Des journalistes français convoqués pour compromission du secret de la défense nationale
Nous avons pris connaissance qu’une enquête préliminaire pour « compromission du secret de la défense nationale » a été ouverte par le parquet de Paris. Suite à la publication, lundi 15 avril, de documents “confidentiel défense” relatifs à aux armes françaises utilisées par l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis dans la guerre au Yémen, des journalistes sont convoqués par la Direction générale de la sécurité intérieur (DGSI).
Aujourd’hui, alors que le pouvoir exécutif n’a toujours pas réagi aux informations dévoilées par Disclose, en partenariat avec ARTE info, la cellule investigation de Radio France, Konbini news, Mediapart et The Intercept, deux journalistes de Disclose et un journaliste de Radio France vont être entendus par la police. L’infraction dont sont soupçonnés Geoffrey Livolsi, Mathias Destal et Benoît Collombat est “un délit puni d’une peine d’emprisonnement”, précise les convocations reçues mardi 23 et mercredi 24 avril. Les documents confidentiels révélés par Disclose et ses partenaires présentent un intérêt public majeur. Celui de porter à la connaissance des citoyens et de leurs représentants ce que le gouvernement a voulu dissimuler. A savoir des informations indispensables à la conduite d’un débat équilibré sur les contrats d’armement qui lient la France à des pays accusés de crimes de guerre.
Cette procédure contre des journalistes n’a d’autre objectif que de connaître leurs sources. En effet, cette convocation de la DGSI donne toute latitude éventuelle pour rechercher l’auteur principal du délit dont nous serions le receleur : les personnes ayant permis la divulgation d’informations d’intérêt public.
Soyons clair, cette enquête de police est une atteinte à la liberté de la presse, qui suppose le secret des sources d’information des journalistes. Une atteinte d’autant plus grave que le pouvoir exécutif profite du “secret défense” pour étendre abusivement la notion de sauvegarde des intérêts de la nation à la question de transactions commerciales avec des pays en guerre.
Malgré l’importance des informations révélées, des journalistes sont considérés comme pénalement responsables d’avoir fait leur métier : informer le public sur un sujet relevant de l’intérêt général. A la question : “les Français ont-ils le droit d’être informés sur l’usage qui est fait des armes vendues à des pays accusés de crimes de guerre ?”, le gouvernement a donc choisi de répondre par la menace.
Disclose, ARTE Info, Konbini, Mediapart