, vraisemblablement pour obtenir de plus grandes concessions sur les limitations des missiles nucléaires et balistiques.
Le problème est que refiler des biens immobiliers à New York a peu à voir avec les relations internationales. Trump a peut-être obtenu ce qu’il voulait en intimidant et en trichant dans les affaires immobilières, mais ça ne marche pas dans les relations entre nations souveraines, en particulier avec les nations aussi fortes et fières que l’Iran.
Trump est dépassé.
Le magouillage n’est pas sensible à l’Histoire, au droit international et aux principes moraux. Combien de fois avons-nous entendu Trump se vanter de ‘l’accord du siècle’ sur la résolution du conflit israélo-palestinien ou sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne ? Sauf que, chose embarrassante, les fanfaronnades de Trump tombent toujours à plat. Le business immobilier n’a rien à faire dans le traitement des délicats et compliqués problèmes qui font l’Histoire.
Faisant ce qu’il sait faire avec l’Iran, Trump semble penser qu’avec un peu de provocation, simplement en le menaçant, il se soumettra.
Ça n’arrivera jamais. Le guide suprême iranien, l’ayatollah Khamenei, a dit catégoriquement qu’il n’y aura pas de négociation avec les États-Unis au sujet de l’accord nucléaire (JCPOA). Plusieurs années de négociations tortueuses ont été nécessaires pour finaliser cet accord en juillet 2015. Il a été signé par les États-Unis, l’Iran, la Russie, la Chine et l’Union européenne, puis ratifié par le Conseil de sécurité des Nations Unies.
Pour rendre l’accord possible, l’Iran a dû faire des concessions sans précédent sur son droit souverain au nucléaire. Selon les inspecteurs des installations nucléaires de l’ONU, qui ont un accès intrusif privilégié à ses installations de défense, l’Iran a mis en œuvre à la perfection ses engagements au cours des quatre dernières années.
Les accusations de Trump contre l’Iran, de ne pas se conformer au JCPOA et de détourner les fonds pour financer le terrorisme, reposent sur les fantasmes paranoïaques et hypocrites des ennemis israéliens et saoudiens de l’Iran.
La voie à suivre consiste à ce que tous les signataires de l’accord nucléaire le respectent, comme l’ont préconisé la Russie et la Chine.
Cela signifie que les Européens, en particulier, joignant le geste à la parole, mettent en place des relations commerciales raisonnables avec l’Iran, tout en rejetant les menaces de sanctions de l’Oncle Sam. Cela veut dire aussi que ce dernier finira par respecter ses engagements dans les traités internationaux.
Trump semble se faire des idées sur ses prouesses. Des enquêtes ont révélé que le soi-disant magnat des affaires a en réalité perdu plus d’argent (plus d’un milliard de dollars) qu’il n’en a prétendument jamais gagné. M. le président Trumpery [tromperie, ruse] n’est pas tant artiste en affaires, qu’artiste en arnaques.
Le surfait de son sens aigu des affaires se dévoile comme jamais auparavant à l’égard de l’Iran.
Seulement, ce qui est abominable dans cette affaire, c’est que les tactiques bouffonnes et criminelles consistant à utiliser l’agression militaire comme levier de négociation, risquent de détruire des régions du Moyen-Orient, d’innombrables innocents et, au final, de faire s’écrouler entièrement le château de cartes étasunien. Voilà ce qu’il en est de Trump, le ‘génie des affaires’.
Par Finian Cunningham
Source: Sputnik International,