Des signes d’activité ont été repérés sur le complexe de Yongbyon, principal site nucléaire nord-coréen, laissant penser que Pyongyang pourrait avoir repris des opérations de retraitement de matières radioactives à des fins militaires depuis l’échec du deuxième sommet avec les Etats-Unis en février, a indiqué mercredi un centre de recherches américain.
Ces signes ont été repérés la semaine dernière, moins de deux mois après le fiasco, à Hanoï, des discussions sur la dénucléarisation entre le président américain Donald Trump et le leader nord-coréen Kim Jong Un.
Depuis lors, la Corée du Nord a indiqué qu’elle examinait ses options diplomatiques avec les Etats-Unis et Kim Jong Un s’est dit la semaine dernière ouvert à un nouveau sommet avec M. Trump si Washington arrivait à la table des négociations avec « la bonne attitude ».
Le Centre des études stratégiques et internationales de Washington (CSIS) a indiqué que des images satellites prises le 12 avril montraient la présence de cinq wagons près de l’usine d’enrichissement d’uranium et du laboratoire de radiochimie du complexe nucléaire de Yongbyon.
« Par le passé, ces wagons spécialisés semblent avoir été associés au déplacement de matières radioactives ou au campagnes de retraitement », indique le CSIS, basé à Washington.
« L’activité actuelle, ainsi que la configuration des wagons, n’écartent pas une possible implication dans de telles opérations, soit avant, soit après un processus de retraitement », ajoute le centre.
Le premier sommet historique, en juin 2018 à Singapour, entre MM. Trump et Kim s’était terminé avec une déclaration commune très vague sur la « dénucléarisation complète de la péninsule coréenne ». Le deuxième, en février à Hanoï, s’est soldé par un échec, sans la moindre avancée concrète sur ce dossier, et même pas de déclaration.
Cette déconvenue avait soulevé des questions quant à l’avenir du processus.
Au Vietnam, le Nord avait expliqué qu’il voulait la levée des seules sanctions pesant sur les conditions de vie des Nord-Coréens. Mais les Etats-Unis avaient considéré que Pyongyang exigeait de fait la disparition des principales sanctions sans proposer grand chose de précis en retour.
Néanmoins, les deux camps avaient fait part de leur souhait de poursuivre les discussions.
Situé à une centaine de kilomètres au nord de Pyongyang, le complexe de Yongbyon abrite notamment le premier réacteur nucléaire nord-coréen, qui est la seule source connue de plutonium pour les programmes militaires nord-coréens interdits.
Yongbyon ne serait pas la seule structure d’enrichissement de l’uranium du Nord. Le fermer ne signifierait pas en soi la fin de son programme atomique, selon les experts.
Le renseignement américain estime que Pyongyang dispose de deux centres supplémentaires, l’un près de Kangson, dans la banlieue de Pyongyang, l’autre dans un lieu inconnu.
La Corée du Nord a suspendu ses essais nucléaires et ses essais de missiles balistiques dans le cadre du processus diplomatique amorcé en 2018. Mais l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a assuré avoir des indices montrant que Yongbyon a encore fonctionné fin février.
Source: AFP