La Russie a exhorté mercredi les signataires restants de l’accord sur le nucléaire iranien, après le retrait des Etats-Unis l’an passé, à « remplir leurs obligations » pour sauver ce texte négocié de longue date et signé en 2015.
« Les seules mesures pratiques qu’il faut prendre pour régler la situation autour de l’accord est de convaincre tous les participants de la nécessité de remplir leurs obligations », a déclaré le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov à l’issue de pourparlers à Moscou avec son homologue iranien Mohammad Javad Zarif.
Lavrov a qualifié l’accord, qui implique la Russie, la Chine, l’Union européenne et l’Iran, de « construction très compliquée » et « équilibrée » qui a été « très fragilisée » par le retrait des Etats-Unis il y a exactement un an.
Le Conseil suprême de la sécurité nationale (CSSN) iranien a annoncé mercredi que le pays allait cesser de limiter ses réserves d’eau lourde et d’uranium enrichi, revenant sur l’engagement qu’il avait pris dans l’accord conclu à Vienne en 2015.
Cet accord a permis à Téhéran d’obtenir une levée d’une partie des sanctions internationales mais les Etats-Unis, qui se sont retirés du texte il y a exactement un an, ont rétabli des sanctions contre l’Iran, affectant son économie et ses relations commerciales avec les autres pays parties à l’accord.
Le Kremlin avait dénoncé plus tôt mercredi la « pression déraisonnable » subie par l’Iran et avancé les « mesures irréfléchies » prises par Washington comme cause de la crise.
Pékin appelle à appliquer le traité de 2015
Pour sa part, la Chine a appelé mercredi à maintenir l’accord international sur le programme nucléaire iranien.
« Maintenir et appliquer l’accord est de la responsabilité de toutes les parties », a déclaré devant la presse le porte-parole de la diplomatie chinoise, Geng Shuang.
« Nous appelons toutes les parties en présence à faire preuve de retenue, à renforcer le dialogue et à éviter une escalade des tensions », a ajouté M. Geng, rappelant que la Chine s’opposait aux sanctions unilatérales des Etats-Unis contre l’Iran.
Paris n’exclut pas des sanctions européennes contre Téhéran
Cependant, la ministre française des Armées Florence Parly n’a pas exclu mercredi que l’Union européenne prenne des sanctions contre l’Iran après la suspension par Téhéran de certains de ses engagements au titre de l’accord sur le nucléaire de 2015.
« Cela fait partie des choses qui seront examinées », a-t-elle déclaré sur la chaîne d’information BFM TV et la radio RMC.
« Si ces engagements n’étaient pas respectés, naturellement cette question serait posée », a-t-elle ajouté sans commenter directement les dernières annonces de Téhéran.
Les pays européens doivent réagir collectivement et de façon « extrêmement claire » depuis Bruxelles aux annonces de Téhéran, a également indiqué mardi la présidence française.
« Nous ne souhaitons pas que Téhéran annonce des actions qui seraient des violations de l’accord nucléaire parce que, dans ce cas-là, on serait obligé, pour mettre en œuvre les clauses de l’accord, de reprendre des sanctions », a-t-on alors souligné à l’Elysée.
Une décision « inopportune » pour Londres
Même son de cloche de la part de Londres qui qualifié d’ « inopportune » la décision de l’Iran de suspendre certains de ses engagements pris au titre de l’accord sur le nucléaire de 2015.
« L’annonce du jour de la part de Téhéran est (…) une démarche inopportune. Nous incitons l’Iran à ne pas prendre d’autres décisions menant à l’escalade et de respecter ses engagements », a déclaré le secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères Mark Field à la Chambre des communes.
« Nous sommes extrêmement préoccupés par cette annonce », a déclaré un peu plus tard le porte-parole de la Première ministre Theresa May.
Ce porte-parole a qualifié l’accord de « crucial », ajoutant: « nous nous assurerons qu’il reste en place aussi longtemps que l’Iran respecte ses engagements ».
Le Royaume-Uni discutera des prochaines étapes avec ses partenaires, en particulier la France et l’Allemagne, a-t-il précisé.
« À ce stade, nous ne parlons pas de réimposer des sanctions, mais il ne faut pas oublier qu’elles ont bien sûr été levées en échange des restrictions sur le nucléaire dans le cadre de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien », a déclaré Mark Field.
« Si l’Iran cessait de respecter ses engagements en matière de nucléaire, il y aurait évidemment des conséquences », a-t-il souligné.
Source: Avec AFP